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Lumières de Paris. Inefficacité éclairage réverbères. Remplacement par lampes électriques dans les trottoirs

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Anecdotes insolites
Petite Histoire de France et anecdotes, brèves et faits divers insolites, événements remarquables et curieux, événements anecdotiques
Réverbères (Les) de Paris inefficaces
et coûteux, remplacés par un
éclairage au coeur des trottoirs ?
(D’après « Les Annales politiques et littéraires », paru en 1903)
Publié / Mis à jour le lundi 21 mars 2016, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 
 
 
Au début du XXe siècle, un journaliste scientifique de renom fait chevalier de la Légion d’honneur à 30 ans, attire l’attention de ses contemporains sur le gaspillage d’énergie pour obtenir un piètre confort de visibilité, et propose de substituer aux réverbères des sources de lumière blotties au cœur de trottoirs dotés d’une vitrine

Fiat lux ! La nuit venue, Paris brille, de tous côtés, de feux étincelants. On dirait, presque partout, des illuminations féeriques sur les grandes places, sur les boulevards, dans les rues. L’obscurité s’en va dès la fin du jour et l’espace sombre est piqué de points lumineux. Une orgie de lumière ! Et cette lumière est de tous les tons : blanche, jaune d’or, verdâtre, rouge, grenat, bleue, etc., etc.

Progrès de l'éclairage : lanternes à l'huile

Progrès de l’éclairage : lanternes à l’huile

Le vieux gaz est presque jaune auprès de la lumière éclatante des foyers électriques ; les becs Auer envoient des radiations légèrement verdâtres ; les petites lampes électriques apparaissent comme des boules d’or ; sur les ponts, les lanternes sont rouges ; les tramways, les omnibus projettent leurs lueurs bleues, rouges, jaunes, vertes. C’est, partout, comme un concert de teintes vives et variées. Les lumières abondent sur la voie publique et dans les magasins. La place de la Concorde est féerique.

Et, pourtant, l’éclairage laisse beaucoup à désirer. Il ne faut pas confondre lumière et éclairage. C’est tout différent, et, souvent, répandre de la lumière n’est pas toujours bien éclairer. Le problème est tout autre dans un cas et dans l’autre. Il est facile à résoudre dans le premier cas, très difficile dans le second. Pour peu que l’on observe d’un peu près ce qui se passe à Paris et dans toutes les grandes villes d’Europe, on remarquera que le promeneur a devant lui des milliers de petits points brillants qui viennent frapper son oeil avec énergie ; des lumières, des lumières ; puis, s’il regarde la chaussée, il n’y voit presque plus. Son regard est ébloui par tous les petits foyers intenses qui s’étendent à l’infini, et, par contraste, la chaussée lui apparaît obscure. C’est à peine s’il voit venir les voitures à lanternes à huile.

Devant lui, un automobile passe avec son phare étincelant. Voilà l’œil empli de lumière, et il ne distingue plus les tristes petits falots fuligineux qui oscillent à l’avant des charrettes ou des grosses voitures. Les lumières vives éteignent les lumières sans éclat. Nous sommes comme hypnotisés par les foyers innombrables des candélabres municipaux. On y voit mal.

Les becs éclairent le ciel et les murs à la hauteur des candélabres ; mais la lumière diffuse et réfléchie sur le sol est relativement faible. Puis, à chaque instant, se produit un contraste dangereux. On vient de traverser une région où il y a abondance de becs ; le trottoir est bien éclairé ; on trouve, sur son chemin, une rue moins favorisée ; sur celle-là l’éclairage apparaît nul, et, avant que l’œil se soit habitué à cette demi-obscurité, il devient difficile de se diriger avec sûreté. Place de la Concorde, par exemple, l’éclairage est intensif ; c’est le demi-jour ; vous vous engagez sur le quai, où les candélabres deviennent relativement rares. C’est l’obscurité, et l’œil, encore habitué à un excès de lumière, distingue à peine les passants qui viennent en sens inverse. En un mot, trop de lumières et pas assez d’éclairage.

A quoi on objectera : comment éclairer sans abondance de lumière ? En tirant mieux parti de la lumière. Nous n’avons, en ce moment, que des points lumineux dans les yeux. Ces points sont d’un bel effet, mais ils fatiguent notre rétine et n’éclairent pas les espaces qu’il faudrait précisément illuminer. Bref, notre système d’éclairage est enfantin. On gaspille la lumière inutilement, à prix d’or, et nous profitons très mal de l’éclairage produit. On pique des foyers étincelants sur de grands chandeliers et l’on s’imagine que c’est rationnel. De la lumière dans l’œil ! Voilà. Regardez les trottoirs et la chaussée. Est-ce assez sombre ?

L'allumeur de réverbères à huile

L’allumeur de réverbères à huile

Le problème est très complexe. Envelopper les points lumineux dans un globe. On perd 30% au moins de la lumière engendrée. L’œil est moins maltraité ; mais le système est trop coûteux. On a expérimenté, jadis, des réflecteurs. On y gagne un meilleur éclairage ; mais le réflecteur, à la longue, s’encrasse, et le gain obtenu ne vaut pas la dépense qu’entraîne son emploi. On a tenté d’élever plus haut les foyers pour accroître l’étendue du cône de lumière. On perd trop en intensité lumineuse. La solution est à trouver. Mais il serait utile que l’on s’en préoccupât davantage, car on ne peut exiger que l’on multiplie les candélabres dans toutes les rues comme on le fait sur certains points, et, partout où les foyers sont espacés, l’éclairage est tout à fait insuffisant.

On a traditionnellement copié, de nos jours, les vieux réverbères du Moyen Age. On plantait, sur une potence, une lanterne à huile de deux cents mètres en deux cents mètres. On s’assassinait couramment entre deux potences. On a diminué les distances des foyers peu à peu ; quand les finances municipales l’ont permis, on a rapproché les becs à cent mètres, puis à cinquante mètres, à vingt-cinq mètres, etc. Mais on a conservé, de père en fils, le grand chandelier : un long support vertical et un foyer en haut. Est-ce bien logique ? L’éclairage rationnel devrait être tout autre. Mais on ne l’appliquera pas de sitôt, parce qu’il heurterait les idées reçues et exigerait des remaniements importants dans la construction des chaussées. Cependant, rien ne dit qu’il ne triomphera pas un jour ou l’autre.

Ce qu’il faut illuminer, de façon que l’on y voie comme en plein jour, ce sont évidemment les rues, les places et les maisons, et non le ciel et les yeux des passants. Dans le mode actuel, on utilise à peine un cinquième de la dépense, et c’est beaucoup dire. Au théâtre, depuis longtemps, pour bien éclairer la scène, on a recours aux feux de la rampe. Il faudrait combiner les feux de la rue. Plus de candélabres coûteux qui prennent, partout, une place inutile. De la lumière rasant le sol et illuminant les chaussées et les maisons sur une hauteur de quelques mètres. Car, souvent, les murs font réflexion, et la lumière qu’ils reçoivent n’est pas perdue pour l’éclairage utile. Donc, moins de lumière en haut, et, au contraire, plus de lumière en bas.

Progrès de l'éclairage : éclairage au gaz

Progrès de l’éclairage : éclairage au gaz

Sous les trottoirs en bordure, de longues tranchées avec vues sur la chaussée fermées par des vitres. Derrière la vitre, des rampes lumineuses, une suite de becs de gaz ou de lampes électriques avec réflecteurs, un vrai cordon de feu. Les rayons s’en iront sur la chaussée jusqu’aux maisons côté droit et côté gauche.

On n’aura plus ces foyers étincelants dans l’œil et l’on y verra dans les rues comme en plein jour. Presque toute la lumière sera utilisée et l’éclairage sera assez égal pour que le regard ne soit plus surpris par des ombres et des pénombres dangereuses. Quel rêve !

Oui, mais il faut démolir les trottoirs, etc. Certes ; mais on le fait bien sans cesse pour faire passer les canalisations de gaz ou les câbles électriques. En somme, rien de si facile, et la dépense ne serait pas si considérable qu’elle peut paraître tout d’abord. Cela serait bien plus logique que nos vieux chandeliers historiques que nous appelons « candélabres » pour avoir l’air d’avoir conçu du neuf.

Telle est l’idée : l’éclairage par le sous-sol, l’application des rampes de théâtre à l’éclairage municipal. Eh bien ! nous ne verrons jamais cela, ni vous ni moi. Cela ne s’est jamais fait, et c’est inutile d’essayer. O moutons de Panurge !

 
 
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