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8 février 1529 : mort de Balthazar Castiglione

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8 février 1529 : mort de Balthazar Castiglione
Publié / Mis à jour le lundi 1er mars 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 

La vie de Castiglione fut comme un reflet de cette double gloire du Dante et de Pétrarque, qui unissaient l’influence politique à la renommée littéraire. Le temps approchait où ces deux palmes allaient se séparer, ou l’Arioste et le Tasse ne seraient plus rien que des hommes de génie. S’il fallait chercher ici en passant la cause de cette singulière révolution de mœurs, nous la trouverions peut- être dans la difficulté des études, alors que, tous les livrés étant chers et rares, elles n’étaient accessibles qu’aux personnages les plus puissants dans l’ordre social. Ce fut par la même raison que l’Angleterre ne trouva les premiers écrivains qui l’ont honorée, Chaucer, Gower, Sackvjlle, Surrey, que parmi les favoris de- la cour et les conseillers du trône. Plus tard seulement, quand l’instruction devint populaire, un plébéien obscur put surgir le plus grand poète de son siècle.

Castiglione s’offre à nous sous un point de vue curieux, comme un personnage de transition, qui marque la différence de deux époques. Il ne fait déjà plus un partage égal de son temps et de ses affections entre les intérêts publics et les travaux de la littérature C est l’homme d’état qui prédomine en lui. Son ambition est toute politique, et ses seules distractions sont littéraires : aussi ce talent d’écrivain, qui a soutenu et fait passer son nom jusqu’à nous, n’eut-il, pour ainsi dire, aucune part dans l’estime qui l’environna de son vivant ; et lorsque Charles-Quint, auprès duquel il avait été ambassadeur, apprit sa mort, ce ne fut pas au penseur, au poète qu’il accorda des regrets, en s’écriant : « Je le déclare, il vient de mourir un des plus parfaits chevaliers du monde. »

Celui qui obtint du plus puissant monarque de la chrétienté cette simple et belle oraison funèbre, Balthazar, né le 6 décembre 1478, dans la patrie de Virgile, tenait par sa mère aux souverains de Mantoue. Il eut pour maîtres dans les lettres grecques et latines les plus fameux savants de l’époque, et, au sortir de cette éducation pédantesque, il s’élança dans la carrière militaire. Il servit d’abord le duc de Milan, Louis Sforce ; après la défaite de ce prince et la conquête du duché par les Français, il s’attacha au marquis de Mantoue, et le quitta plus tard pour le duc d’Urbin, qui lui confia une compagnie de cinquante hommes d’armes.

Ce fut dans la cour magnifique et polie de ce prince qu’il commença l’apprentissage de cet art du courtisan qu’il devait plus tard réduire en préceptes. Les progrès rapides qu’il y fit lui méritèrent l’honneur d’être envoyé en ambassade auprès du roi d’Angleterre Henri VII. Dans un court séjour à Londres, il captiva si bien la faveur de ce monarque avare, qu’il en reçut de riches présents, et fut de plus nommé par lui chevalier de tous ses ordres.

Son protecteur mourut, mais le changement de maître ne changea rien à sa destinée, qui était de plaire ; et le nouveau duc d’Urbin lui accorda le titre de comte, avec un fief et un château. Une liaison de jeunesse, probablement due à ses penchants studieux, contribua encore à l’avancement de Castiglione. Il avait connu Léon X lorsqu’il n’était encore que cardinal. Le duc, intéressé à une négociation avec la cour pontificale, ne crut pouvoir mieux choisir pour négociateur qu’un ancien ami du pontife. Dans son séjour a Rome, Balthazar, conservant cette espèce de talisman qui lui donnait partout des succès, fut admis à ce cercle brillant d’esprits distingues, d’artistes célèbres, dont le trône de Léon était le centre.

Renvoyé une seconde fois en ambassade à Rome, sous le pontificat de Clément VII, il fut demandé au duc d’Urbin par ce pape, qui le chargea d’aller à Madrid traiter en son nom les plus grands intérêts avec Charles-Quint. On peut conjecturer que Balthazar était plus habile comme courtisan que comme diplomate. Charles lui faisait le plus flatteur accueil, le promenait avec lui à Tolède, à Séville, à Grenade ; mais, pendant ce temps, la paix ne se re’ta- blissait point en Italie, et l’armée de l’empereur prenait et pillait Rome. Clément VII accusa son ambassadeur d’avoir été dupe ou négligent, en ne l’instruisant pas de ce qui se préparait contre lui. Castiglione se justifia, mais ne se consola point.

Cependant l’empereur, qui au fond de sa conscience rendait peut-être justice à la première partie des griefs du pape contre Balthazar, voulut dédommager l’honnête homme qu’il avait trompé d’abord. Il le naturalisa Espagnol, et lui donna le riche évêché d’Avila. Applaudissons à la loyauté de Balthazar : fidèle, même dans sa disgrâce, à un maître rigoureux, et ne voulant pas surtout paraître recevoir le prix d’une trahison, il protesta qu’il n’accepterait l’évêché que lorsque Charles-Quint et le pape seraient entièrement réconciliés. De tels exemples sont trop rares pour être oubliés par l’histoire.

Au reste, il n’eut pas la satisfaction d’être témoin de cette paix, qu’il désirait comme le complément de son apologie. Il tomba malade à Tolède, et y mourut après six jours seulement de maladie. Sa santé était depuis deux ans minée par le chagrin que lui avait causé l’espèce de flétrissure imprimée à ses talents et même à son caractère. L’empereur, première cause de sa mort, lui fit faire dés funérailles magnifiques, et peut-être dans l’éloge qu’il lui donna se mêlait-il une arrière-pensée, une épigrammatique admiration de cette loyauté chevaleresque qui l’avait rendu si facile à duper.

« Cet écrivain célèbre, dit Ginguené, excellent juge de la littérature italienne, a laissé peu d’ouvrages, mais tous d’un style parfait et d’un excellent goût. » Le plus connu de tous a pour titre : Il libro del Cortegiano, espèce de Manuel du Courtisan, théorie de l’art qu’il doit employer pour faire son chemin et pour se rendre à la fois utile et agréable au prince. « Quoique l’auteur, dit encore Ginguené, fût très savant dans cet art, on prétend qu’il n’a pas tout dit, et que pour être parfait courtisan il faut encore autre chose que ce qu’on apprend dans son livre. »

Paul Duport

 
 
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