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1934 : projet de construction d'une d'une tour de 2000 à 10000 mètres pour défendre Paris en cas d'attaque aérienne. Aérodrome gratte-ciel

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Événements marquants
Evénements ayant marqué le passé et la petite ou la grande Histoire de France. Faits marquants d’autrefois.
Tour de 2000 à 10000 mètres (Projet
en 1934 de construction d’une) pour
défendre Paris en cas d’attaque aérienne
(D’après « Lectures pour tous », paru en 1934)
Publié / Mis à jour le samedi 25 janvier 2020, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 
 
 
En 1934, est soumis aux autorités un projet d’aérodrome gratte-ciel, tour en béton armé de 2000 mètres de hauteur destinée à la défense aérienne de Paris, présentée comme une oeuvre « d’une audace raisonnée et d’un original aspect architectural », à laquelle s’ajouterait un gigantesque réseau souterrain pour évacuer la capitale en cas d’attaque, mais dont on craint qu’il n’incite des agents ennemis à y introduire des bacilles mortels...

Observant que l’artillerie terrestre est un moyen de défense utile mais insuffisant contre les avions de bombardement, que si les avions de chasse viennent le renforcer, un certain délai peut être toutefois nécessaire pour leur mise en action, Lossier, ingénieur qui s’est déjà illustré par nombre de ponts hardis en béton armé, et Faure-Dujarric, architecte, ont pensé qu’il serait très utile pour Paris, cœur de la France, d’avoir une tour permettant, à la fois, d’exécuter des tirs de défense à grande hauteur et de faire partir un nombre important d’avions de chasse d’une altitude du même ordre que celle des avions ennemis.

La plate-forme d'où s'élanceraient les avions

TEXTE DE LA LEGENDE

En outre, les auteurs du projet insistent particulièrement sur le point suivant : le bombardement d’une ville comporterait presque toujours, comme première phase, la paralysie des champs d’aviation de défense par des bombes explosives, incendiaires et surtout toxiques ; cette attaque peut réduire dans une large mesure les possibilités de départ des escadrilles de défense au moment même où leur intervention est nécessaire. Par contre, les avions qui seraient garés dans les plates-formes d’une tour de grande hauteur échapperaient aux dangers de cette manœuvre ennemie préalable et pourraient être utilisés avec leur plein effet.

Sur ces données a été conçue la tour de 2000 mètres, qui comporterait trois plates-formes pour avions permettant un décollage sur 150 mètres dans toutes les directions, et des canons anti-aériens à différentes hauteurs ; des ascenseurs monteraient les avions après leur atterrissage au pied de la tour ; l’ensemble serait complété par des postes d’observation et d’écoute, avec projecteurs et autres installations. L’emplacement proposé est à Issy-les-Moulineaux, dont le champ de manœuvres permettrait l’atterrissage des avions – ce champ de manœuvres qui fut, avec Juvisy, le grand « laboratoire » aux temps héroïques de l’aviation. N’est-ce pas là que, le 17 septembre 1907, (un an avant la venue de Wilbur Wright en France) Blériot faisait sensation en s’élevant à 20 mètres et en couvrant 184 mètres ! Là que six mois avant les vols de Wright au camp d’Auvours, Farman tenait l’air successivement pendant 52 secondes, 1 minute 28, 3 minutes 39, 20 minutes 19 ; là que Delagrange, le 16 septembre 1908, battait tous les records de distance avec 24 kilomètres, s’enflamme Jacques Pilpoul dans Lectures pour tous.

La tour de MM. Lossier et Faure-Dujarric, qui serait un élément d’attraction capital pour l’Exposition de 1937, comme le fut pour l’Exposition universelle de 1889 la Tour Eiffel, pourrait porter, à l’exemple de l’Arc de Triomphe, les noms de ces illustres
ancêtres de ceux qui peuvent être appelés dans l’avenir à défendre Paris, poursuit le chroniqueur. A l’exemple encore de la Tour Eiffel, elle pourrait ultérieurement être utilisée à des fins scientifiques, mais le moins possible... à vanter des mérites d’une marque d’automobiles ! Le corps de la tour, de forme tronconique, mesure extérieurement 2000 mètres de hauteur, 210 mètres de diamètre au niveau du sol, 40 mètres de diamètre au sommet. L’épaisseur des parois va augmentant du sommet à la base où elle atteint 12 mètres. La première plate-forme-garage est à 600 mètres du sol, la deuxième à 1300 mètres et la troisième à 1800 mètres. Chacune d’elles fait une saillie constante de 150 mètres sur le corps de la tour, de sorte que leurs diamètres extérieurs sont respectivement de 459, 399, 357 mètres. Elles sont couvertes par des voûtes coniques, échangées d’ouvertures de 30 mètres permettant le passage des avions, qui pourront décoller avant d’avoir atteint le bord de la plate-forme. Comme le toit de chaque plate-forme est de grande hauteur, il pourra être recoupé par des planchers intermédiaires soutenant diverses installations.

La Tour de 2000 mètres

La Tour de 2000 mètres

Le corps de la tour sera en béton armé vibré avec des armatures d’acier dur et mi-dur ; il sera coulé dans des coffrages métalliques amovibles, dont le déplacement sera réalisé mécaniquement et en partie automatiquement. L’ossature des plates-formes et des planchers intermédiaires sera constituée par des fermes (charpentes) métalliques avec des aciers spéciaux au chrome-cuivre ou au nickel. Le toit des plates-formes sera composé de fermes métalliques de soutien, recouvertes d’une carapace en béton armé. Bien entendu, les calculs de résistance tiennent compte de la pression du vent. L’énorme poids de la tour se répartira sur des fondations constituées essentiellement par une semelle circulaire en béton armé, de 400 mètres de diamètre, de hauteur variable et évidée dans, son épaisseur. Ainsi se détachera sur le ciel de Paris un formidable champignon de dix millions de tonnes, que n’aurait pas osé concevoir l’imagination d’un Jules Verne ou d’un Wells !

Et le chroniqueur de décrire la vie de la future tour. Les avions atterrissent au pied de la tour. Deux ascenseurs les montent aux plates-formes, où ils peuvent être garés sous les voûtes ; les larges ouvertures de celles-ci sont fermées par des portes métalliques coulissantes, manœuvrables à la main ou électriquement. Bien entendu, les garages sont pourvus d’installations de réparation et d’entretien. Trois autres ascenseurs sont destinées aux personnes. D’ailleurs une rampe douce est prévue pour la descente de celles-ci et pourrait, à la rigueur, servir à la montée Des logements et des restaurants sont mis à la disposition du personnel dans la partie conique formant couverture, où sont également aménagés les bureaux et les infirmeries. A différentes hauteurs sont installés phares et projecteurs. Une centrale électrique à la base de la tour, et des stations de secours à la hauteur des diverses plates-formes donnent la force motrice et la lumière.

Mais la tour elle-même est-elle à l’abri des bombardements ennemis ? Des avions ennemis, bravant les avions de chasse, peuvent survoler la construction. Alors entreront en action les différents postes d’artillerie logés dans le corps même de la tour. Il est à remarquer d’ailleurs que les formes coniques ou tronconiques de la tour et des toits des plates-formes tendent à faire dévier les projectiles qui les atteindraient. D’autre part, des écrans seront ménagés à l’intérieur des plates-formes-garages, pour limiter l’effet d’éclatement du projectile qui y pénétrerait malgré la forme tronconique de la couverture. Enfin, pour parer aux dangers d’une explosion, il est prévu des soupapes mobiles ouvrant à l’extérieur.

Jacques Pilpoul ajoute qu’étudiant dernièrement la hauteur limite à laquelle il serait possible d’élever une tour avec les moyens techniques actuels, Henry Lossier a indiqué les deux facteurs principaux à envisager : les moyens d’exécution et la résistance des matériaux. Les moyens d’exécution ne constituent pas, pratiquement, un élément limitatif, d’autant plus qu’on peut utiliser au fur et à mesure la partie déjà construite pour la construction des parties plus hautes. Quant aux matériaux, grâce aux ciments à haute résistance et aciers spéciaux, ainsi qu’aux nouvelles méthodes de mise en oeuvre, on peut atteindre des hauteurs réellement colossales : avec les tours en forme de pyramide, les hauteurs limites sont de 1400 mètres avec le béton faiblement armé ; 2400 mètres avec le béton fortement armé ; 4800 mètres avec l’acier à haute résistance. Avec les tours « d’égale résistance » dont la Tour Eiffel et le projet précédemment décrit nous offrent deux exemples, c’est l’accroissement de la section nécessaire à la base, qui limite pratiquement la hauteur réalisable : celle-ci serait de 2500 mètres avec le béton faiblement armé, 6000 mètres avec le béton fortement armé, 10000 mètres avec l’acier à haute résistance !

Les défenses de la Tour

Les défenses de la Tour

Dans le ciel s’élancerait la tour, élément de la défense active. Mais c’est principalement sous terre que s’organisera la défense passive. Là aussi, des projets originaux ont été présentés. Dans l’un de ces projets, les auteurs, partant de cette idée qu’en cas d’attaque aérienne par les gaz, il faudrait non pas chercher à protéger sur place la population parisienne, mais l’évacuer d’urgence, ont conçu un réseau de voies souterraines construites à l’intérieur de tunnels de 17 mètres de diamètre, établis à 40 mètres de profondeur. Chaque tunnel comporterait deux chaussées superposées de 12 mètres de large : la chaussée supérieure réservée aux véhicules, la chaussée inférieure réservée aux piétons et à leur évacuation en cas d’attaque. Les travaux coûteraient 20 milliards et s’étendraient sur vingt-cinq ans. Projet bien coûteux, même si l’on admet son utilisation en temps de paix pour décongestionner Paris ! En outre, ne peut-on craindre la transmission à travers tout ce réseau souterrain de bacilles introduits par des agents ennemis, enhardis par les expériences de propagation des micro-organismes dans les voies du Métropolitain, expériences que révéla dernièrement Steed ?

Un deuxième projet met également au premier plan l’évacuation de la population – ici, par des autoroutes construites au-dessus des voies du chemin de fer et desservant un anneau de camps provisoires de refuge, – mais il étudie aussi la protection sur place par des abris souterrains ou à grande hauteur (dont une tour-abri de 100 mètres de hauteur), par l’aménagement des caves des immeubles et l’utilisation des carrières du sous-sol parisien. Un troisième projet porte surtout son attention sur la multiplication des abris de toutes catégories. Paris est alors divisée en zones de grand danger, de moyen danger et de danger accidentel. Ce projet prévoit également une zone de dispersion de première urgence et une zone sanitaire.

Plus loin, le journaliste conclut son article : on a faussement dit que toutes ces manoeuvres de lutte anti-aérienne créeraient une « psychose de guerre ». N’est-ce pas plutôt décourager l’ennemi que de montrer que l’on est sur ses gardes ? « Préparer la défense passive, a déclaré récemment le général Duchêne, ce n’est point préparer la guerre, c’est détourner le voisin de la préparer contre nous. Assurer la protection aérienne, c’est se tenir prêt à sauver des vies humaines, ce n’est pas seulement un devoir de patriotisme, c’est un devoir d’humanité. »

 
 
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