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18 juillet 1374 : mort de Pétrarque

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18 juillet 1374 : mort de Pétrarque
Publié / Mis à jour le lundi 16 juillet 2012, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 

Ce poète célèbre immortalisa la fontaine de Vaucluse, Laure et lui-même. Il était né à Arrezzo, le 20 juillet 1304. Après la mort de la belle Laure, il se fixa à Arqua, gros village à quatre lieues de Padoue, situé sur le penchant d’une colline, dans les Monts-Euganéens , pays fameux par la salubrité de l’air, par sa position riante et la beauté de ses Vergers. Il fit bâtir, au haut de ce village, une maison petite, mais agréable et commode. Dans les derniers temps de sa vie, une fièvre sourde le mincit, sans qu’il voulût rien changer à son train de vie.

Il lisait ou écrivait sans cesse. Il écrivait surtout à son ami Boccace, dont il lut alors le Décaméron pour la première fois. Il fut enchanté de cet ouvrage. Ce qu’on y trouve de trop libre, lui parut suffisamment excusé par l’âge qu’avait l’auteur, quand il le fit, par la légèreté du sujet et celle des personnes qui devaient le lire. L’histoire de Griselidis le toucha jusqu’aux larmes. Il l’apprit par cœur pour la réciter à ses amis ; enfin, il la traduisit en latin pour ceux qui n’entendaient pas la langue vulgaire, et il envoya cette traduction à Boccace. La lettre dont il l’accompagna est peut-être la dernière qu’il ait écrite.

Peu de temps après, ses domestiques le trouvèrent dans sa bibliothèque, courbé sur un livre et sans mouvement. Comme ils le voyaient souvent passer des jours entiers dans cette attitude, ils n’en furent point d’abord effrayés ; mais ils reconnurent bientôt qu’il ne donnait aucun signe de vie ; la maison retentit de leurs cris : il n’était plus. Il mourut d’apoplexie, le 18 juillet 1374, âgé de soixante-dix ans.

Le bruit de sa mort, qui se répandit aussitôt, causa une aussi grande consternation que si elle eût été imprévue. François de Carrare, et toute la noblesse de Padoue, l’évêque, son chapitre, le clergé, le peuple même, se rendirent à Arqua, pour assister à ses obsèques, qui furent magnifiques. Peu de temps après, François de Brossano, qui avait épousé sa fille, fit élever un tombeau de marbre, sur quatre colonnes, vis-à-vis l’église d’Arqua, y fit transporter le corps, et graver une épitaphe fort simple, en trois vers latins assez mauvais. On y voit encore ce monument, que visitent tous les amis de la poésie, de la vertu et des lettres, assez heureux pour voyager dans ces belles contrées, et dont ils n’approchent qu’avec une émotion profonde et un saint respect.

Les honneurs qui furent rendus à Pétrarque, après sa mort, dans presque toute l’Italie, et ceux qu’il avait reçus de son vivant ; l’exemple que la faveur dont il avait joui auprès des grands, offrait de la considération où les lettres pouvaient prétendre, et l’idée que son caractère avait donné aux grands, du prix et de la dignité des lettres, contribuèrent puissamment à en répandre le goût. Ses ouvrages, et le soin qu’il prit constamment de ramener les gens de lettres et les gens du monde à l’étude et à l’admiration des anciens, y contribuèrent encore davantage.

Supérieur à tous les préjugés nuisibles qui subjuguaient alors les esprits, il combattit sans relâche, dans ses traités philosophiques, dans ses lettres, dans ses entretiens, l’astrologie, l’alchimie, la philosophie scolastique, la foi aveugle dans Aristote et dans l’autorité d’Averroès. Sa compassion et son mépris pour les erreurs de son temps, le remplissaient d’admiration pour la saine et vénérable antiquité. Il apprit à ses contemporains le prix qu’on devait attacher aux monuments des arts et des lettres que le temps n’avait pas détruits.

Si l’on veut apprécier exactement, dit Ginguené, les poésies de Pétrarque, il faut beaucoup s’écarter de l’opinion qu’il en avait lui-même. Il n’avait jamais cru qu’elles dussent contribuer à sa réputation, qu’il fondait sur ses ouvrages philosophiques et sur ses poésies latines. Il avait d’abord destiné ses poésies vulgaires à exprimer sans effort les divers mouvements de son cœur, et à plaire aux femmes et aux hommes du monde, pour qui la langue latine était moins familière que l’italienne. Il ne s’attendait pas à un succès si grand et si général, et fut surpris de leur renommée.

C’est ce qu’il dit lui-même très clairement dans un de ses sonnets : « Si j’avais pensé que le son de mes soupirs, répandu dans mes vers, pût obtenir tant de succès, j’en aurais augmenté le nombre, et j’en aurais plus travaillé le style. Mais depuis la mort de celle qui me faisait parler, et qui était toujours en tête de mes pensées, je ne puis plus donner à des rimes incultes et obscures la douceur et la clarté qui leur manquent. Certes, tout mon désir était alors de soulager les tourments de mon cœur, et non d’acquérir de la gloire. Je ne voulais que pleurer, et non me faire honneur de mes larmes. Maintenant je voudrais plaire ; mais cette fière beauté m’appelle, et veut que je la suive en silence, tout fatigué que je suis. »

Ce même jugement est souvent répété, dans ses lettres, sur ces productions de sa jeunesse qu’il appelait ses bagatelles ; mais la postérité en a jugé différemment. Elle a regardé Pétrarque, pour ses prétendues bagatelles, comme le créateur de la poésie lyrique chez les modernes. Le sonnet devint entre ses mains si parfait qu’on n’a .pu y rien ajouter depuis. Et ses odes et ses sonnets sont remplis et surabondent, en quelque sorte, de pensées neuves et choisies, d’expressions fortes et délicates à la fois. Les sentiments qu’il exprime paraissent, il est vrai, quelquefois ou trop raffinés en eux-mêmes, ou trop assaisonnés par l’esprit, pour partir véritablement du cœur ; mais on ne peut y méconnaître une élévation, une noblesse et une pureté qui, s’il est vrai qu’elles aient cessé de régner dans l’amour, doivent exciter des regrets.

Il faut, au reste, être aussi insensible aux beautés poétiques qu’aux beautés morales, pour ne pas apercevoir dans la poésie de Pétrarque un caractère original, et, pour ainsi dire, primitif ; un pathétique d’un genre particulier, mais cependant réel, et qui naît de la persuasion intime et des affections profondes du poète ; une richesse d’images qui va quelquefois jusqu’à la profusion, mais qui, même avec ses excès, vaut toujours mieux que l’indigence ; une grande dignité de pensées philosophiques et morales, une érudition choisie et sagement employée ; et surtout un style si pur, si harmonieux et si doux, que, parmi un grand nombre de morceaux dont il est aisé de faire choix, il en est peu qui, comme les vers d’Homère, de Virgile, de Racine et de La Fontaine, ne se gravent dans la mémoire, sans effort, et comme d’eux-mêmes.

La nature, qui avait prodigué à Pétrarque les dons de l’esprit et du cœur, ne l’avait pas moins bien traité du côté des avantages extérieurs. Une taille élégante, de beaux yeux, un teint fleuri, des traits nobles et réguliers le distinguaient parmi ses compagnons d’âge et de galanterie. Le soin recherché qu’il avait pris de sa parure, et les succès dont il avait joui dans le monde, lui faisaient pitié dans un âge mûr. Il les avouait, comme des faiblesses. Les agréments de son esprit, sa conversation confiante et animée, ses manières ouvertes et polies, lui donnaient un attrait particulier ; et la sûreté de son commerce, sa disposition à aimer, et sa fidélité inviolable dans les liaisons d’amitié, lui attachaient invinciblement ceux que ce premier attrait avait une fois approchés de lui.

Un dernier trait fera voir combien il fut constant dans ses affections, et quelle fut, jusqu’à la fin de sa vie, la disposition habituelle de son âme. On connaît sa vénération et son amour pour Virgile. Virgile, comme Cicéron, était sans cesse auprès de lui. Le beau manuscrit, sur vélin, avec le commentaire de Servius, qui servait a son usage, et sur lequel sont écrites des notes de sa main, est un des plus célèbres qui existent. Parmi les notes latines dont il est enrichi, on distingue surtout la première, qui est en tête du volume. En voici la traduction entière et littérale :

« Laure, illustre par ses propres vertus, et longtemps célébrée par mes vers, parut, pour la première fois, à mes yeux au premier temps de mon adolescence, l’an 1327, le 6 du mois d’avril, à la première heure du jour (six heures du matin), dans l’église de Sainte-Cécile d’Avignon ; et dans la même ville, au même mois d’avril, le même jour 6, et à la même heure, l’an 1348, cette lumière fut enlevée au monde, lorsque j’étais à Vérone, hélas ! ignorant mon triste sort ! La malheureuse nouvelle m’en fut apportée par une lettre de mon ami Louis. Elle me trouva à Parme la même année, le 19 mai au matin.

« Ce corps si chaste et si beau fut déposé dans l’église des Frères-Mineurs, le soir du jour même de sa mort. Son âme, je n’en doute pas, est retournée, comme Sénèque le dit de Scipion l’Africain, au ciel, d’où elle était venue. Pour conserver la mémoire douloureuse de cette perte, je trouve une certaine douceur mêlée d’amertume à écrire ceci, et je l’écris préférablement sur ce livre qui revient souvent sous mes yeux, afin qu’il n’y ait plus rien qui me plaise dans cette vie, et que mon lien le plus fort étant rompu, je sois averti par la vue fréquente de ces paroles, et par la juste appréciation d’une vie fugitive, qu’il est temps de sortir de Babylone : ce qui, avec le secours de la grâce divine, me deviendra facile par la contemplation mâle et courageuse des soins superflus, a des vaines espérances et des événements inattendus qui m’ont agité pendant le temps que j’ai passé sur la terre. »

Il y a de bien beaux sonnets dans Pétrarque, dit Ginguené ; il y en a de bien touchants ; mais je n’en connais point qui le soient autant que ces lignes d’un grand homme studieux et sensible, sur ce qui était sans cesse l’objet de son étude, de ses méditations, de ses tristes et doux souvenirs (Histoire littéraire d’Italie, par Ginguené).

 
 
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