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Franche-Comté : origine et histoire du département Haute-Saône

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Départements français
Histoire des départements français. Les événements, histoire de chaque département : origine, évolution, industries, personnages historiques
Histoire du département de la Haute-Saône
(Région Franche-Comté)
Publié / Mis à jour le samedi 30 janvier 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 8 mn
 

Ainsi que les deux départements du Jura et du Doubs, celui de la Haute-Saône fut formé, en 1790,d’une partie de l’ancienne province de Franche-Comté. Le territoire qu’il occupe formait sa partie septentrionale, et cette circonscription reçut, à cause de cela, le nom de grand bailliage d’Amont. Gray en était la capitale.

Cette contrée, avant l’arrivée des Romains, était habitée par les Séquanais. On sait que les luttes de ce peuple avec les Éduens amena l’intervention romaine. Les ruines qu’on rencontre encore à Luxeuil et sur l’emplacement de l’ancienne Amagetobria attestent le séjour et la longue domination du peuple-roi. La Séquanie, dans laquelle était compris le département actuel de la Haute-Saône, fut incorporée, sous Auguste, dans la Germanie supérieure.

Quand les Burgondes franchirent le Rhin et descendirent les pentes des Alpes et du Jura, la Séquanie constitua une importante fraction du premier royaume de Bourgogne. Nous rentrons ici dans l’histoire de cet État, que nos lecteurs trouveront plus détaillée et moins incomplète dans notre notice sur la Côte-d’Or. Après avoir été conquise par Clovis et possédée quelque temps par les rois francs ses successeurs, la Séquanie échut à Lothaire, lors du démembrement de l’empire de Charlemagne.

On sait que cette époque fut le signal des usurpations féodales. Nulle part le pouvoir des comtes et des abbés ne fut plus indépendant que dans le comté de Bourgogne ; pendant plusieurs siècles l’autorité centrale est presque entièrement annulée ; la plupart des fiefs relevaient bien de l’empire d’Allemagne, mais cette dépendance n’était que nominale. C’est donc dans les annales des villes, dans les chroniques des puissants monastères qu’il faut chercher la vie historique de cette époque ; c’est a peine si son unité peut se rattacher à celle du duché de Bourgogne dans la grande phase des quatre derniers ducs.

Les populations des trois bailliages se prononcèrent bien plus énergiquement encore que celles de Bourgogne en faveur de l’héritière de Charles le Téméraire, contre les prétentions de Louis XI ; ce prince fit une rude guerre aux obstinés Comtois qui ne voulaient pas devenir Français. Nous suivrons dans les épisodes locaux, dans le siège des villes, la dévastation des campagnes, les traces de cette première lutte, qui se termina par l’incorporation de la Comté aux États d’Autriche.

Presque toutes les cités du bailliage d’Amont eurent leur part dans les calamités de cette période. Voici comment cette transformation est caractérisée par Eugène Rougebief, historien franc-comtois, dans son patriotique et savant ouvrage : « La Franche-Comté se trouvait pour la troisième fois séparée du duché de Bourgogne. Rendue à la maison d’Autriche par le traité de Senlis, on va la voir changer de maître et continuer son existence isolée. C’est en elle dorénavant que se personnifiera le génie de la vieille nationalité bourguignonne ; c’est elle qui s’en montrera la dernière expression ; et, lorsque viendra le jour où la logique de l’histoire aura marqué sa place dans le grand cycle de la France, elle gardera longtemps encore sa physionomie originale, son vieil esprit traditionnel. Nous venons de la laisser à la fin d’une lutte courageuse, et qui ne devait pas être la dernière.

« Aussi dévouée à ses princes que jalouse de ses libertés, la Franche-Comté, plus grande en sa réputation qu’en son étendue, comme a dit un historien, ne reculera devant aucun sacrifice pour rester digue de son antique renom et de l’estime de ses souverains ; elle va se soutenir pendant deux siècles avant de trouver son maître : encore faudra-t-il, pour la dompter, que la forte épée de la France vienne a trois reprises s’abattre sur elle, et les hommes qui la tiendront, cette épée, s’appelleront Henri IV, Richelieu, Louis XIV. »

Il n’avait point été difficile à Maximilien de rattacher à l’Autriche une province qui ne connaissait la domination française que par les rigueurs de Louis XI ou l’incapacité administrative de Charles VIII ; son fils, Philippe le Beau, devenu possesseur de la Franche-Comté par l’avènement de son père à l’Empire, resserra encore les liens d’affection qui attachaient les Comtois à sa maison. Il visita deux fois leur province, présida les états et confirma les privilèges de la bourgeoisie. Il avait épousé Jeanne, infante d’Espagne, et c’est de cette alliance que découlèrent plus tard lés droits de Charles-Quint sur la Comté.

L’intervalle qui sépara le règne de Philippe de l’avènement du grand empereur fut rempli par la régence de marguerite, deux fois veuve avant d’avoir été mariée, et qui laissa dans le pays un souvenir durable de ses qualités aussi aimables que solides. C’est à cette époque aussi que se rattache le grand mouvement suscité par les prédications de Luther et de Munzer. Leurs paroles trouvèrent de l’écho dans cette province, si hostile à toutes les oppressions ; mais les effets de la réforme religieuse furent amortis par la tolérance même qu’elle rencontra chez ses adversaires, et la révolte des paysans eut dans la Comté un caractère particulier qui la fait ressembler aux guerres des hussites plutôt qu’à la Jacquerie de France.

Le sol était raffermi quand Charles-Quint prit en main l’administration du pays que la comtesse sa tante avait si habilement gouverné. Il se conforma scrupuleusement aux instructions qu’elle lui avait tracées dans son testament ; il hérita surtout des sympathies profondes que Marguerite avait conservées jusqu’à sa mort pour la Franche-Comté.

Rien ne put jamais distraire le puissant monarque de la bienveillante sollicitude avec laquelle il veillait sur les destinées de cette province de prédilection. Chaque ville reçut quelque témoignage particulier de sa libéralité et de son affection ; c’est à des Comtois qu’il confia les postes les plus importants de son gouvernement ; à sa cour, dans son intimité, il aimait à se sentir entouré de ces fidèles Bourguignons, et l’histoire en cite un nombre considérable qui, par l’éclat de leurs services ou l’importance de leur position, ont participé à la gloire de son règne.

La mort de Charles-Quint mit un terme à cette ère de splendeur et de prospérité ; le fanatique Philippe II compromit au dedans et au dehors les destinées de la Franche-Comté. L’inquisition, établie par lui, fit couler des flots de sang, jeta la perturbation dans ces populations tolérantes et paisibles, excita les passions religieuses et entraîna le pays dans les luttes désastreuses du XVIe siècle.

En février 1595, le bailliage d’Amont fut envahi par six mille soldats lorrains, commandés par deux anciens capitaines ligueurs, d’Aussonville et Beauvau-Tremblecourt, qui promenèrent dans toute la contrée le pillage, le meurtre et l’incendie. Cette expédition livrait les clefs de la province à Henri IV, qui, quelques mois plus tard, y remportait la célèbre victoire de Fontaine-Française et se vengeait sur les habitants inoffensifs des justes griefs qu’il avait contre le roi d’Espagne. Ce n’était là encore que le commencement des épreuves auxquelles était réservé ce malheureux pays ; le traité de Vervins remit les choses dans .l’état où elles étaient avant la guerre, c’est a dire dans un provisoire plein de périls.

Richelieu reprit l’oeuvre de Henri IV, et le prince de Condé pénétra en Franche-Comté. Les haines séculaires de la France et de l’Espagne semblaient avoir adopté cette province pour champ clos ; c’est là, en effet, que se vidaient toutes les querelles ; mais plus la constitution de l’unité française rendait indispensable l’incorporation de ce pays, plus les habitants luttaient avec énergie et désespoir contre ce qu’ils appelaient la domination de l’étranger et la perte de leur indépendance.

La résistance aux efforts de Richelieu, guerre de dix ans, amena successivement dans le pays les plus illustres capitaines du temps ; après Condé, ce furent Turenne, Villeroy, Longueville et ce prince de sanglante mémoire, Bernard de Saxe-Weimar, le fléau du bailliage d’Amont, pillant, rançonnant, dévastant tout sur son passage ; il ne s’attaquait qu’aux petites places ; il prit Jonvelle, Jussey, Champlitte, Pierrecourt, et, comme les habitants de ce village avaient tué quelques hommes de son avant-garde, il livra les habitations aux flammes et passa la population au fil de l’épée.

Aux attaques incessantes qui s’acharnaient contre elle, la Franche-Comté opposa victorieusement l’indomptable énergie de quatre villes, Hâle, Gray, Salins et Besançon, qui repoussèrent tous les assauts comme elles rejetaient toutes les offres de capitulation ; le génie patriotique de deux capitaines comtois, le baron d’Amans et Lacuzon, qui se maintenaient dans les montagnes et qu’aucun échec ne pouvait ni abattre ni décourager ; enfin, l’héroïque et mâle courage d’une femme, de la jeune et belle comtesse de Saint-Amour, dont l’exemple entraînait sur les remparts des villes assiégées les mères, les femmes et les filles des combattants.

Louis XIV n’aurait sans doute pas été plus heureux que Henri IV et Richelieu, si, comme eux, il n’avait eu recours qu’a la force de ses armes ; mais, profitant de la position qu’avait maintenue la paix de Munster, en 1648, laissé en possession de plusieurs places au cœur du pays, il fit de la le siège des consciences, et toutes ne furent pas imprenables comme les glorieuses cités comtoises.

Éblouis par les pompes de Versailles, gagnés peut-être aussi par d’autres séductions, l’abbé de Watteville pratiqua la noblesse, d’Aubépin fit circonvenir la bourgeoisie des parlements ; le peuple, trahi par ses anciens chefs, abandonné par l’Espagne épuisée, n’eut mémo plus à défendre ses forteresses, que les gouverneurs livraient a prix d’argent. Le 4 juillet 1674, dernier effort de la nationalité comtoise, la ville de Faucogney succombait après trois jours d’assaut, les habitants étaient passés par les armes, la conquête était accomplie, et Louis XIV pouvait se faire représenter sur un arc de triomphe en conquérant et en dominateur de la Franche-Comté.

Nous avons ailleurs caractérisé son règne et celui de ses successeurs ; c’est un sujet sur lequel il serait plus pénible encore qu’inutile de revenir. Si le bailliage d’Amont ne fut français réellement et de coeur que depuis 1789, il a pris dès lors une bonne et glorieuse place dans la nouvelle famille ; le bataillon de la Haute-Saône en 1792, les patriotes comtois en 1814 et 1815 ont scellé de leur sang le pacte d’alliance qui les unit pour toujours à la France. L’année 1870-1871 réservait à ce département une nouvelle et douloureuse occasion de montrer son patriotisme.

A la fin de la notice historique que nous avons consacrée au département du Doubs, nous avons raconté les événements de la guerre franco-allemande qui ont eu pour théâtre le territoire de ce département, c’est-à-dire de la lamentable retraite de la première armée de la Loire vers la frontière, suisse, après les combats d’Héricourt et de Montbéliard. Nous nous proposons de reprendre notre récit un peu plus haut et de faire connaître les faits militaires concernant la même armée, qui se sont accomplis à cette époque dans le département de la Haute-Saône, notamment les batailles de Villersexel et d’Héricourt.

Dès le 3 janvier 1871, la première armée de la Loire devenue l’armée de l’Est, placée sous les ordres du général Bourbaki, se mettait en mouvement. Le général en chef prenait ses dispositions pour se porter sur Belfort et débloquer cette place, assiégée par le général allemand de Werder, commandant le XIVe corps ou corps d’opérations d’Alsace.

A cette date, Vesoul était occupé par les troupes du mye corps, une brigade badoise était à Gray, la division Schmeling à Villersexel, à l’embranchement des routes de Dijon, Gray et Vesoul sur Montbéliard et Belfort. Héricourt était gardé par divers détachements ennemis. Le 4 janvier, la division Cremer reçoit l’ordre de marcher sur Vesoul ; mais les avant-postes français rétrogradent sur Gray, et notre armée se dirige directement sur Belfort. Le général de Werder manoeuvre de façon à couper la route de l’armée française, qui était, hélas ! très mal équipée et mal nourrie.

Le 8 janvier, celle-ci était signalée à Montbozon, et les deux armées, suivant deux routes convergentes, se trouvaient à 20 kilomètres environ de Villersexel où ces routes se croisaient. Le 9, la division Schmeling enlevait Villersexel ; mais l’armée française arrivait successivement et se présentait devant la petite ville fortement retranchée par les troupes allemandes A dix heures du matin, le combat s’engage et se prolonge jusqu’à dix heures du soir.

La ville, clef de la position et qui a donné son nom a la bataille, est prise et reprise et finit par nous rester. Le général Bourbaki déploya dans cette journée sou audace habituelle, menant lui-même au feu ses colonnes d’attaque. Nous restons maîtres des positions ; l’ennemi, abandonnant le champ de bataille, se retire sur Lure, au nord, et de là rejoint le corps de blocus devant Belfort, amenant au général de Werden un renfort urgent. La présence du général Cremer sur la route de Vesoul à Lare eût amené un désastre pour l’ennemi ; malheureusement, un froid de 18° au-dessous de zéro avait retardé le jeune et vigoureux général, qui le 8 seulement quittait Dijon, et l’empêchait d’arriver a temps pour la bataille du lendemain. Les Allemands perdirent plus de 1 000 hommes à la bataille de Villersexel.

Le 10 janvier, le général français laisse reposer ses troupes exténuées ; le 11, il reprend sa marche vers les positions ennemies de la Lisaine, mais avec une grande lenteur, tant le froid est intense. Le 13, l’armée française repoussait à d’Arcey, à 20 kilomètres de Villersexel et à 15 de Montbéliard, les avant-postes allemands ; sa gauche était devant Lure et forçait le colonel Willisen de se replier, le 14, sur Ronchamp.

Pendant la nuit du 14 au 15, le thermomètre descend à 17° au-dessous de zéro. Dès le matin pourtant, Bourbaki recommence ses attaques contre les lignes de la Lisaine, et essaye d’enlever d’abord Chagey, à la droite des Allemands. Repoussé, il tente inutilement jusqu’au soir de percer la ligne à Lure et à Héricourt.

« La canonnade ne discontinue pas, écrit l’auteur de l’ouvrage intitulé : la Guerre au jour le jour (1870-1871). Vers midi, une vigoureuse attaque est dirigée sur le centre de la position de Werder, a Busserel et a Béthancourt. Les chemins sont détestables et glissants. La division Cremer, retardée par la marche sur la gauche du XVIIIe corps, ne peut entrer en ligne qu’à trois heures. En résumé, pendant celle journée, nous tentons vainement d’enfoncer le centre et nous couchons sur nos positions. »

Le 16, la bataille recommence au point du jour, du côté d’Héricourt et de Busserel, puis près de Montbéliard. Le 17, après avoir combattu de huit heures du matin à quatre heures du soir, après une lutte héroïque de trois jours, le général en chef reconnaît l’impossibilité de forcer le passage et ordonne la retraite. L’ennemi, dont les troupes sont aussi fatiguées que les nôtres, n’ose nous poursuivre. Le général Bourbaki apprend alors que le XVIIe corps allemand menace ses lignes de retraite ; il donne ses ordres pour hâter la marche de l’armée sur Besançon, ne se dissimulant pas l’épouvantable position dans laquelle il va se trouver.

On sait le reste. Notre armée, décimée et en désordre, ne put se réorganiser et dut se résigner à passer désarmée la frontière de la Suisse hospitalière. Les pertes occasionnées au département de la Haute-Saône par l’invasion se sont élevées au chiffre considérable de 13 825 505 fr. 86.

 
 
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