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6 février 1593 : mort de Jacques Amyot, l'un des traducteurs les plus renommés de la Renaissance

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6 février 1593 : mort de Jacques Amyot,
l’un des traducteurs les plus
renommés de la Renaissance
Publié / Mis à jour le jeudi 25 février 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 

Le futur précepteur des enfants de France ne dut qu’au hasard le bienfait de l’éducation. Cet homme, qui s’illustra par la connaissance des langues anciennes, qui contribua à former la nôtre, manqua d’en ignorer même les premières règles. Né à Melun le 30 octobre 1513, de parents qui exerçaient une profession peu élevée (on attribue diverses professions au père d’Amyot : les uns en font un boucher, un corroyeur ; les autres un petit mercier), Jacques Amyot vint à Paris, sans autre ressource qu’un pain, non pas quotidien, mais hebdomadaire, que lui envoyait sa mère Marguerite Damours. Il entra au collège ; mais ne pouvant payer sa pension en argent, il la paya en services, et devint le domestique de ses condisciples. On prétend que la nuit, à défaut d’huile et de chandelle, il étudiait à la lueur de quelques charbons embrasés.

Le mérite d’Amyot sortit avec éclat de ce rude apprentissage de la science et de la vie. Après avoir étudié la poésie, l’éloquence, la philosophie et les mathématiques sous les plus célèbres professeurs du Collège de France, récemment fondé, le jeune maître ès-arts se rendit à Bourges pour y faire ses cours de droit civil. Là, sur la recommandation de Jacques Collin, lecteur du roi, dont il instruisait les neveux ; par le crédit de la sœur du roi, Marguerite, Amyot fut nommé professeur de grec et de latin dans l’Université. Pendant dix ans il occupa cette chaire, et de cette époque datent ses essais de traduction, le roman de Théagène et Chariclée, et quelques vies des hommes illustres de Plutarque. François Ier, auquel il les dédia, l’exhorta à continuer, et lui accorda l’abbaye de Bellozane.

A son retour d’un voyage à Rome, entrepris pour comparer des textes grecs, et dans lequel il eut le plaisir de donner une petite leçon de latin aux pères du concile de Trente, le cardinal de Tournon le proposa au roi Henri II, qui cherchait un précepteur pour ses deux fils ; Amyot fut agréé. C’est pendant le cours de cette éducation qu’il termina sa traduction des Grands Hommes dé Plutarque, dédiée à Henri II, et qu’il commença celle des OEuvres morales, dédiée à Charles IX. Le lendemain de son avènement, le monarque nomma son maître grand-aumônier. Si l’on en croit Saint-Réal, cette nomination indisposa vivement Catherine, qui traita le grand-aumônier de prestolet, en lui déclarant qu’il n’avait pas vingt-quatre heures à vivre, s’il ne renonçait à sa charge.

Quoi qu’il en soit, la colère de la reine-mère n’eut point de suite, et n’empêcha pas le même prince d’élever Amyot à l’évêché d’Auxerre. Henri III lui confirma la grande aumônerie, et de plus le nomma commandeur de l’ordre du Saint-Esprit, qu’il venait de créer (1579) Amyot termina donc dans les honneurs et dans la richesse une carrière Commencée dans l’humiliation et dans la misère. Malgré toutes les faveurs qu’il avait reçues de ses rois, de Thou l’accuse d’avoir embrassé le parti de la Ligue ; mais ce reproche est démenti par les faits.

Il en est un autre qui semble plus vraisemblable, c’est celui d’avidité et de parcimonie. Quoiqu’il se plaignît sans cesse d’avoir été ruiné par les troubles civils, l’évêque d’Auxerre laissa plus de deux cent mille écus. Il mourut dans cette ville, âgé de soixante-dix-neuf ans, exclusivement livré à ses devoirs et à ses études. Un jour, quelqu’un l’engageait à écrire l’histoire de France ; il répondit « qu’il était trop attaché à ses maîtres pour écrire leur vie. » Ce mot prouve qu’il jugeait bien les temps où il avait vécu.

Les noms de Plutarque et d’Amyot sont chez nous presque inséparables ; c’est un singulier hasard que d’écrivain d’une littérature vieillie ait trouvé son meilleur traducteur dans une littérature naissante. On a souvent attaqué le travail du bon aumônier sous le rapport de l’exactitude et du savoir ; mais quand on découvrirait dans ses écrits plus de fautes encore que jusqu’ici l’on n’en a relevé, ils resteraient toujours, sinon comme représentation fidèle de la physionomie d’un auteur grec, du moins comme monument impérissable de la langue française, comme l’un des premiers trésors de ses richesses et de ses grâces.

Jacques Amyot

Jacques Amyot

Ce que Montaigne disait est encore plein de sens aujourd’hui : « Je donne avec raison, ce me semble, la palme à Jacques Amyot sur tous nos écrivains français : non seulement pour la naïveté et pureté du langage, en quoi il a surpassé tous aultres, ny pour la constance d’un si long travail, ou pour la profondeur de son sçavoir, ayant pu développer si heureusement un auteur si espineux et si ferré (car on m’en dira ce qu’on vouldra, je n’entends rien au grec, mais je voy un sens si bien joint et entretenu partout en sa traduction, que ou il a certainement entendu l’imagination vraye de l’auteur, ou ayant par longue conversation, planté vivement dans son âme une générale idée de celle de Plutarque, il ne luy a au moins rien preste qui le desmente ou qui le desdie) ; mais surtout je luy sçay bon gré d’avoir sçeu trier et choisir un livre si digne et si à propos pour en faire présent à son pays. Nous aultres ignorans estions perdus, si ce livre ne nous eust releivez du bourbier : sa mercy nous osons à cette heure et parler et écrire : les dames en régentent les maistres " d’eschole : c’est notre bréviaire. »

Voilà l’éloge d’Amyot tracé par un contemporain dont la postérité apprécie le suffrage. Dans le siècle suivant, Racine déclarait qu’il croyait impossible à notre langue moderne d’égaler la grâce du vieux traducteur. Cette opinion s’est transmise jusqu’à nous : Dacier, Ricard n’ont pu déposséder Amyot de ses admirateurs, ni de ses lecteurs. Au contraire, plus ses écrits vieillissent, plus leur charme gagne en force et en vivacité, « tant il y a (pour leur appliquer une phrase même de Plutarque, supérieurement traduite par Amyot), tant il y a ne sais quoi de florissante nouveauté, qui empêche que l’injure du temps n’en empire la vue, comme si chacun desdits ouvrages avait au-dedans un esprit toujours rajeunissant, et une âme non jamais vieillissante qui les entretint en celle vigueur ! »

 
 
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