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9 février 1633 : mort de la marquise de Verneuil (Catherine-Henriette de Balzac d'Entraigues)

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9 février 1633 : mort de la marquise de Verneuil
Publié / Mis à jour le jeudi 18 mars 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 

Cette femme, qui n’est célèbre que pour avoir été la maîtresse de Henri IV, était fille d’une maîtresse de Charles IX, Marie Touchet,qui épousa le seigneur d’Entraigues, gouverneur d’Orléans : sans être d’une beauté régulière, elle avait de l’éclat ; mais son plus grand charme consistait dans les séductions de son esprit. La mort de Gabrielle d’Estrées avait laissé vacante une place que les courtisans sont toujours jaloux de remplir à leur gré. Par un concert de louanges calculées, ils inspirèrent à Henri IV la curiosité de voir mademoiselle d’Entraigues. L’amour naquit à l’instant. C’est dans les Mémoires de Sully, qu’il faut voir tous les artifices qu’Henriette employa pour irriter la passion du prince, en refusant de la. satisfaire.

Croyant lever tous les obstacles, le roi, malgré l’économie du ministre, offrit un présent de cent mille écus ; la belle accepta l’argent, doubla les témoignages d’amour, mais ne se rendit pas. Un père et une mère intervenaient toujours à propos, et se jetaient à la traverse de-tous les rendez-vous.

C’est par ce manège d’une ambitieuse coquetterie qu’Henriette s’acheminait en espérance vers le trône. Elle exigea du roi une promesse de mariage, non pour s’en servir, disait-elle, mais pour faire taire les scrupules de son père et de sa mère. « Elle savait bien qu’il n’y avait-point d’official qui osât faire citer un homme qui avait cinquante mille hommes de guerre à son commandement ; mais ces bonnes gens le désiraient ainsi. »

Le faible amant signa la promesse qu’on lui demandait, mais avec une restriction ; il ne s’engageait à épouser Henriette que si elle lui donnait un fils dans l’année. Le sire de Rosny raconte que le roi l’ayant mené seul dans la première galerie de Fontainebleau, lui montra la promesse écrite de sa main, et lui en demanda son avis ; pour toute réponse le ministre la déchira en deux morceaux. Le roi demeura tout étonné, et lui dit en colère : « Comment ! je crois que vous êtes fou. — II est vrai, sire ; je suis fou, et je voudrais l’être si fort que je le fusse tout seul en France. » Henri, sans s’offenser d’un langage, si hardi, rentra dans son cabinet, demanda une plume et de l’encre, et recommença la promesse.

On ne sait jusqu’où cette imprudence aurait entraîné le facile et loyal monarque, en faveur de sa maîtresse déjà enceinte, s’il n’eût été dégagé à propos par un accident presque miraculeux. Un coup de tonnerre étant tombé dans la chambre de mademoiselle d’Entraigues, la frayeur la fit accoucher avant terme. A peine rétablie, elle courut à Lyon rejoindre son amant, et y reçut de lui l’hommage des drapeaux que sa valeur avait conquis sur le duc de Savoie.

Ce fut dans l’enivrement de ce triomphe qu’elle vit se dissiper tout-à-coup ses illusions. Le mariage de Henri avec Marie de Médicis venait d’être conclu. A cette nouvelle, Henriette s’enfuit brusquement de Lyon, pour n’y pas voir l’entrée de celle qu’elle regardait comme l’usurpatrice de ses droits. Plus tard même, Henri, qu’elle accabla d’injures quand il revint près d’elle, ne trouva moyen de l’apaiser qu’en lui donnant la terre de Verneuil, qu’il érigea en marquisat. Il l’emmenait dans tous ses voyages, la logeait à Fontainebleau, et finit par la réconcilier avec la reine. Henriette vint habiter au Louvre, près de sa rivale couronnée, et elle y accoucha d’un fils, un mois après la naissance du dauphin.

Avide autant qu’impérieuse, elle formait sans cesse des demandes que contrariaient l’économie et la sagesse de Sully, dont elle essuya plusieurs fois le blâme sévère, Mais, de même que Gabrielle d’Estrées, elle échoua dans la. tentative de priver le roi d’un ministre qui était son ami. A ces débats, qui fatiguaient Henri, se joignait la mésintelligence naturelle entre l’épouse et la maîtresse. La reine, par vengeance plus que par crainte, exigea que son époux retirât des mains de la marquise une promesse désormais bien nulle. Henriette refusa de la rendre. Le roi s’emporta ; il reprocha à la marquise les liaisons plus que suspectes qu’elle entretenait avec plusieurs courtisans. Pour elle, soit adresse, soit orgueil, elle ne songea pas à se justifier. Elle rendit reproches pour reproches. C’est encore une des scènes les plus curieuses des Mémoires de Sully. Ce monarque, le conquérant de son royaume et l’arbitre de l’Europe, s’y laisse dire qu’en devenant vieux, il devient soupçonneux et défiant. Traité à peu près comme l’Albert des Folies amoureuses, il est sur le point de se venger de même : il menace la marquise, d’un soufflet. Si telle fut la cause de la conspiration ourdie par elle (voy. Ier février 1605), on peut dire qu’elle exagérait le point d’honneur de l’autre sexe, après avoir négligé l’honneur du sien.

Devenue plus coupable, elle trouva le roi plus indulgent. Il sembla n’avoir laissé condamner ses complices (son père et son frère), que pour avoir une occasion de pardonner. Pour elle, après l’avoir fait déclarer innocente, il lui permit de vivre à Paris, et on prétend même qu’il eut la faiblesse de renouer avec elle. L’histoire ne nous apprend pas toutefois qu’elle ait regagné sa première influence.

Dans le procès qui suivit l’assassinat du roi, une des femmes de la reine Marguerite, la demoiselle Goman, chargea violemment la marquise de Verneuil dans sa déposition,hâtons-nous d’ajouter qu’elle fut condamnée pour faux témoignage. Quelque peu de sympathie que puisse inspirer le caractère allier, égoïste et perfide d’Henriette, l’imagination répugnerait à la supposer complice d’un forfait exécrable contre les jours d’un héros, qui avait été son amant, et à qui elle devait sa liberté et la vie de tous les siens. Elle vécut assez avant dans le règne de Louis XIII, entièrement oublié à la cour, et cet oubli est honorable pour Marie de Médias : la régente se vengea pas les injures de la reine.

 
 
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