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6 février 1804 : mort de Priestley

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6 février 1804 : mort de Priestley
Publié / Mis à jour le jeudi 25 février 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 

Un quart de siècle s’est à peine écoulé depuis la mort de Priestley ; cependant peu d’entre les hommes qui s’occupent de sciences et qui sont les plus familiers avec les découvertes du grand physicien savent aujourd’hui qu’il fut ecclésiastique, profond théologien, grand disputeur sur les matières de religion, et qu’il passa successivement par quatre croyances, avant de s’arrêter à celle dans laquelle il mourut. Ce, génie, qui dans le domaine des sciences exactes examinait les corps naturels sans passion pour les soumettre à ses belles expériences, qui portait dans ses recherches une logique circonspecte et rigoureuse ; ce génie, si calme lorsqu’il ne considérait que les réalités, abandonnait à la plus impétueuse témérité dès qu’il était question de croyances mystérieuses dont chaque religion prétend poser les limites, que les docteurs attaquent et défendent, et dont le despotisme se fit partout de si redoutables auxiliaires.

Il y avait comme deux hommes en Priestley, celui du ciel et celui de la terre. Le premier, en butte aux persécutions, en guerre avec l’univers se querellant pendant cinquante ans avec toutes les sectes dont il n’était plus ou dont il n’avait jamais été, écrivit à peu près cent quarante ouvrages divers qui composent au moins soixante volumes in-8°, et dont pas un n’est lu de nos jours ; il eut sa maison brûlée par ses compatriotes furieux,et finit par être obligé de s’expatrier : le second, estimé des savants de toute l’Europe, membre de presque toutes les académies, d’un commerce agréable qui lui mérita de nombreux amis, devint le père de la physique et de la chimie moderne, encore qu’il méconnût celle-ci, et composa quelques volumes immortels, où se trouvent consignées plusieurs des grandes découvertes dont s’honore le XVIIIe siècle.

Né à Fieldhead, près Bristol, en 1728, la mort de son père, qui faisait un petit commerce, le laissa de bonne heure dans un état voisin de l’indigence. Il fut d’abord vicaire ou pasteur de quelque petite commune, et obtint à Warrington un emploi dans une école presbytérienne. C’est vers ces premiers temps qu’il publia divers ouvrages assez estimés sur l’enseignement, et notamment une grammaire avec des cartes historiques et biographiques qui retracent assez commodément d’un coup d’œil la durée et la chute de chaque état, ainsi que l’époque de la vie des hommes célèbres ; cartes dont on fait aujourd’hui un si grand abus dans certaines spéculations de librairie.

Élevé dans toute la sévérité de cette communion qu’en France nous appelons calviniste, il pencha vers la doctrine plus douce d’Arminius dès qu’il commença à examiner ; mais trouvant cette doctrine encore trop compliquée, il adopta l’opinion des Ariens, qui n’a guère plus aujourd’hui d’asile qu’en Angleterre, après avoir été, vers les premiers siècles, presque dominante dans la chrétienté. Arius, le chef de cette secte déchue, tout en ne voyant dans Jésus-Christ qu’une créature,le croit cependant de nature supérieure, produit avant le monde, organe d’un Dieu éternel, quand ce Dieu tira l’univers du chaos, en un mot ce verbe de la philosophie platonicienne v« nu des traditions de l’Orient comme une qualité abstraite, un attribut de la toute-puissance, mais que l’idée de relever la gloire d’un sage mendiant de Palestine, sans trop altérer le dogme fondamental de l’unité, fit dans l’Occident identifier comme consubstantiel avec Dieu même par les pères de Nicée. Les opinions d’Arius ne parurent guère plus satisfaisantes que les autres à Priestley, quand il y eût longtemps réfléchi. Il se fit socinien, c’est-à-dire qu’il finit par ne plus croire à la préexistence du Christ, et par regarder le fils de Marie comme un homme tout simplement, mais comme un homme auquel la Divinité daigna s’unir pour en faire le sauveur du monde. Enfin Priestley devint, à ce qu’il paraît, matérialiste à sa façon, mais non athée, car il est impossible à tout physicien profond et de bonne foi de ne pas croire à l’existence d’une sagesse éternelle, des profondeurs de laquelle émana l’univers ; et voici comment il conciliait les choses. « L’Ecriture sainte et l’expérience, disait-il, s’accordent à faire l’âme matérielle ; les fibres du cerveau sont les dépositaires des images produites par les sens ; le pouvoir qu’ont ces fibres d’exciter mutuellement leurs vibrations, est la source de l’association des idées. Le sentiment périt avec le corps ; mais il renaîtra avec lui au jour de la résurrection, en vertu de la volonté et du pouvoir de Dieu. » D’ici là nous dormirons d’un sommeil absolu ; la distribution des peines et des récompenses nous attend seulement alors. » Du reste Priestley ne croyait pas à l’éternité des châtiments, et le nouveau socinien mourut dans la ferme persuasion de la résurrection qu’il avait accommodée à ses idées. Peu d’instants avant d’expirer, et dans toute la plénitude de ses facultés morales, il se fit amener ses petits enfants,puis les renvoyant sur le soir après de touchantes bénédictions, afin qu’ils ne demeurassent pas témoins d’un dénouement trop douloureux : « Adieu, leur dit-il, je vais m’endormir comme vous, mais pour plus longtemps. » S’adressant d’une voix défaillante aux personnes qui restaient, il ajouta : « Nous nous réveillerons ensemble, et, j’espère, pour un bonheur éternel. »

Dans cet esprit d’investigation et de convictions successives dont il fut possédé depuis l’instant où il s’élança dans la controverse jusqu’à celui de sa mort, il fut l’un des plus dangereux ennemis de l’orthodoxie. « Peut-être, dit avec justice un éloquent panégyriste, eut-il la faiblesse de croire que dans les temps d’incrédulité il faut alléger la foi, comme dans les temps d’orage on débarrasse un navire du plus gros de sa charge. En effet, on croirait que, rejetant un grand nombre de dogmes, il n’avait qu’un pas à faire pour tomber dans une incrédulité absolue ; mais il ne le fit point : au contraire, en théologie, comme en physique, il voulait être dans un poste à lui, quelque périlleux qu’il fût, et il s’en fiait à son courage pour le défendre... Son activité fut sans bornes dans ce genre de guerre ; athées, déistes, juifs, ariens, quakers, méthodistes, « calvinistes, anglicans et catholiques eurent également à le combattre. Il y a des livres de lui contre chacune de ces croyances, et j’aurais peine à en finir, si j’en voulais seulement rapporter les titres. » Nous ne les rapporterons pas davantage ; le seul qui doive nous occuper dans cet article, et qui sera pour son auteur un titre à l’immortalité, est celui qui parut en trois volumes, de 1774 jusqu’à 1779, sous le titre modeste d’Expériences et observations sur différentes espèces d’air. Il a été augmenté de trois autres tomes en 1786, intitulés : Expériences et observations concernant différentes branches de la philosophie naturelle.

On savait depuis longtemps que divers corps laissaient échapper de l’air, tandis que d’autres en absorbaient ; que l’air dégagé de certains lieux et de certaines liqueurs en fermentation pouvait faire périr les animaux et éteindre les lumières, tandis qu’on avait observé dans les galeries de mines un air léger qui s’enflamme quelquefois avec de si terribles explosions ; Priestley remarqua de plus que dans un grand nombre de combustions, surtout dans les calcinations des métaux, l’air des lieux où ces opérations se font est altéré dans sa nature sans qu’il y ait de production des deux airs, dont on entrevoyait l’existence précédemment ; ce que nous appelons aujourd’hui gaz acide carbonique, gaz hydrogène et azote, fut conséquemment connu dès lors sous les noms d’air fixe, d’air inflammable et d’air phlogistiqué. Priestley exposait de petits animaux pour essayer l’action pernicieuse des airs ; il éprouva une grande joie lorsqu’il en trouva un quatrième, l’air nitreux, qui jouissait de la propriété de diminuer subitement le volume de tout autre air auquel on le mêle, à peu près dans la proportion où cet autre air est respirable, et par conséquent de la propriété de mesurer jusqu’à un certain point le degré de salubrité des différents airs. De cette découverte date l’origine de la brandie de la physique appelée eudiométrie. Mille causes sont capables de vicier l’air incessamment, et cependant sa pureté n’est pas sensiblement altérée depuis le temps immémorial durant lequel ces causes ont agi ; il existait donc une cause dans la nature qui rétablissait cette pureté ; elle fut trouvée dans la propriété qu’ont les végétaux de décomposer l’air fixe pendant le jour. Enfin, par le moyen des verres ardents agissant sur des chaux de mercure, Priestley obtint pure et isolée cette partie respirable de l’air atmosphérique que les animaux consomment, que les végétaux restituent, que les combustions altèrent, qu’il nomma air déphlogistiqué, et que nous appelons oxygène.

On connaît toute l’influence qu’ont eue dans les sciences et dans les arts les découvertes du grand homme dont nous venons d’exposer succinctement les litres à la reconnaissance des âges : cette reconnaissance lui fut prouvée par anticipation lorsque la Convention nationale .lui décerna le titre de citoyen français, et l’appela même à siéger dans son sein. Il n’accepta point cette seconde partie des honneurs qu’on lui voulait rendre ; ce qui ne l’empêcha pas d’être accusé par ses ennemis de favoriser dans son pays les projets des révolutionnaires français. Sa bibliothèque fut brûlée, sa maison rasée par une populace grossière ; et l’homme qui honorait le plus les sciences en Angleterre vers cette époque, se vit contraint à la quitter pour se retirer aux États-Unis d’Amérique. Il y trouva la considération qu’il méritait, avec la liberté ; mais on assure que la maladie dont il y mourut fut la suite d’un empoisonnement. C’est durant cette maladie que, retournant à ses premiers goûts, il publia divers écrits de controverse, entre lesquels on remarque celui qui est intitulé Jésus et Sacrale compares.

Bory De Saint-Vincent.

 
 
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