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Légendes, croyances : superstitions en Normandie

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Légendes, Superstitions
Légendes, superstitions, croyances populaires, rites singuliers, faits insolites et mystérieux, récits légendaires émaillant l’Histoire de France
Superstitions normandes
(D’après un récit paru en 1846)
Publié / Mis à jour le mercredi 6 octobre 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 11 mn
 

Le jour de l’Épiphanie, lorsqu’on s’apprête à manger le gâteau des Rois, un enfant se glisse sous la table. On lui crie alors phoebe Domine, pour qui la part ? Il répond d’abord : pour le bon Dieu, et ensuite pour tel ou tel. On donne la part de Dieu au premier pauvre qui se présente, et s’il y a un membre de la famille absent, on garde soigneusement sa part dans une armoire. S’il se porte bien, le gâteau demeure sain, et s’il meurt, il se gâte tout à fait. Celui qui a la fève est le roi de la fête. Aux Saturnales, les Romains tiraient aussi au sort, avec des fèves, pour se donner un roi dans la solennité du banquet.

Dans l’Orne, on nomme Trefouet la bûche de Noël, on répand dessus de l’eau bénite, elle doit durer les trois jours de la fête, et l’on conserve ce qui reste pour le mettre au feu lorsqu’il tonne. Ce tison préserve à la fois du tonnerre et des sorciers. Le charivari se donne, dans la Normandie, au mariage des veufs, et dans quelques autres circonstances où l’on peut exprimer un blâme publique. On s’y déguise de diverses manières, et surtout sous des figures d’animaux sauvages.

La Taranne est un animal mystérieux, de la forme d’un chien, mais plus grand, très maigre et très sec. Il passe son temps à dévorer les chiens et s’amuse à les faire crier. Il se montre ordinairement dans les nuits d’hiver. Il y a aussi la Piterne, qui n’est connue que de nom ; mais on place de certaines gens en sentinelle pour la saisir. On appelle Letites ou Létiches, de petits animaux d’une blancheur éclatante, qui ne se montrent que la nuit et disparaissent dès qu’on les approche. Ils ne font aucun mal, et selon l’opinion commune, ce sont les âmes des enfants morts sans baptême.

Pendant la célébration de la messe de minuit, tous les animaux se mettent à genoux ; mais il serait imprudent d’aller dans les étables pour s’en assurer et l’on s’exposerait à être battu par eux.

Un morceau de pain qui a été bénit à chacune des trois fêtes de Noël préserve de l’orage et des chiens enragés ; mais si l’on donne de ce pain à ceux qui ne le sont pas, ils le deviennent aussitôt. Le pain bénit de Pâques garantit des sorciers. Les sorciers sont très communs en Normandie, et l’on pense qu’ils se trouvent principalement parmi les bergers. C’est surtout aux avents de Noël que leur puissance est le plus redoutable, et cette époque est également celle des esprits et des revenants. Les âmes des personnes qui ont commis de grandes fautes, se montrent alors chaque nuit, aux mêmes heures, jusqu’à ce que, à force de prières et de messes, on les ait délivrées. Ces revenants ont le même son de voix que de leur vivant ; mais on ne peut les toucher. Il y a aussi des esprits qui habitent certaines maisons, y font beaucoup de tapage et déplacent tous les meubles. D’autres, enfin, apparaissent sous des formes hideuses, d’hommes ou d’animaux, pour inspirer encore une plus grande crainte. Les Grecs avaient aussi leurs Mormones, qui prenaient la forme d’animaux féroces pour inspirer la terreur.

Le Gobelin est un génie familier, malicieux, qui se revêt de diverses manières pour faire ses espiègleries ; mais qui est bon diable d’ailleurs, et n’exige pas trop de ceux qu’il lutine.

Les esprits servants ont plus particulièrement la forme d’un nain. Ils aident volontiers les laboureurs dans leurs travaux, et les jeunes filles au temps de la récolte. Dans les ménages, cependant, si les servantes qu’ils protègent viennent à oublier de leur jeter à manger, sous la table et de la main gauche, alors ils ne manquent pas de se venger en mettant tout en désordre.

Des trésors existent dans tous les châteaux en ruines ; mais ils sont la propriété du diable. Ils sont gardés par des chiens noirs qui les font quelquefois découvrir. Lorsqu’un de ces animaux se présente chez un habitant, et qu’on lui a fait faire un bon repas, il invite alors son hôte à le suivre et le conduit à l’endroit où il faut fouiller. Néanmoins, il faut, avant de se mettre à cette besogne, s’y préparer par le jeûne et la prière, et lorsqu’elle est commencée, on ne doit pas, quelle que soit sa durée, l’abandonner un seul instant ; car on perdrait tout le fruit de sa peine.

Il y a aussi des trésors cachés dans les cimetières, sous les grosses pierres, etc. C’est toujours le diable qui en est le gardien, et pour l’emporter sur lui, on ne peut se dispenser de recourir à la sorcellerie. On peut, par exemple, poser un objet sacré sur ce trésor, ou bien jeter dessus de l’eau bénite, ou enfin le faire tirer par un vieux cheval, qui détruit toujours le maléfice ; mais il ne manque pas non plus de périr dans l’année.

Les fées habitent les cavernes, et se plaisent à rendre service, pourvu que l’on se montre discret à leur égard. Elles aiment à se promener sur le cou des chevaux et à danser dans les lieux écartés où l’on trouve le matin, la trace du rond qu’elles ont formé. Les Dames blanches se montrent au bord des fontaines et au pied des rochers. La Bête Avette est une fée des fontaines qui aime beaucoup les enfants, et qui les noie pour les garder avec elle.

Il y a des Dragons blancs, rouges ou noirs, qui apparaissent quelquefois dans les airs et enlèvent certaines gens. Cette tradition de Dragons vient sans doute de l’Orient, puisqu’il est parlé de ces animaux fabuleux dans les contes arabes, indiens, chinois et persans.

On croit qu’il y a des femmes qui, par suite de rapports criminels avec les démons, mettent au monde des espèces de monstres qui, dès qu’ils sont nés, se sauvent sous le lit en grimaçant. C’est ainsi, dit-on, que naquit l’enchanteur Merlin. En Allemagne, on nomme ces enfants-là Killerops.

On fait un grimoire qui rend de très grands services à celui qui en est porteur ; mais pour qu’il eût toute sa puissance, il faudrait, ce qui n’arrive pas, qu’il eût été baptisé par un prêtre et nommé comme un enfant. Le prêtre qui ferait la cérémonie, conjurerait alors toutes les puissances infernales d’exécuter ponctuellement tout ce qui leur serait commandé en vertu du livre baptisé et les obligerait d’envoyer un de leurs pour le signer au nom de tous et y apposer le cachet de l’enfer. Celui qui serait muni de ce livre pourrait ensuite commander à toutes les légions d’esprits avec la certitude d’être promptement obéi.

Les cierges bénits ont aussi une merveilleuse puissance pour chasser les démons et les sorciers ; toutefois, on les allume également pour préparer des maléfices.

On a la criminelle superstition de consacrer sept hosties à Noël, ou dans la semaine sainte, pendant sept années consécutives, afin de composer des sorts très puissants. Faire le signe de la croix de la main gauche avant de jouer, porte bonheur. On a aussi des formules qui ont une grande puissance dans le même cas.

Durant la procession des Rameaux, et surtout au moment où le curé met du buis à la croix, on examine de quel côté vient le vent, pour savoir si on aura du blé, de l’herbe ou des pommes. Pour conserver longtemps une grande fraîcheur, il faut se laver avec de l’eau prise à la rivière le jour de Pâques, avant le lever du soleil. L’eau bénite de la Pentecôte est préférable à celle de Pâques pour préserver de l’orage ; mais celle de Pâques vaut mieux pour éloigner les sorciers. On doit faire provision de l’une et de l’autre.

La foudre ne frappe jamais l’épine blanche, parce que la couronne du Christ était faite de cet arbuste. Les fleurs cueillies le jour de la Saint-Jean ne flétrissent jamais. On fait surtout des couronnes avec l’armoise qui préserve de la foudre et des voleurs. Il en est de même de la verveine. Se rouler ce jour-là, le matin, dans la rosée, ou se baigner dans une fontaine, guérit de la gale et de toutes les maladies cutanées.

Le tintement des oreilles désigne qu’on parle de nous : si cela a lieu à l’oreille droite, c’est un ami ; si on l’éprouve à la gauche, c’est un ennemi. Les Romains tiraient le même présage de ce tintement. Tomber ou faire un faux pas, lorsqu’on sort pour terminer une affaire, est d’un très mauvais augure. Le sel purifie toute chose, chasse les maléfices, et c’est un signe de malheur que de renverser une salière. Les Romains, qui employaient le sel dans les augures, trouvaient aussi que c’était un mauvais présage que de le renverser.

Lorsqu’on sort le matin pour la première fois, il n’est nullement indifférent de porter tel ou tel pied le premier dehors. Le pied gauche est un signe de bonheur quand on rentre ; et le pied droit signe la même chose quand on sort. Si l’eau commence à tomber un mardi, un mercredi ou un vendredi, elle continuera tout le reste de la semaine. Si elle commence un dimanche, elle durera huit jours. Selon tel ou tel jour qu’elle tombe dans l’année, c’est un signe d’abondance ou de disette. Il ne faut pas tailler ses ongles un mardi, un mercredi ou un vendredi, parce qu’il pousserait de petites pellicules nommées envies ; et de plus il arriverait quelque malheur.

Quoique le vendredi passe pour un jour funeste, il ne faut pas cependant mettre de l’eau dans le cidre un autre jour que celui-là ; car la liqueur deviendrait aigre. Si l’on prend une chemise le vendredi, on mourra dedans. Un prêtre qui a reçu pendant sa vie de l’argent pour dire des messes qu’il n’a point dites, vient les célébrer après sa mort et même achever les mots qu’il avait oubliés. Ce sont certains curés et les bergers qui font paraître les orages. Si l’on tire sur la nuée la plus noire, avec une balle bénite, il en tombera infailliblement un sorcier.

Si l’on met des œufs ardrés dans du fumier de cheval, il en naîtra un serpent. Il faut alors le tuer lorsqu’il est encore petit ; car plus tard il causerait de grands dommages. Son huile sert à composer des maléfices. Lorsqu’il se forme de petites ramifications à une chandelle, il faut examiner de quel côté elles sont placées ; car bientôt on doit recevoir une nouvelle ou une visite du même côté.

On se masque rarement dans le carnaval, parce que le diable a souvent enlevé des jeunes gens qui s’étaient déguisés. Néanmoins, dans quelques communes, les mascarades sont en usage et même très en faveur parmi la jeunesse. Les anciens avaient aussi des mascarades, particulièrement aux Saturnales ou fêtes de Bacchus, aux Lupercales, et à la fête de la mère des dieux, qu’on appelait Megalesia. Ovide les fait remonter jusqu’à Hercule, qui, pour causer de la peine à Faune, prit un jour les habits de la belle Lyda sa maîtresse, et lui donna un rendez-vous dans une grotte obscure. Faune ayant reconnu la tromperie s’en retourna plein de confusion.

Lorsqu’on mange des harengs, on jette la laite au plancher : si elle s’y attache, c’est qu’on aura un habit neuf à Pâques ; dans le cas contraire on n’aura rien. C’est aussi un excellent moyen pour savoir si l’on réussira dans une affaire. Quand une louve mes bas ses petits, elle donne aussi le jour à un chien. Lorsqu’ils sont tous grands, ou du moins assez forts pour vivre seuls, elle les conduit à un ruisseau, et, à la manière de boire, elle reconnaît le chien qu’elle dévore sur-le-champ.

Les laitières se servent d’un vase d’airain pour traire les vaches lorsqu’elles arrivent d’une foire. Ce métal les préserve des sortilèges, et a la propriété d’attirer une plus grande quantité de lait. Lorsqu’on doit porter le lait à la ville, ou bien lorsqu’on veut le donner à des voisins, on a soin de mettre dessus un peu de sel, pour détruire les sorts que l’on voudrait jeter sur les animaux qui l’ont fourni. Pour éviter ces sorts, on suspend aussi un petit sac rempli de sel à la corne de la vache ; et pour lever ceux qui ont été donnés, on mène la vache à une foire, ou bien on a recours à un sorcier.

Avant la révolution de 1793, on publiait des Monitoires, que l’on appelait aussi Quérémonies, contre le malfaiteur qui n’avait pu être découvert et ceux qui le connaissaient, mais qui ne voulaient pas le livrer. Si le criminel ne se présentait pas à la troisième publication, il appartenait au diable et courait le Loup-garou ; car alors on le débaptisait, et ceux qui le cachaient avaient le même sort. Tous les soirs, après le coucher du soleil, le malheureux se revêtait d’une peau de loup, qu’on appelle Hère ou Hure, et le diable, à qui il était échu en partage, le fouettait cruellement au pied de toutes les croix et au milieu de tous les carrefours. Du reste, pour délivrer un loup-garou, il faut lui porter sur le front trois coups de couteau bien appliqués. Si le sang coule, le loup-garou est sauvé, sa Hère tombe. D’autres personnes pensent qu’il ne faut tirer que trois gouttes de sang. Le loup-garou court de trois à sept ans : si on manque à le délivrer, ce temps recommence.

Pour faire passer le lait aux femmes ou aux animaux qui en ont, il faut leur faire un collier de liège. Le lait d’une femme qui a eu deux enfants au plus, sert à composer des sorts très puissants pour opérer toutes sortes de sortilèges et d’enchantements. Le septième garçon ou la septième fille, et leurs descendants jusqu’au quatrième degré, guérissent du Carreau, en passant la main sur le ventre du malade ; mais il vaut encore mieux toutefois faire dire une messe en l’honneur d’un saint. La personne qui touche a de longues prières à réciter ; et, celle qui a été touchée, en est quitte pour quelques Pater et quelques sous.

Couper la galette faite à la fouée empêche le pain de cuire ; il faut la rompre. Un homme damné mange après sa mort le suaire qui lui couvre le visage, et ce malheureux pousse dans la tombe des cris sourds et effrayants. On conserve les glanes de la moisson jusqu’à l’année suivante. On conserve également, pendant une année, les couronnes de la Saint-Jean et le morceau de gâteau des Rois.

On donne le nom de Faulaux au gaz inflammable qui se fait apercevoir dans les lieux marécageux. On dit que ce sont des âmes damnées qui cherchent à entraîner les voyageurs dam des précipices ou dans l’eau. Les Anglais nomment ces feux Wisp ; les Irlandais, Miscaun marry ; et les Allemands, Heerswifels. Les anciens les appelaient Dioscures, lorsqu’ils apparaissaient autour des mâts et des agrès des navires : s’il y en avait deux, c’était signe de beau temps ; un seul présageait la tempête.

Lorsqu’on voit tomber un météore, connue sous le nom d’étoile qui file, c’est que quelqu’un meurt au même instant, et que son âme monte au ciel. Dans ce cas, il faut faire le signe de la croix, et réciter un Pater et un Ave. On appelle Chasse Annequin, une troupe d’esprits qui traverse les airs, en poussant des cris aigus et prolongés. D’après la tradition, cette chasse a pour origine un prêtre qui, pour avoir eu ainsi qu’une religieuse une pensée profane sans en avoir fait pénitence, fut condamné avec la none à courir les airs de toute éternité. Si l’on rencontre un chien noir le matin, en sortant pour la première fois, il faut rentrer aussitôt sans terminer aucune affaire, parce que le chien noir est d’un mauvais présage. Il est bon aussi de ne point voir pour première personne celle qui est habillée de noir.

Dans les repas des gens de la campagne, lorsqu’il y a une oie, on lui coupe d’abord le croupion, et l’on fait à celui-ci trois pieds avec des petits morceaux de bois. Ensuite, on le bannit, c’est-à-dire que celui qui boit sans discontinuer le plus grand nombre de verres de cidre, l’obtient. Lorsque les étincelles du bois qui pétille dans le foyer sont vives et nombreuses, c’est signe de guerre ou de discordes quelconques. L’odeur de la fumée chasse l’orage.

Les enfants qui n’ont pas sept ans accomplis sont toujours exposés à être enlevés par des sorciers ou par des vieillard qui les emmènent dans des souterrains et les mangent. Les Grecs avaient aussi un démon femelle, nommé Gello, qui tourmentait les petits enfants.

On appelle corde au beurre une corde composée d’un grand nombre de noeuds, préparée par un sorcier, et que l’on attache au pied gauche de derrière d’une vache. On conduit celle-ci par les chemins les plus fréquentés, et l’on est persuadé qu’elle se procure ainsi tout le beurre qu’auraient donné les vaches qui sont passées dans le jour par le même lieu. Cette opération est connue sous le nom de traîner la corde.

Les gens de la campagne sont persuadés qu’ils ont rencontré plusieurs fois, dans la nuit, des béliers noirs qui vomissent des flammes, des chats noirs dont les yeux étincellent, des lapins blancs suspects, des taureaux rouges à cornes épouvantables, et des chiens noirs immobiles dans les lieux où il y a des trésors.

Il ne faut point vendre les abeilles, mais les échanger ou les donner. Celles qui sont volées ne profitent pas au voleur. Quand quelqu’un meurt dans la maison, on attache un morceau d’étoffe noire à la ruche ; car elles périraient dans l’année si on ne leur faisait pas porter le deuil. Ces insectes n’aiment pas à entendre jurer, et ils punissent à coups d’aiguillon celui qu’ils entendent blasphémer. Tuer les abeilles sans nécessité, c’est perdre la bonne chance et compromettre son bonheur.

Il est défendu de manger des œufs le vendredi et le samedi de la semaine sainte, car presque toujours ils renferment des crapauds ces jours-là. On vend dans les foires des amulettes, tels que bagues de saint Hubert, petits livres sacrés, etc., qui garantissent des chiens enragés et des sorciers.

Afin qu’une vache puisse concevoir, on ne manque jamais à la pratique de la frapper sur le flanc de trois coups d’une baguette de coudrier, ou de fendre en quatre le bout de sa queue, ou de lui appliquer sur les reins une poignée de boue, ou d’y jeter un seau d’eau fraîche, ou enfin de les lui frotter. On lui fait manger du sel ou du buis bénit pour la préserver des sorciers. De peur qu’une vache qu’on vient d’acheter n’ait reçu un sort qui l’empêche de donner du beurre, on lui met du sel fondu au pis et à la naissance de la queue, ainsi que dans le vase où on doit la traire pour la première fois. Lorsque, par une cause quelconque, une vache ne produit plus de crème, on attribue cet accident à un sorcier, et l’on va trouver un autre sorcier pour lever le sort.

Mettre en dedans la boucle de l’éperon, quand on monte à cheval, est un moyen infaillible pour ne point rencontrer de sorcier pendant son voyage. Pour échapper aussi à l’atteinte des sorciers, il suffit de mettre son bas à l’envers. Le buis bénit le jour des Rameaux préserve une maison de la foudre et des sorciers ; et si l’on peut s’emparer de la branche que le curé a attachée à la croix, on fait du beurre tant que l’on veut.

Si un cochon meurt de mort naturelle, c’est un présage sinistre, c’est-à-dire qu’il ne doit pas tarder à mourir quelqu’un aussi dans la nature. Une corde de pendu porte bonheur. Il en est de même des rognons de porc ou de chien desséchés, et de la tête de l’insecte appelé cerf-volant. On croit que le son des cloches chasse les mauvais esprits et préserve de la fondre et de la grêle. Lorsqu’un cheval s’enfonce un clou dans le pied, il faut aussitôt ficher ce clou dans un chêne : c’est une recette pour qu’il ne vienne pas de mal au pied de ce cheval.

Le Rebet ou troglodytes, que l’on nomme aussi l’oiseau de Dieu, est très respecté, parce qu’il a apporté, dit-on, le feu du ciel, et l’on est convaincu qu’il arriverait quelque malheur à celui qui le tuerait. La poule qui imite le chant du coq, chante sa mort ou celle de son maître ; aussi, dans ce cas, pour éviter tout danger, on ne manque pas de la tuer à l’instant. Entendre à jeun, au printemps, chanter un coucou pour la première fois de l’année, et avoir par hasard de l’argent sur soi, c’est un signe certain qu’on en aura toute l’année. La chouette, nommée par les Normands Fresas, ou Fresaie, a le pouvoir d’annoncer infailliblement la mort.

Les troupes de corneilles qui crient en l’air marquent la famine ; celles qui se battent annoncent la guerre ; et, par la direction de leur voix ou les inflexions de leur voix, elles présagent aussi la famine ou l’abondance. C’est un mauvais augure que d’en voir à son lever, et dans ce cas il est prudent de n’entreprendre aucune affaire importante. Le criquet porte bonheur à la maison dans laquelle il se réfugie, et où il fait entendre son chant. Si une araignée descend sur quelqu’un en filant, c’est un présage de bonheur. Le chat est l’image du diable, que l’on suppose se montrer souvent sous la forme d’un chat noir. Le crapaud est l’ami de l’homme, et lui faire du mal, c’est attirer volontairement quelque malheur.

Tous les jours ne sont pas bons pour la saignée : il faut l’éviter les mardi, mercredi et vendredi, surtout pendant la canicule. Les Normands disent :

La saignée du jour Saint-Valentin
Fait le sang net soir et matin.
La saignée du jour au devant
Garde des fièvres pour constant.
Le jour Sainte-Gertrude bon fait
De faire saigner du bras droit :
Celui qui ainsi le fera,
Les yeux clairs reste année aura.

On guérit les verrues en les frottant avec un limaçon rouge ; il faut ensuite l’enfiler avec une épine et l’y laisser suspendu. A mesure qu’il pourrit les verrues disparaissent. La morsure d’un chien se guérit avec son poil.

 
 
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