Éphéméride, événements Les événements du 16 février. Pour un jour donné, découvrez un événement ayant marqué notre Histoire. Calendrier historique 16 février 1710 : mort duprédicateur Esprit Fléchier, un desgrands orateurs du XVIIe siècle Publié / Mis à jour le mercredi 13 février 2013, par Redaction Esprit Fléchier, né le 16 juin 1632, dans le comtat d’Avignon , poète latin et français , historien, prédicateur, n’est plus connu aujourd’hui que par son Histoire du grand Théodose, et surtout par ses Oraisons Funèbres. Il fut dans ce genre le rival de l’illustre évêque de Meaux, mais en lui laissant toutefois la première place. L’oraison funèbre de Turenne, chef-d’œuvre de Fléchier, serait la mieux écrite des oraisons funèbres de Bossuet, et ne serait pas la moins bonne : c’est Bossuet qu’on croit entendre, et Bossuet plein d’harmonie et sans inégalité, dans ce fameux exorde, développement sublime du texte le plus heureux : Quomodo cecidit potens, qui salvum faciebat populum Israël ? « Comment est mort cet homme puissant, qui sauvait le peuple d’Israël ? » Fléchier craignait surtout que quelqu’un des orateurs qui avaient à louer Turenne avant lui, ne lui enlevât son texte. Heureusement on le lui laissa. Esprit Fléchier Il faut dire néanmoins que Lingendes, évêque de Mâcon, et Fromentière, évêque d’Aire, s’étaient déjà servis de ce texte, l’un dans l’oraison funèbre de Charles-Emmanuel, duc de Savoie, et l’autre dans celle du duc de Beaufort ; mais Fléchier se rendit propre ce lieu commun, par les ornements dont il l’embellit dans cet exorde, qui est un chef-d’œuvre pour l’harmonie et, le caractère majestueux et sombre qui y règnent. Quand Mascaron, évêque de Tulle, eut prononcé, avant Fléchier, l’oraison funèbre de Turenne, Madame de Sévigné écrivit : « On ne parle que de cette admirable oraison funèbre de M. de Tulle. Il n’y a qu’un cri d’admiration sur cette action. Son texte était : Domine, probasti me, et cognovisti me ; et cela fut traité divinement. J’ai bien envie de la voir imprimée. » Elle la vit imprimée ; et dans sa lettre du 1er janvier 1676, elle dit : « Il me semble n’avoir jamais rien vu de si beau que cette pièce d’éloquence. On dit que l’abbé Fléchier veut la surpasser, mais je l’en défie. Il pourra parler d’un héros, mais ce ne sera pas de M. de Turenne ; et voilà ce que M. de Tulle a fait divinement à mon gré. La peinture de son cœur est un chef-d’œuvre, et cette droiture, cette naïveté, cette vérité dont il est pétri, cette solide modestie ; enfin, tout. Je vous avoue que j’en suis charmée ; et si les critiques ne l’estiment plus depuis qu’elle est imprimée, Je rends grâces aux dieux de n’être pas Romain. » Il était difficile, mais il était beau de triompher de cette disposition. Enfin, le discours de Fléchier fut publié. « Madame de Lavardin, dit madame de Sévigné dans sa lettre du 28 mars 1676, me parla de l’Oraison funèbre de Fléchier. Nous la fîmes lire ; et je demande mille et mille pardons à M. de Tulle, mais il me parut que celle-ci était au dessus de la sienne. Je la trouve plus également belle partout. Je l’écoutai avec étonnement, ne croyant pas qu’il »ût possible de dire les mêmes choses d’une manière toute nouvelle ; en un mot, j’en fus charmée. » La cour récompensa le mérite de Fléchier, en 1685, par l’évêché de Lavaur, d’où il passa en 1687 à celui de Nîmes, siège difficile à remplir, à cause du grand nombre de protestants dont le diocèse était rempli : il en ramena plusieurs par l’esprit de paix, de douceur et d’indulgence qui l’animait. La charité qu’il exerçait envers la partie de son troupeau séparée de l’Eglise n’était pas moins ardente envers celle qui le reconnaissait pour son pasteur. Une malheureuse fille, que ses parents avaient contrainte à se faire religieuse, avait eu le malheur de succomber à l’amour, et celui de ne pouvoir cacher à sa supérieure les déplorables suites de sa faiblesse. Fléchier apprit que cette supérieure l’en avait punie de la manière la plus cruelle, en la faisant enfermer dans un cachot, où couchée sur la paille, et réduite à un peu de pain qu’on lui donnait à peine, elle attendait la mort comme le terme de ses maux. L’évêque de Nîmes se transporta dans le couvent, et, après beaucoup de résistance, se fit ouvrir la porte du réduit affreux où cette infortunée se consumait dans le désespoir. Dès qu’elle aperçut son pasteur, elle lui tendit les bras comme à un libérateur. Le prélat jetant un regard d’indignation sur la supérieure : « Je devrais, lui dit-il, si je n’écoutais que la justice humaine, vous faire mettre à la place de cette victime de votre barbarie ; mais le Dieu de clémence, dont je suis le ministre, m’ordonne d’user envers vous de l’indulgence que vous n’avez pas eue pour elle, et dont il usa à l’égard de la femme adultéré. » Il fit aussitôt tirer la religieuse de cette horrible demeure, et ordonna qu’on eût d’elle les plus grands soins. Mais ses ordres charitables ne purent la rendre à la vie : elle mourut après quelques mois de langueur, en bénissant le nom de son vertueux évêque. C’est cette action de Fléchier, faussement attribuée à l’archevêque de Cambrai, qui est le sujet de la tragédie de Fénelon, par Chénier. Dans l’hiver de 1709, Fléchier répandit dés charités immenses, qui furent également réparties entre les malheureux de l’une et de l’autre croyance : « II ne faut pas, disit-il, examiner ce qu’ils croient, mais ce qu’ils souffrent. » Quand on lui faisait des remontrances sur l’excès de ses libéralités : « Sommes-nous donc évêques pour rien, s’écriait-il ? » On le voyait presque toujours, avec une simplicité digne des premiers siècles, aller dans les rues de Nîmes, donnant l’aumône d’une main, et sa bénédiction de l’autre. Il croyait devoir répondre, par ces actes publics de bienfaisance épiscopale, aux traits envenimés des protestants contre le faste qu’ils reprochaient à l’Eglise romaine. Mais il savait aussi cacher cette même bienfaisance, quand elle tombait sur des hommes que leur état forçait à cacher leur misère. Il joignait alors à la promptitude et à l’abondance des secours qu’il leur donnait, ces attentions délicates qui empêchent l’aumône d’être humiliante, mais que la piété se dispense quelquefois d’avoir pour les malheureux, quand le devoir, plutôt que le sentiment, la porte à soulager l’infortune. A tant de vertus, Fléchier joignait une modestie noble. Fils d’un fabricant de chandelles et parvenu à l’épiscopat, il n’avait ni la faiblesse de cacher l’obscurité de sa naissance, ni la vanité plus raffinée de chercher dans cette obscurité même un titre de gloire. Quelquefois cependant il sortit à regret de sa simplicité ordinaire. Un évêque gentilhomme, fâché qu’on eût fait un roturier évêque, lui témoignait naïvement sa surprise, en lui rappelant grossièrement le fabricant de chandelles : « Avec cette manière de penser, lui répondit l’évêque de Nîmes, je crains que si vous étiez né ce que je suis né, vous n’eussiez fait toute votre vie des chandelles. » Le maréchal de la Feuillade, aussi délicat que l’évêque, dit un jour à Fléchier : « Votre père serait bien étonné de vous voir ce que vous êtes. — Mais pas tant, M. le maréchal, reprit Fléchier ; il verrait bien que ce n’est pas le fils de mon père, mais moi qu’on a fait évêque. » Fléchier, quelque temps avant de mourir, eut un songe qui fut pour lui un pressentiment de sa fin prochaine. Il ordonna sur-le-champ à un sculpteur de faire le dessin très modeste de son tombeau ; car il craignait que la reconnaissance ou la vanité ne voulût élever à sa cendre un monument trop remarquable. Le sculpteur fit deux dessins ; mais les neveux du prélat empêchèrent l’artiste de les lui présenter, cherchant à écarter, s’il était possible, de l’esprit de leur oncle, une idée affligeante pour eux si elle ne l’était pas pour lui. Fléchier se plaignit de ce délai, dont le sculpteur ne put lui cacher la cause. « Mes neveux, répondit le prélat, font peut-être ce qu’ils doivent ; mais faites ce que je vous ai demandé. » Il examina les deux dessins, choisit le plus simple des deux, et dit à l’artiste : « Mettez la main à l’œuvre, car le temps presse. » Il mourut en effet peu de temps après à Montpellier, pleuré des catholiques, regretté des protestants, et ayant toujours été pour ses confrères un digne modèle de zèle et de charité, de simplicité et d’éloquence. Ce qui domine dans Fléchier, c’est une pureté, une élégance de style, une richesse d’expressions brillantes et fleuries, une grande beauté de pensées ; mais il règne dans tous ses écrits une sorte de monotonie et d’uniformité. Presque partout, mêmes tours, mêmes figures, mêmes manières. Aucun écrivain n’a fait un plus grand abus de l’antithèse. Fléchier fut reçu à l’Académie française à la place de Godeau, évêque de Vence, en 1673, le même jour que Racine et l’abbé Gallois. Même section > voir les 10 ARTICLES Saisissez votre mail, et appuyez sur OKpour vous abonner gratuitement Vos réactions Prolongez votre voyage dans le temps avec notreencyclopédie consacrée à l'Histoire de France Choisissez un numéro et découvrez les extraits en ligne ! Numéro ? Magazine d'Histoire de France N° 44 (traditions, légendes, fêtes, métiers, personnages...) Magazine d'Histoire de France N° 43 (traditions, légendes, fêtes, métiers, personnages...) Magazine d'Histoire de France N° 42 (traditions, légendes, fêtes, métiers, personnages...) Magazine d'Histoire de France N° 41 (traditions, légendes, fêtes, métiers, personnages...) Magazine d'Histoire de France N° 40 (traditions, légendes, fêtes, métiers, personnages...) 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