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5 février 1807 : mort de Pascal Paoli

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5 février 1807 : mort de Pascal Paoli
Publié / Mis à jour le samedi 2 février 2013, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 

Ce courageux et infortuné défenseur de la Corse avait, dès ses premières années, reçu de son père Hyacinthe l’exemple de combattre pour l’indépendance de la patrie. Lorsqu’on 1739, la France rétablit la tyrannie des Génois, le jeune Pascal suivit à Naples l’exil de son père : ce fut là que, frappé de ses dispositions et de sa précoce gravité, un de ses professeurs, le célèbre Genovesi, lui prédit qu’il étonnerait un jour l’Europe.

Pascal Paoli

Pascal Paoli

Pendant que Pascal se préparait pour l’avenir de son pays, son frère aîné, Clémente, demeuré en Corse, employait tous ses efforts à hâter cet avenir : sentinelle de la liberté, il voit un instant favorable ; il avertit son vieux père ; Hyacinthe, infirme et affaibli, ne peut répondre à cet appel ; mais il donne son dernier bien, son second fils. Pascal aborde en Corse, « et aussitôt, dit un de ses historiens, la noblesse de ses traits et de ses manières, son affabilité insinuante, la chaleur de ses discours, le nom qu’il portait, et sa réputation agrandie par l’éloigneraient attirent sur lui la bienveillance universelle. » Une consulte ou assemblée nationale s’apprêtait à lui conférer le généralat, mais en lui adjoignant un collègue. Prévoyant les inconvénients d’un pouvoir divisé, il fait ajourner les délibérations, et, quelque temps après (juillet 1755), une autre consulte le proclame chef unique de l’île.

Cette ambition, qui n’était que du patriotisme, excite la jalousie d’un de ses rivaux, que la vengeance, si chère aux Corses, met à la solde des Génois. Paoli triomphe d’abord, est surpris et cerné ensuite. Il allait périr sans le secours d’un autre de ses ennemis. C’est un souvenir digne de Lacédémone : une mère commande à son fils de sacrifier des ressentiments privés à la cause de la liberté publique, menacée dans la personne de son défenseur : « Marche, lui dit-elle, ou je maudis le sang et le lait que je t’ai donnés. » Elle est obéie : son fils part, combat, dégage Paolr ; mais, fidèle à sa haine, il s’éloigne à l’instant, et se venge encore, en privant son rival du plaisir de la reconnaissance.

Dès lors les succès de Paoli vont toujours croissant : toute la Corse échappe aux Génois, et leur sénat s’humilie jusqu’à négocier avec ceux qu’il traitait naguère en ilotes. Le général refusa toute transaction incompatible avec la liberté, et fit décréter par une consulte (1761) que les premiers préliminaires de la paix devaient être l’évacuation du territoire, et la reconnaissance pleine et entière de l’indépendance nationale. Tandis qu’avec l’appui de son intrépide frère, il soutenait la lutte contre un ennemi étranger, et qu’il renversait d’autres obstacles suscités par les rivalités intestines, on aime à le voir recueillant dans la lecture des historiens de l’antiquité les exemples de ces républiques, dont il rêvait l’imitation, et s’en servant pour enflammer l’enthousiasme de ses concitoyens.)

Libérateur de la Corse, il en devint le législateur : il créa des tribunaux permanents, introduisit une monnaie régulière, établit l’uniformité des poids et mesures, et s’appliqua surtout à réprimer ces vengeances particulières, qui renouvelaient et propageaient sans cesse les haines de famille. Il contenait par la vigilance des juntes de guerre les secrets partisans de Gènes ; il ranimait l’agriculture dans toutes les provinces.

Sous son administration, la population, malgré les ravages de la guerre, s’était accrue d’environ seize mille âmes. Une modeste imprimerie, la première qu’on eût possédée en Corse, avait donné naissance à un journal qui défendait la cause nationale. La tolérance était établie ; le clergé était assujetti aux charges communes, et l’influence de ce corps, restreinte habilement dans les consultes, plus habilement employée pour remuer la population, devenait un appui au lieu d’être une barrière. L’instruction publique commençait à fleurir : une espèce d’université s’était formée ; les livres de la France venaient réparer le tort de ses armes.

Paoli institua un gouvernement aussi sage qu’il l’avait pu faire dans le tumulte des combats, au milieu de l’ivresse d’une liberté récente. Les consultes avaient à leur tête un président qui communiquait avec le chef de l’administration et avec son conseil. Elles avaient en outre un orateur chargé de transmettre les vœux du peuple. L’initiative se partageait entre la consulte et le pouvoir exécutif dont un veto, suspensif en certains cas, pouvait dans quelques autres devenir absolu.

La France trompa à la fois Gênes et la Corse : elle feignit de ne fournir des secours aux Génois que pour acquitter les intérêts d’un ancien emprunt ; pendant quatre ans ses troupes se bornèrent à garder les places maritimes. Paoli eut le tort des âmes loyales, la confiance ; la facilité que le duc de Choiseul trouva à le rendre dupe dans leurs négociations, le succès qu’il obtint, sont une des taches de son ministère. Un dernier exploit de Paoli hâta la chute de cet édifice construit avec tant de peine : il venait d’enlever Capraïa, aux Génois (1767) ; leur orgueilleuse aristocratie, désespérant de la victoire, aima mieux donner ses esclaves que de les voir libres. La souveraineté de la Corse fut cédée à la France.

Paoli, après de vaines réclamations, entreprit une lutte inégale, et pendant quelque temps son génie et son courage la soutinrent glorieusement. Il fallut, pour conquérir une île chétive, que la France envoyât vingt-deux mille hommes de troupes aguerries. « France, s’écriaient les vaincus, dans ton triomphe, honteusement acheté au poids de l’or, les armes sont pour bien peu, la perfidie pour beaucoup, la justice pour rien. »

Après le combat meurtrier de Ponte-Nuovo, qui porta le dernier coup à ses espérances, Paoli, fuyant le spectacle de l’humiliation nationale, s’embarqua précipitamment et passa en Angleterre avec son frère et ses neveux : là, il vivait pauvre et obscur ; mais l’hommage de quelques grands hommes venait le chercher dans sa retraite ; et Alfiéri lui dédia son Timoléon, comme pour le consoler, en lui rappelant, par un tel exemple, qu’il en coûta toujours cher pour servir sa patrie.

Vingt ans s’étaient écoulés. La Révolution française avait associé la Corse à l’émancipation générale. Mirabeau parut à la tribune pour demander le rappel des patriotes fugitifs qui avaient défendu l’indépendance de cette île, et il présenta cet acte de tardive justice comme une expiation de l’illégitime conquête à laquelle il se reprochait d’avoir lui-même, participé dans sa jeunesse. Paoli accourut de Londres à Paris : « Vous avez, dit-il aux nouveaux législateurs, en leur apportant ses remerciements, qui étaient plus pour son pays que pour lui, vous avez honoré de vos suffrages ma conduite passée : elle vous répond de ma conduite future. J’ose dire que ma vie entière a été un serment à la liberté. C’est l’avoir déjà fait à la constitution que vous établissez. » Il fut présenté à Louis XVI par La Fayette, et ce monarque, si digne d’apprécier un bon citoyen, lui conféra le titre de lieutenant-général, et le commandement militaire de la Corse.

Le débarquement de Paoli dans son île natale eut l’air d’un triomphe, et la joie populaire alla jusqu’au délire. Il seconda loyalement l’Assemblée constituante ; mais plus tard, quand il apprit le sort de l’infortuné Louis XVI, il se sépara d’une cause où il ne voyait plus que l’anarchie au lieu de la liberté. Dénoncé à la Convention, il rompit tout lien avec la France, rallia les mécontents, et fut élu (26 juin 1798) généralissime et président d’une consulte formée à Corte.

Il expulsa les Français de l’île ; mais ce fut après y avoir appelé les Anglais, dont la protection a toujours porté malheur. La royauté de la Corse fut offerte au roi d’Angleterre, qui l’accepta, en admettant ses nouveaux sujets à jouir des formes du gouvernement britannique.

Dès lors finit l’existence politique de Paoli ; le nouveau maître dédaigna de l’employer, ou ne l’osa pas. En 1796, il alla en Angleterre faire entendre des plaintes, auxquelles on n’accorda que peu d’attention. Il mourut octogénaire dans un village près de Londres ; son testament fut encore un témoignage des sentiments auxquels il avait voué son existence entière, et contenait des legs pour l’amélioration de l’instruction publique dans sa patrie.

 
 
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