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Histoire faune et flore : Chiens célèbres. Services rendus, personnalités exceptionnelles. Récompenses et distinctions

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Faune, Flore
Arbres célèbres, vertus des plantes, croyances liées aux animaux. Faune et flore vues par nos ancêtres. Balade au coeur des règnes animal et végétal
Chiens célèbres (Des) :
héros ou acteurs ingénieux
(D’après « Ma revue hebdomadaire illustrée », paru en 1908)
Publié / Mis à jour le lundi 1er octobre 2018, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 
 
 
Qu’ils s’illustrent par un héroïsme déroutant, par leur capacité à faire montre d’une ingéniosité peu commune, ou encore par leur côté cabot pour le plus grand plaisir du public, certains représentants de la race canine marquèrent leur temps, ainsi que nous l’explique Henri d’Alméras en 1908

Le 30 novembre 1903, la population de Baltimore, ou du moins une notable partie de cette population, assistait à de solennelles obsèques. Derrière un char empanaché marchaient lentement des hommes, des femmes qui paraissaient très impressionnés. On arriva au cimetière et aussitôt un orateur se détacha de la foule, s’avança vers le bord de la fosse, et prononça, avec une émotion très visible, l’éloge funèbre du défunt. Il loua sa douceur, sa fidélité, son attachement, ses qualités morales et intellectuelles. Il remarqua en terminant que-jamais celui dont on pleurait le trépas prématuré n’avait mordu personne, à moins de se trouver en état de légitimé défense, et qu’il n’aboyait que lorsque c’était indispensable. C’était en effet un chien qu’on enterrait ainsi, le chien d’un certain Harson, qui, en le perdant, avait cru perdre le meilleur dé ses amis.

Evoquons un souvenir moins triste. Le 3 novembre 1904, dans un hôtel particulier de Newport, chez Mme Harry Lair, on donnait un somptueux dîner. La table était décorée de fleurs, de magnifiques dahlias, et de candélabres garnis d’abat-jour rouges. Sur des chaises hautes, comme celles dont on se sert pour les enfants, étaient assis, un peu intimidés, les convives, et ces convives étaient sept chiens, qui portaient au cou de belles serviettes blanches. Le menu se composait de quelques hors-d’œuvre, saucisson, tranches de jambon, beurre, etc., de côtelettes bien appétissantes et qui obtinrent un vif succès, de crème à la glace et de chocolat. A la fin, on servit un gâteau orné de cette inscription : « Mighty Atom, trois ans. » Mighty Atom (Puissant Atome) était un loulou de Poméranie, le chien de Mme Harry Lair, et pour fêter ses trois ans on avait invité tous ses amis. Les convives furent, paraît-il, d’une correction parfaite, et, le repas terminé, ils n’oublièrent pas de remercier, par quelques aboiements discrets, la maîtresse de la maison.

Il y avait jadis à Saint-Ouen un chien qui se signalait à la fois par son humeur indépendante et par sa roublardise. Il employait pour se faire nourrir un truc admirable : il suivait les enterrements. A la porte du cimetière, il s’arrêtait et attendait la sortie du cortège. Il choisissait alors un des groupes et pénétrait avec lui au cabaret, où il trouvait toujours le moyen de se faire donner quelque morceau de pain ou de fromage. En 1884, il craignit sans doute d’être brûlé à Saint-Ouen, et on ne le revit plus. Il était allé suivre les enterrements dans un autre quartier. Ce croque-mort à quatre pattes n’était qu’un habile arriviste ; mais, bien au-dessus de lui, doués d’une intelligence et d’une moralité très supérieures, certains chiens ont acquis une réputation que la plupart des hommes ambitionnent en vain, et laissé un nom, moins glorieux sans doute que celui d’Homère, d’Annibal, de Shakespeare ou de Napoléon, mais qui a eu et gardera longtemps sa place dans l’histoire.

Je ne parle pas, bien entendu, écrit d’Alméras, du chien de Jean de Nivelle, par la bonne raison que ce chien était un homme. Jean de Nivelle était le fils de Jean de Montmorency, grand chambellan de France sous Charles VII. Au moment de la guerre dite du Bien public, guerre éminemment patriotique, il s’engagea dans le parti, opposé au roi Louis XI. Son père en éprouva une telle indignation qu’il le fit sommer à son de trompe de revenir à la bonne cause, et la sommation n’ayant eu aucun résultat, il le traita de chien. De là le dicton qui date de plus de cinq siècles et qu’on emploie souvent sans en bien connaître le sens :

C’est le chien de Jean de Nivelle
Qui s’enfuit quand on l’appelle.

Soter n’était pas un traître comme le fils de Jean de Montmorency, et, loin de s’enfuir quand on l’appelait, il montra un héroïque courage quand le pays qui l’avait vu naître eut besoin de son dévouement. Ce pays, Corinthe, entretenait une garnison canine composée de cinquante molosses, y compris Soter. Les ennemis avaient débarqué pendant la nuit et s’approchaient de la ville, avec l’espoir de la surprendre. Ils avaient compté sans les terribles molosses qui faisaient bonne garde et qui se précipitèrent à leur rencontre, aussitôt qu’ils les entendirent. Dans le combat qui s’engagea entre les ennemis et les chiens, quarante-neuf de ces derniers furent tués. Il ne resta que Soter, qui revint à la ville, réveilla par ses aboiements furieux les soldats, les entraîna vers le rivage et leur permit ainsi de repousser les envahisseurs. Le Sénat de Corinthe fut reconnaissant. Il donna au molosse qui venait de se signaler non seulement par sa vaillance, mais par sa présence d’esprit, un collier d’argent qui portait cette inscription : « Soter, défenseur et sauveur de Corinthe. »

Le chien Moustache

Le chien Moustache

Bien longtemps après, un lévrier nommé Mustapha se distingua si bien à la bataille de Fontenoy qu’il eut l’honneur d’être présenté au roi d’Angleterre, George II, et gratifié par lui d’une pension alimentaire. Sous la Révolution et sous l’Empire, les chiens se montrèrent aussi héroïques que les hommes. Ce n’est pas peu dire. La race canine eut ses Hoche et ses Marceau. Le plus célébré de tous ces guerriers fut Moustache, caniche de son métier. Comme Soter, il évita au camp français une surprise de l’ennemi. En récompense de cette action d’éclat, il reçut chaque jour une portion de grenadier et, ce qui dut lui être moins sensible, il obtint, sans l’avoir désirée ni sollicitée, la faveur d’être peigné et tondu par le perruquier du régiment. Minette eut moins de réputation et cependant Minette se signala à Sébastopol et à Solférino, autant que Moustache à Austerlitz. Quand elle mourut, chargée d’années, à quinze ans, ses funérailles furent célébrées avec pompe et beaucoup de soldats, la traitant en vieille camarade, y assistèrent.

Comment se fait-il, pourrait me demander un ami des bêtes, poursuit d’Alméras, qu’on n’ait jamais songé à gratifier de distinctions honorifiques des chiens si méritants alors qu’on les accorde si facilement à des hommes qui n’y ont aucune espèce de droit ? Eh bien, il y a eu un chien décoré, mais pas en France où pourtant on abuse des décorations, en Angleterre. Ce chien décoré s’appelait Bob. Il avait pris part comme Minette à la guerre de Crimée, et tant qu’elle dura, on le vit, infirmier volontaire, s’installer près des blessés, les lécher, et témoigner par ses regards affectueux et par ses caresses du chagrin que lui causait leur état. Bob prenait au sérieux son rôle de consolateur et il ne touchait pour le jouer aucun traitement. Heureusement, la reconnaissance, au moins à l’égard des chiens, n’est pas un vain mot. On s’aperçut des procédés délicats et des soins dévoués de Bob. On lui donna une médaille d’honneur et on inscrivit son nom sur les registres du régiment, pour qu’il pût répondre à l’appel. La guerre terminée, il figura à son rang à la revue passée à Londres devant la reine Victoria et, avec sa médaille, ce n’était pas lui qui avait la moins fière mine.

Beaucoup de chiens ont été d’excellents acteurs, je n’ose pas dire d’excellents cabots. Un des derniers en date s’appelait Moustache, comme le héros dont nous parlions tout à l’heure, et il jouait au théâtre de la Gaîté, en 1902, dans une opérette de Décourcelle et Varney, le Chien du régiment. Il aboyait si bien son rôle que le public chaque soir l’applaudissait à tout rompre et que les autres acteurs commençaient à en être jaloux. Je m’étonne qu’on ne l’ait pas empoisonné. Caniches, carlins, bouledogues, ratiers ou levrettes, certains chiens n’ont été célèbres que grâce à leurs maîtres. Chien de grand homme, c’est encore un moyen d’arriver à la postérité.

Saladin, un lévrier kirghiz de Samarkand, fut l’ami de Stéphane Mallarmé et lui doit un rayon de gloire. Bitume, dont la race était indécise, partagea la bonne et la mauvaise fortune d’Emile Goudeau. Barrès eut, entre autres chiens, devenus des chiens importants et exceptionnels par le seul fait qu’ils lui appartenaient, le danois Porthos et le caniche Simon, fils d’une certaine Frimousse, dont Jules Lemaître parla dans un de ses articles.

Quant à Pain-Perdu, le chien de Mistral, c’était une bête quasi fantastique, trouvée par le grand poète et à propos de laquelle il écrivait : « Comme Pain-Perdu (c’est le nom d’un vieux troubadour, que je donnai au dernier venu) à certaines allures mystérieuses et cabalistiques ; comme, à certains moments, il tourne sur lui-même vertigineusement en se mordant la queue ; comme parfois il me regarde avec des yeux humains étonnamment perçants ; et comme il n’appartient à aucune des races connues dans le pays, j’ai fini, Dieu me pardonne, par me persuader que quelque bon ancêtre avait choisi cet avatar pour me protéger, qui sait ? dans quelque danger à venir. »

 
 
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