Éphéméride, événements Les événements du 4 février. Pour un jour donné, découvrez un événement ayant marqué notre Histoire. Calendrier historique 4 février 215 : mort de l’empereurSeptime Sévère Publié / Mis à jour le vendredi 19 février 2010, par LA RÉDACTION Temps de lecture estimé : 4 mn Né à Leptis (aujourd’hui Lébida), sur la côte d’Afrique, le 11 avril 146, d’une famille de chevaliers romains, qui avait compté récemment deux consuls, Sévère, après avoir étudié les lettres grecques et latines, vint à Rome sous Marc-Aurèle, et se livra en même temps aux intrigues de l’ambition et aux excès de la débauche. H subit même une accusation d’adultère, et ne dut son absolution qu’à ce même Didius Julianus, dont il devait plus tard causer la mort en lui disputant la pourpre des Césars. Nommé proconsul d’Afrique, il laissa percer dès lors son penchant à la cruauté. Un de ses compatriotes ayant couru vers lui à bras ouverts, il le fit battre de verges par ses licteurs, en ordonnant au héraut de crier : « Homme du peuple, ne te hasarde pas » à embrasser un magistrat des Romains. » Après une disgrâce obscure, sous Commode, il rentra par des intrigues dans la faveur du tyran ; il obtint le consulat, et il commandait les légions de la Pannonie, quand le fils de Marc-Aurèle périt étranglé par un affranchi, II s’était soumis à Pertinax ; le meurtre de cet empereur, et la vénale élection de Didius Julianus lui servirent de prétexte pour réaliser un espoir formé depuis longtemps, s’il est vrai qu’il n’eût épousé Domna Julia, sa seconde femme, que parce qu’un horoscope lui avait promis le rang d’impératrice. Il se fit proclamer Auguste par les légions d’Illyrie (avril 198), et s’empara de l’Italie sans trouver de résistance. La mort du lâche Didius (voyez 1er juin 193) lui ouvrit les portes de Rome. Il commença l’exercice de son pouvoir par un acte de justice et de politique. Il cassa ces Prétoriens qui avaient assassine Pertinax, et mis à l’encan le titre d’empereur. Son entrée dans la ville fut une pompe majestueuse, si l’on en croit Dion, témoin oculaire, qui nous en a laissé les détails : une escorte de soixante mille soldats armés durent lui donner un aspect terrible. Le sénat tremblait, incertain des dispositions du nouveau maître. Sévère s’engagea solennellement à ne mettre à mort aucun sénateur, sans un arrêt de la compagnie : il demandait, s’il violait cette loi, à être traité en ennemi public. Nul empereur ne fit plus de ravages dans les rangs du sénat ! Comme il se donnait pour un imitateur de Marc-Aurèle et de Pertinax, il honora par des fêtes la mémoire du dernier, et il prétendit être le fils de l’autre. Un sénateur osa lui dire, faisant allusion à l’obscurité de sa naissance « Je te félicite d’avoir trouvé un père. » Plus tard ce sénateur fut mis à mort. Sévère se trouvait entre deux rivaux : Niger s’était fait proclamer Auguste en Orient ; Albinus pouvait suivre cet exemple dans la Grande-Bretagne, où il commandait. Sévère, caressant le dernier pour avoir le temps d’écraser l’autre, envoie à Albinus le titre de César, tandis qu’il marche contre Niger. Les plaines d’Issus, ancien théâtre de la défaite de Darius, virent celle de Niger, digne d’un meilleur sort. Le vainqueur persécuta sans pitié les partisans du vaincu. Montesquieu a signalé le fatal effet de ces proscriptions : elles jetèrent dans les bras des Parthes plusieurs Romains désespérés, qui disciplinèrent leurs anciens ennemis : ces peuples, qui jusque là s’étaient contentés de se défendre, furent dans la suite presque toujours agresseurs. Implacable pour les hommes, Sévère fut clément pour les inscriptions. On lui proposait d’en détruire une à la louange de Niger : Conservons, dit-il, un monument qui fera connaître quel ennemi nous avons vaincu. Il refusa même le triomphe que lui décernait le sénat, pour ne pas insulter à la défaite d’un concitoyen. Albinus venait de se déclarer Auguste ; les vœux secrets du sénat étaient pour lui. Sévère s’élance de la Mœsie au-devant de son ennemi, qu’il rencontre près de Trévoux : sa valeur lui mérita une victoire que sa cruauté déshonora. Il foula sous les pieds de son cheval le cadavre du vaincu, dont le crime était d’avoir suivi son exemple. De toutes parts furent dressées de nouvelles tables de proscription. Un des proscrits tenta de se justifier en prouvant que c’était par contrainte et non par choix qu’il avait suivi les drapeaux d’Albinus. « Vous-même, dit-il à l’empereur, qu’eussiez-vous fait à ma place ? — J’aurais subi la mort que tu vas subi. Sa vengeance contre les sénateurs se distingua par un étrange raffinement. Il leur imposa l’apothéose de l’exécrable Commode : « II vous sied bien de l’insulter, leur dit-il en pleine assemblée, vous qui, pour la plupart, menez une vie encore plus honteuse que la sienne. » Singulière raison, pour placer un monstre au rang des dieux ! Quelques victoires remportées sur les Parthes lui firent ériger l’arc de triomphe qu’on voit encore à Rome aujourd’hui. Atteint de violentes douleurs de goutte, il songeait à l’avenir de ses deux fils, Geta (voy. 27 février 212) et Caracalla (voy. 8 Avril 217) : tous deux furent proclamés Augustes malgré leur jeune âge : tous deux montraient pourtant déjà l’un contre l’autre une haine que l’atroce cruauté de Caracalla rendit plus tard funeste à son frère. C’était là un des chagrins domestiques de Sévère, qui expiait dans son palais les maux qu’il faisait aux Romains. Julia-Donma le déshonorait par des infidélités qui furent un scandale pour l’univers. Il ferma longtemps les yeux sur sa propre honte. Forcé enfin de les ouvrir, il n’osa ni sévir contre sa femme, ni même divorcer, peut-être parce qu’il croyait l’empire attaché à son hymen. Son amitié pour Plautien ne fut pas plus heureuse. Cet indigne favori exerçait sur lui un pouvoir sans borne. A les voir, dit un historien, on eût pris Sévère pour le ministre et Plautien pour l’empereur. « J’aime Plautien, disait Sévère, jusqu’à souhaiter de mourir avant lui : » il l’avait nommé consul et préfet du prétoire ; il lui avait donné Caracalla pour gendre : Plautien conspira contre son bienfaiteur. Sévère, instruit du complot, semblait vouloir borner sa vengeance à quelques reproches : mais le frénétique Caracalla se jeta sur son beau-père, et, après l’avoir frappé outrageusement, donna l’ordre à un soldat de le tuer. Sévère fut distrait de ses afflictions privées par une révolte des Calédoniens. Il obtint sur eux des avantages qui lui firent décerner le surnom de Britannicus Maximus. Pour garantir ses conquêtes, il éleva un mur célèbre, dont les débris portent encore son nom. Ses infirmités le menaçaient d’une fin prochaine ; mais Caracalla là trouvait trop lente : il trama une conspiration parricide. L’empereur la découvrit, condamna à mort les complices, et ne fit grâce qu’au plus coupable, à son fils : ce fils alors tenta d’exécuter lui-même son projet. Un jour qu’ils couraient ensemble à cheval, Caracalla s’arrêta un peu en arrière, et tira son épée. Au cri de tous les assistants, l’empereur se retourna et vit l’épée nue. Il continua sa course sans rien dire ; mais rentré dans sa tente, et s’étant couché sur un lit, il manda son fils : en présence d’un affranchi et de Papinien, préfet du prétoire, il lui présenta une épée : « Exécute ton dessein, lui dit-il ; tu es jeune et vigoureux ; moi je suis un vieillard infirme, et tu me vois étendu sur un lit. » Cette scène de théâtre ne changea pas le caractère du monstre qu’il épargnait. Comment expliquer tant de clémence de la part de Sévère ? peut-être par sa cruauté pour les Romains. Une révolte des Bretons, en excitant sa colère, redoubla les accès de sa maladie : dans ses derniers instants, il exhorta ses fils à la concorde, leur faisant lire devant lui le discours que Salluste prête à Micipsa mourant. La même exhortation devait avoir le même succès. Ses souffrances étaient si cruelles, que pour les abréger il demanda du poison, et, comme on lui en refusait, il surchargea son estomac d’aliments, qui l’étouffèrent. Il affecta pourtant de conserver son activité jusqu’au dernier soupir. Presque expirant, il donna pour mot d’ordre à un officier : Travaillons. Il disait à ceux qui environnaient son lit : « Voyons, qu’avons-nous à faire ? » II cherchait ainsi à se roidir et à se débattre contre l’anéantissement de la grandeur : c’est qu’il en sentait bien le néant. « J’ai été tout, s’écriait-il, et il ne m’en reste rien. » II mourut, après s’être fait apporter l’urne où devaient être déposées ses cendres, en disant : « Tu renfermeras celui que n’a pu contenir l’univers » Paul Duport. Même section > voir les 13 ARTICLES Saisissez votre mail, et appuyez sur OKpour vous abonner gratuitement Vos réactions Prolongez votre voyage dans le temps avec notreencyclopédie consacrée à l'Histoire de France Choisissez un numéro et découvrez les extraits en ligne ! Numéro ? Magazine d'Histoire de France N° 44 (traditions, légendes, fêtes, métiers, personnages...) Magazine d'Histoire de France N° 43 (traditions, légendes, fêtes, métiers, personnages...) Magazine d'Histoire de France N° 42 (traditions, légendes, fêtes, métiers, personnages...) 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