Histoire de France, Patrimoine, Tourisme, Gastronomie, Librairie
LE 19 avril DANS L'HISTOIRE [VOIR]  /  NOTRE LIBRAIRIE [VOIR]  /  NOUS SOUTENIR [VOIR]
 
« Hâtons-nous de raconter les délicieuses histoires du
peuple avant qu'il ne les ait oubliées » (C. Nodier, 1840)
 

 
NOUS REJOINDRE SUR...
Nous rejoindre sur FacebookNous rejoindre sur XNous rejoindre sur LinkedInNous rejoindre sur VKNous rejoindre sur InstragramNous rejoindre sur YouTubeNous rejoindre sur Second Life

Mots d'histoire : Dragonnades

Vous êtes ici : Accueil > Savoir : Mots d’Histoire > Dragonnades
Savoir : Mots d’Histoire
Origine et signification de dénominations singulières appliquées à des événements, des partis, ou à certaines classes d’individus
Dragonnades
Publié / Mis à jour le mercredi 14 avril 2010, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 2 mn
 

C’est le nom dont on a flétri les persécutions exercées contre les huguenots dans la seconde moitié du règne de Louis XIV, pour les amener à changer de religion. On les a appelées ainsi, parce que les dragons en furent les principaux instruments. Par une lettre datée du 18 mars 1681, Louvois annonça à l’intendant du Poitou, Marillac, que, suivant la volonté du roi, il envoyait dans sa province un régiment de cavalerie. « Sa Majesté trouvera bon, disait-il, que le plus grand nombre des cavaliers et officiers soient logés chez les protestants ; mais elle n’estime pas qu’il les y faille loger tous... Si suivant une répartition juste les religionnaires en devaient porter dix, vous pouvez leur en faire donner vingt ».

Après de tels ordres, Marillac, qui d’abord avait montré quelque modération, ne garda plus aucune mesure. Lorsque les dragons arrivèrent, il les fit passer par les bourgs et les villes où il y avait le plus de huguenots, et ne les logeait que chez eux quatre à quatre, cinq à cinq, même chez les plus pauvres et chez les veuves. Les curés les suivaient dans les rues en criant : « Courage, messieurs , c’est l’intention du roi que ces chiens de huguenots soient pillés et saccagés ».

Ainsi stimulés, les dragons entraient dans les maisons l’épée haute, en criant : Tue ! Tue ! afin d’effrayer les femmes, devant lesquelles ils tenaient les propos les plus infâmes. Ils se faisaient livrer par de mauvais traitements tout ce qui avait quelque valeur, et détruisaient ce qu’ils ne pouvaient emporter. Les plaintes que ces excès soulevèrent partout parvinrent jusqu’au roi, qui eut honte d’avoir été si bien servi, et les dragonnades furent suspendues pendant quelques années. Elles recommencèrent en 1684, et eurent surtout pour théâtre le Béarn qui était presque entièrement protestant ; là elles dépassèrent tout ce qui s’était fait jusqu’alors. Nous en empruntons les détails à une histoire contemporaine de l’Edit de Nantes.

« Parmi les secrets que l’intendant du Béarn, Foucaut, apprit aux gens de guerre pour dompter leurs hôtes, il leur commanda de faire veiller ceux qui ne voudraient pas se rendre à d’autres tourments. Les soldats se relayaient pour ne pas succomber eux-mêmes au supplice qu’ils faisaient souffrir aux autres. Le bruit des tambours, les blasphèmes, les cris, les fracas des meubles qu’ils brisaient ou qu’ils jetaient d’un côté à l’autre, l’agitation où ils tenaient ces pauvres gens pour les forcer à demeurer debout et à ouvrir les yeux, étaient les moyens dont ils se servaient pour les priver de repos. Les pincer, les piquer, les tenailler, les suspendre avec des cordes, leur souffler dans le nez la fumée du tabac, et autres cruautés, étaient le jouet de ces bourreaux, qui réduisaient par là leurs hôtes à ne savoir ce qu’ils faisaient, et à promettre tout ce qu’on voulait pour se tirer de ces mains barbares. Encore que le plus fort de leur étude et de leur application fût de trouver des tourments qui fussent douloureux sans être mortels, bien des malheureux succombèrent ».

Ces persécutions, qui s’étendirent dans tout le Midi, eurent d’abord pour résultat la conversion en masse du Béarn, puis bientôt après, des révoltes sans cesse renaissantes suivies d’amnisties et de supplices. Pas une voix à la cour, hormis celle de Fénelon, ne s’éleva en faveur des malheureux protestants ; et madame de Sévigné elle-même écrivait à sa fille cette phrase étrange, écho fidèle de l’aveuglement et de la passion qui égarait les meilleurs esprits : « Les dragons ont été de bons missionnaires jusqu’ici. Les prédicateurs qu’on envoie rendront l’ouvrage parfait » (voir à ce sujet les Camisards).

 
 
Même rubrique >

Suggérer la lecture de cette page
Abonnement à la lettre d'information La France pittoresque

Saisissez votre mail, et appuyez sur OK
pour vous abonner gratuitement
Éphéméride : l'Histoire au jour le jour. Insertion des événements historiques sur votre site

Vos réactions

Prolongez votre voyage dans le temps avec notre
encyclopédie consacrée à l'Histoire de France
 
Choisissez un numéro et découvrez les extraits en ligne !