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Presse moderne et pornographie : racolage éditorial commercialement rentable ?

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Anecdotes insolites
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Presse moderne et pornographie :
racolage éditorial commercialement rentable ?
(Extrait de « Le Tam-Tam », numéro du 13 septembre 1902)
Publié / Mis à jour le mardi 7 juin 2011, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 2 mn
 
 
 
En 1902, le chroniqueur Louis Gaillard du journal satirique Le Tam-Tam s’élève contre une presse qui, avide d’accroître son lectorat, cède, selon lui, aux sirènes commerciales de la pornographie, quitte à sombrer dans le racolage éditorial du plus mauvais goût

C’est bien rococo, n’est-ce pas ? de partir en guerre contre la pornographie. Toutefois, jugez la chose : un ancien courtier en librairie, las de bourlinguer, des bouquins sous le bras sur toutes les routes de France, s’impatronise éditeur sans méditer bien longtemps sur le genre de marchandise qu’il jettera sur le marché. Il a compris son époque. Il sait tout le parti qu’on peut tirer du vice. Il sait la manière de réveiller l’animal qui, au dire de Monselet, sommeille au plus profond du cœur de chaque individu.

L’éditeur en question fera de la pornographie. Il lance sur Paris des milliers de feuilles ordurières. L’une dans l’autre elles se vendent. La clientèle se forme composée de la grande majorité des adolescents et d’une bonne partie de cette population sénile qui s’efforce de tromper son impuissance par la contemplation de quelques allégories transparentes.

Le succès vient. Mais il en est de cette cuisine comme de toutes les cuisines. Le palais se blase des sauces les plus pimentées. A chaque nouveau repas il faut remettre du poivre. L’éditeur n’épargne pas les épices. Dédaigneux du sel de maistre Rabelais, éventé par l’âge, il cherche de nouvelles saumures assez raides pour lui conserver une clientèle que la concurrence, facile d’ailleurs, guette au coin de toutes les rues.

Chaque semaine l’éditeur augmente la dose. Ses petits journaux forment un cours complet de débauche à l’usage du trottin et de l’apprenti. Toutefois le champ de cette exploration est assez restreint : il va du cabinet de toilette au promenoir public. L’éditeur a bien vite fait le tour de ce domaine où toutes les laideurs, celles de l’âme et celles du corps, sont mobilisées. Il a donc cherché autre chose.

Il vient de faire un numéro, un gros numéro spécial sur les maisons closes que Paris possède on ne sait pourquoi. Les lois veulent que ces immeubles demeurent immuablement fermés. L’éditeur a braqué l’objectif de son photographe sur les chambres de ces maisons de change du plaisir. Il a ouvert les persiennes des maisons closes. La police n’a rien dit.

Pour quatre sous les gamins et les fillettes pourront pénétrer le mystère attristant des bouges immondes et des fastueux lupanars. Un texte bien nourri d’interviews accompagne ces illustrations d’après nature. C’est un vade-mecum. L’éditeur va-t-il s’en tenir à cette réalisation ? Jusqu’où ne descendra-t-il pas ! Demain, pour assouvir les désirs allumés chez sa clientèle par le décor des maisons closes, il devra reproduire le spectacle. Ce sera une belle recette, un joli coup de marée. La police ne dira rien.

Nous le regrettons, non pas seulement à cause de la morale : il n’y en a plus, mais à cause de la Beauté, de la Beauté à laquelle nous devons tant de merveilles attestées par nos musées, de la beauté qui nous vaut les sereines consolations de l’Art.

Les feuilles cantharidées de l’éditeur pornographe méritent d’être arrachées des boutiques des libraires non pas seulement à cause qu’elles avilissent les caractères mais surtout parce qu’elles dépravent le goût. M. Lépine, qui est homme de famille, sage et quelque peu artiste, tend des filets à nos beaux poissons bleus. C’est parfait. Ne fera-t-il rien pour endiguer la marée envahissante des illustrés pourrisseurs ?

 
 
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