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Lieux d'histoire. Toulouse, ville littéraire. Collège du Gai savoir. Académie des Jeux floraux

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Lieux d’Histoire
Origine, histoire de nos villes, villages, bourgs, régions, châteaux, chapelles, moulins, abbayes, églises. Richesses historiques de France
Toulouse, ville littéraire et jadis
centre névralgique du Gai savoir
(D’après « Le Compilateur. Revue de la semaine », paru en 1829)
Publié / Mis à jour le vendredi 24 mai 2013, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 
 
 
Toulouse était sans contredit le centre de la littérature, des sciences et des beaux arts, dans le midi de la France. Ancienne patrie des Tectosages, colonie romaine, elle a mérité de tout temps le titre de Palladienne qui lui fut donné dans l’antiquité, comme nous le voyons dans Martial et dans Ausone, et ses Jeux floraux lui acquirent une renommée qui jamais ne se démentit

Elle subit les destinées de l’empire romain, et devint la proie des Visigoths ; conquise sur eux par nos rois Mérovingiens, elle passa à la dynastie de Charlemagne, et les gouverneurs qu’elle y envoya se rendirent enfin comtes indépendants.

La culture de l’esprit, qui avait fait autrefois la gloire de Toulouse, se releva sous les nouveaux souverains ; elle dut principalement son lustre au comte Raymond V dans le XIIe siècle : c’est sous son règne qu’on voit paraître la plupart des troubadours toulousains dont Millot, Raynouard et de Rochegude ont perpétué le souvenir, et dont ces deux derniers nous ont conservé les ouvrages. C’est donc de cette époque, qu’il faut dater la nouvelle ère littéraire de Toulouse.

Il est même plus que vraisemblable que ce premier collège du Gai savoir, dont nos mainteneurs de 1323 ne se disent que les successeurs, fut établi à Toulouse sous Raymond V, qui mourut en 1194. Le XIIe siècle fut, comme on sait, l’époque brillante de la littérature en poésie romane, tout nous atteste que Raymond V fut un de ses plus zélés et constants protecteurs. Les malheurs qui accablèrent sa maison après lui, les guerres de religion qui désolèrent le Languedoc, dispersèrent les troubadours toulousains, ou étouffèrent les accents de leur luth.

Première fête du Gai savoir en 1324

Première fête du Gai savoir en 1324

Ce ne fut qu’en 1323, sous le règne du roi de France Charles IV, et lorsque la domination de nos rois fut bien établie à Toulouse, que sept citoyens de cette ville qui avaient conservé les traditions du premier collège du Gai savoir, entreprirent de le remettre en honneur ; ils s’intitulèrent Mainteneurs du Gai savoir ou Gaie science, et ouvrirent un concours poétique en 1323 ; une violette d’or fin devait être décernée au troubadour qui ferait le meilleur ouvrage en vers : le titre de Mainteneurs est remarquable, et les expressions dont se servent les sept premiers membres du nouveau collège dans leurs lettres d’invitation aux poètes, prouvent évidemment qu’ils ne faisaient que maintenir une ancienne institution.

La violette d’or fut adjugée le 3 mai 1324 à Arnaud Vidal de Castelnaudary, pour une canso ou ode à la Vierge. La fête eut lieu dans un jardin ou les mainteneurs se rassemblaient depuis longtemps ; les capitouls, qui y assistèrent, voulurent dorénavant en faire les frais. Ce concours de 1323 est une ère chronologique marquée par tous les historiens et les philologues.

Les mainteneurs voulant régulariser davantage leur institution , chargèrent dans la suite leur chancelier Guillaume Molinier de rédiger un code de lois poétiques et littéraires qui pût servir de base à leurs jugements. Molinier s’acquitta avec exactitude et intelligence du devoir qui lui était imposé, son ouvrage fut publié en 1356 sous le titre de lois d’amors ; c’était le premier traité complet qui eût paru sur cette matière ; il n’avait existé jusqu’alors que des ouvrages incomplets sur l’art de trouver, comme l’attestent Molinier lui-même et tous les auteurs qui ont écrit après lui. Cette seconde époque dans l’histoire de la langue romane est marquée aussi par tous ceux qui se sont occupés de ce genre d’érudition.

L’ouvrage de Molinier, outre les règles pour les diverses compositions poétiques, contient une grammaire détaillée de la langue romane, l’académie des jeux floraux conserve dans ses archives ce précieux manuscrit et se propose d’en publier la traduction.

La réputation du collège du Gai savoir, renouvelé à Toulouse, s’étant étendue de plus en plus, Jean Ier, roi d’Arragon, dans les états duquel on parlait la même langue que dans le midi de la France, envoya en 1388 une ambassade solennelle au roi de France Charles VI, pour lui demander trois mainteneurs de Toulouse, afin de fonder à Barcelone un collège du Gai savoir ; sa demande fut accueillie, les trois mainteneurs toulousains se rendirent à Barcelone, et y fondèrent l’institution poétique, dont la ville Palladienne avait donné le modèle.

Les désordres du règne de Charles VI, les guerres qui remplirent presque tout celui de Charles VII, les malheurs publics et particuliers qu’éprouva la ville de Toulouse sous celui de Louis XI, portèrent de cruelles atteintes au collège du Gai savoir ; ce ne fut que vers les dernières années du XVe siècle que Clémence Isaure le restaura en fondant de nouveaux prix ; c’est une époque qu’il faut bien se garder de confondre avec la première, comme l’ont fait Castel et d’autres auteurs, ce qui les a jetés dans de grandes erreurs. Clémence ne fut pas la fondatrice, mais seulement la restauratrice du collège de la Gaie science, et c’est à la suite de ses nouvelles fondations que s’introduisit la dénomination plus moderne de Jeux floraux.

La langue française avait tout attiré à elle, et la langue romane, déjà effacée par l’italienne sa fille, fut encore obligée de plier devant son autre fille la française, à laquelle le siècle de Louis XIV avait donné un éclat qui ne s’effacera jamais. Le Toulousain Laloubère, auteur distingué et membre de l’Académie française, conçut le dessein de donner à l’antique institution littéraire de sa patrie, une forme plus stable et plus régulière ; il eut le bonheur de faire parvenir sa pensée jusqu’au roi, qui l’adopta, et les Jeux floraux furent érigés en académie l’année 1694.

Clémence Isaure. Peinture de Jules Lefebvre

Clémence Isaure. Peinture de Jules Lefebvre

L’académie des Jeux floraux soutint dignement l’antique réputation du collège du Gai savoir. Les poètes et les littérateurs les plus distingués se firent un honneur de concourir à ses prix : La Mothe, Marmontel, la Harpe y recueillirent leurs premières couronnes. Mais les fleurs d’Isaure ne pouvaient résister à la révolution, l’académie des Jeux floraux fut contrainte de se séparer en 1791. Ce ne fut qu’en 1806 qu’elle put reprendre ses travaux ; Après quinze ans d’une dispersion fatale, pendant laquelle le plus grand nombre de ses membres avait péri, bien peu par l’effet du temps, presque tous par la hache révolutionnaire ; l’académie répara peu à peu ses pertes, rouvrit ses concours, et des talents distingués brillèrent encore dans sa lice poétique.

Les noms de Millevoye, de Soumet, de Guiraud, de Chenedollé, de Victorin Fabre, d’Hugo, de Resseguier ont remplacé sur la liste de ses poètes Lavreats, ceux de La Mothe, de Marmontel et de la Harpe. Si l’académie des Jeux floraux a vu autrefois siéger à l’Académie française ses mainteneurs toulousains, Laloubère, Tourreil, Campistron, elle y vit au début du XIXe siècle Baour, Soumet et Guiraud, tous les trois enfants de Toulouse et du collège du Gai savoir.

L’académie des Jeux floraux avait alors tous les ans cinq fleurs à distribuer, deux d’or et trois d’argent, l’églantine d’or à un ouvrage en prose dont le sujet était toujours désigné ; l’amarante d’or à un ode ; la violette d’argent à une épître, poème, ou un discours en vers ; le souci à une églogue ; le lis à une hymne ou à un sonnet en l’honneur de la Vierge. Ces fleurs sont alors toujours portées sur l’autel et bénies le jour de la distribution par le ministre de la religion. Fidèle à ses anciens principes, l’académie en conserve soigneusement la tradition et l’esprit.

Outre ces membres de l’Académie française que nous avons nommés, Toulouse a aussi donné naissance à Maynard, à Palaprat et à plusieurs autres poètes ou littérateurs distingués qui ont tous figurés au nombre des mainteneurs ou maîtres ès Jeux floraux ; c’est ce dernier nom qu’on donne aux auteurs qui ont remporté trois prix ou qui ont mérité, par de grands talents, ce titre que l’académie des Jeux floraux se plaît à leur offrir, et que Voltaire lui-même accepta autrefois avec reconnaissance.

La ville Palladienne n’a pas borné ses succès aux arts de l’imagination : son école de jurisprudence et son barreau ont brillé d’un égal éclat ; elle a produit dans les sciences le célèbre Fermat, l’émule de Pascal en géométrie ; d’Arquie, astronome renommé ; Picot la Perouse dont le nom fait autorité en botanique et en minéralogie, et bien d’autres qu’il serait trop long d’énumérer. L’Académie royale des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse , se relevée du milieu des ruines et continua sa carrière avec gloire et succès. Citons encore une Société de médecine distinguée par ses lumières, une académie des beaux-arts, et enfin une société d’agriculture s’occupant essentiellement du premier de tous les arts, celui de nourrir ceux qui cultivent les autres.

Mais ce qu’il faut alors surtout remarquer, c’est que Toulouse est la seule ville de France possédant une académie purement littéraire, les sciences étant partout ailleurs mêlées à la littérature : Toulouse dut cet avantage particulier au caractère du corps littéraire qui se forma dans son sein à une époque reculée, caractère s’étant toujours maintenu et ayant conservé sa première vie : l’institution des Jeux floraux ne ressemble à aucune autre, elle est marquée d’un sceau particulier, elle est toute poétique, ses formes parlent à l’imagination, et n’ont rien de l’appareil et de l’apprêt qui doivent nécessairement accompagner les actes publics des académies ; il semble que ses fleurs sont le prix d’une inspiration soudaine, la religion les consacre, la musique célèbre le triomphe des vainqueurs, et nous reporte en quelque sorte à ces temps de l’antique Grèce où toutes les compositions poétiques étaient chantées et où la lyre résonnait en effet, sous les doigts du poète.

Toulouse semble destiné par sa situation, à faire circuler les sciences et les arts dans le midi de la France, comme elle y fait circuler les trésors de l’industrie, du commerce et de l’agriculture. Son influence s’étend aussi sur la chaîne des Pyrénées qui borne le royaume français ; elle paraît au bord du canal du Midi et d’un grand fleuve au milieu d’une campagne riante et fertile, comme une seconde métropole bienfaisante et protectrice, dont les hommes d’état amis de leurs pays, pourraient tirer le parti le plus étendu et le plus utile.

 
 
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