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Coutumes et traditions : fêtes révolutionnaires. Fédération, Constitution, Prise de Toulon, Raison, Mort de Louis XVI, Jeunesse, Victoire, Epoux, Agriculture, Souveraineté du peuple

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Coutumes, Traditions
Origine, histoire des coutumes, traditions populaires et régionales, fêtes locales, jeux d’antan, moeurs, art de vivre de nos ancêtres
Fêtes révolutionnaires
(D’après « Revue de la Haute-Auvergne » paru en 1906) )
Publié / Mis à jour le mardi 5 octobre 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 9 mn
 

Dans l’ouvrage Névrose révolutionnaire paru au début du XXe siècle, on peut lire en ce qui concerne les fêtes révolutionnaires, le passage suivant : « Un proverbe connu dit que chez nous tout se termine par des chansons, sous la Législative et la Convention, tout se traduisait par des fêtes : Fêtes de la Fédération en souvenir du 14 juillet 1789, celle du 10 août 1792 rappelant la chute de la royauté, celle de la fondation de la République. Enfin celles que la Convention voulait substituer aux fêtes catholiques célébrant la jeunesse, le mariage, la maternité, le printemps, la moisson, etc. La fête de l’Etre suprême, culte dont Robespierre devint le pontife et dont il développa la doctrine dans son célèbre rapport à la Convention du 18 floréal an II. La fête de la Raison, érigée par Hébert et Chaumette, les membres de la Commune, qui passaient pour athées et qui se crurent obligés d’ériger en dogme leur philosophie, d’en consacrer la puissance par un rituel, par des offices et par des cérémonies liturgiques ».

Les registres des délibérations municipales de la commune de Laroquebrou durant cette période, confirment en tous points cet exposé et témoignent que la célébration de ces fêtes avait lieu même dans les petites villes éloignées ; on pourra s’en convaincre par les extraits suivants qui proviennent de ces registres.

Fête en l’honneur de la réunion des 3 Ordres
Le 12 juillet 1789, les citoyens de la ville de Laroquebrou, réunis, manifestent leur satisfaction de la réunion tant désirée des trois ordres et conviennent qu’il sera fait des réjouissances publiques pour manifester leur joie de cet événement.

Fête de la Fédération
Le 1er juillet 1790, le procureur de la commune, s’adressant aux officiers municipaux, dit : « Notre ville, à l’exemple de toutes celles du Royaume, vient de donner à l’Assemblée nationale, au Roi, à la Nation et à la Milice parisienne une preuve de son affection, de son courage et de son désir de maintenir la Constitution par la députation qu’elle a envoyée à Paris à la Fédération générale. Cette réunion va cimenter l’alliance entre tous les Français. Ne serait-il pas à propos de cette brillante fête d’inviter tout notre canton à se rendre ici ce même jour pour renouveler le serment fédératif à midi précis, heure à laquelle il le sera dans la capitale ».

Sur quoi la matière mise en délibération il est unanimement arrêté qu’il serait écrit à toutes les municipalités du canton pour les inviter de se rendre à Laroquebrou le 14 du mois, avec leurs communes, pour prêter le serment fédératif. Dans la lettre de convocation adressée il y est dit que ce jour de la Fédération doit être regardé comme le plus beau de la vie, puisqu’il est l’époque de la liberté. Le 13 juillet, ordre est donné aux officiers de la garde municipale de faire tous préparatifs et donner les ordres nécessaires pour que la garde nationale soit en état de se présenter le lendemain à l’heure indiquée, pour la prestation du serment fédératif. Les refusants seront rayés du tableau civique et déclarés réfractaires suivant le décret de l’Assemblée nationale.

Le 14 juillet les membres composant la municipalité et les députés des 21 communes composant le canton, à l’exemple de la capitale et de toutes les villes du royaume, ont prêté ce jour, publiquement, ainsi que tous les habitants de la ville, le serment de maintenir la Constitution du royaume, d’être fidèles à la Nation, à la loy et au Roy. La garde nationale étant sous les armes, il a été tiré les quatre pièces de campagne et allumé un grand feu de joie. L’anniversaire de cette fête est célébré les années suivantes à la même date du 14 juillet.

Fête de la Constitution
Le 28 octobre 1791, la municipalité de Laroquebrou assiste en corps à l’église paroissiale à un Te Deum solennel pour témoigner à Dieu la reconnaissance de l’acceptation que le roi vient de faire de l’acte constitutionnel. Le maire lit ensuite la proclamation sur la place publique et aux divers carrefours de la ville en présence de la garde nationale, les cloches sonnant et le canon se faisant entendre. Le soir de cette journée il est allumé un grand feu de joie et tiré un feu d’artifice.

Fête nationale en l’honneur de la prise de Toulon
Le 20 nivôse an II de la République, le Conseil général de la commune, conformément au décret de la Convention nationale prescrivant la célébration d’une fête nationale en l’honneur de la prise de Toulon, arrête le programme de la fête comme il suit :
1° Le premier décadi de nivôse il sera célébré, à Laroquebrou, une fête nationale où tous les corps assisteront.
2° La fête sera annoncée au peuple par une pièce d’artillerie ; un drapeau tricolore sera hissé au haut de la maison commune.
3° A 4 heures du soir, il sera fait un feu de joie qui sera annoncé par une pièce d’artillerie, deux membres de chaque corps y mettront le feu, on dansera la farandole autour et on chantera des couplets civiques.
4°Il sera tiré une pièce d’artillerie à cinq heures et demie du soir pour annoncer le festin civique qui aura lieu à six heures. On y boira à la santé de nos braves défenseurs et à leurs héroïques vertus, à nos infatigables représentants, et à tous les bons sans-culottes de la République.
5° Après le repas, il y aura des réjouissances générales, de même qu’une illumination.

Fête de l’Être suprême
Le 18 prairial an II de la République, le Conseil général étant réuni, un membre portant la parole dit : « Citoyens, la Révolution française a terrassé l’aristocratie, elle fait la guerre aux tyrans, elle ne reconnaît d’autre dépendance que celle de l’Être suprême et d’autre lien social que celui de la Fraternité. Les despotes ont attaqué la liberté par le modérantisme et la fureur, mais c’est en vain, puisque l’idée de l’Être suprême et de l’immortalité de rame sont gravés dans le cœur des Français en caractères ineffaçables. La Convention nationale l’a si bien reconnu que malgré les pièges des ennemis de la liberté elle a décrété qu’il serait célébré une fête en l’honneur de l’Être suprême le 20 prairial et a demandé que le Conseil s’occupât des dispositions de la cérémonie ».

La discussion ouverte et l’agent national entendu, le Conseil arrête :
ART. 1 - Le 20 prairial prochain, il sera célébré une fête en l’honneur de l’Être suprême.

ART. 2 - Les détails et l’ordre de la cérémonie seront arrêtés ainsi qu’il suit :
1° A 8 heures, la fête sera annoncée par une salve d’artillerie.
2° A 9 heures, les tambours annonceront dans toutes les parties de la commune l’heure à laquelle les citoyens de tout âge et de tout sexe devront être rendus sur la place de la Liberté.
3° Le commandant de la garde nationale formera autour du drapeau un peloton composé de douze jeunes citoyens armés.
4° Ce peloton sera entouré de citoyens et de citoyennes ; les citoyennes, au nombre de six, porteront des bouquets, elles seront accompagnées de leurs filles qui porteront des corbeilles de fleurs, les citoyens seront accompagnés de leurs fils qui porteront des branches de chêne.
5° Le reste des citoyens se formera en colonne sur deux de front de chaque côté du peloton ; les hommes tiendront la droite, les femmes la gauche, les officiers tiendront le centre de la colonne pour maintenir le bon ordre.
6° Au centre sera un enfant qui portera un oriflamme sur lequel sera inscrit en gros caractères : A L’ÊTRE SUPRÊME.
7° A côté des tambours sera un groupe composé de mères et épouses des défenseurs de la patrie ; elles porteront à la main une branche de laurier.
8° Entre les tambours, sept vétérans ou citoyens âgés de plus de soixante ans formeront un peloton et l’un d’eux portera un oriflamme : IMMORTALITÉ DE L’AME. Derrière ce peloton sera la gendarmerie nationale qui fermera la marche.
9° A midi, le commandant enverra un détachement de la garde nationale, accompagné de tambours, pour avertir la Municipalité de se rendre.
10° La Municipalité se placera à l’extrémité de la colonne un peu en avant des vétérans, les maire et officiers municipaux porteront à la main des bouquets d’épis de blé. L’oriflamme sera porté par le secrétaire-greffier de la commune ; sur cet oriflamme sera inscrit d’un côté : Les hommes sont égaux devant Dieu et devant la loi, et de l’autre côté : Guerre aux tyrans, paix au peuple.
11° Au milieu du corps municipal, quatre citoyens porteront la table de la Déclaration des Droits de l’Homme et de la Constitution française.
12° Devant la Municipalité marcheront sept cultivateurs, l’un portera une pique surmontée de l’image de la Liberté, dont la tête sera ornée d’une couronne de fleurs et d’épis de blé, et les autres porteront les instruments du labourage.

Tous ainsi disposés, une salve d’artillerie annoncera le départ de la Municipalité qui se rendra dans cet ordre, au son du tambour, à la montagne.

Le Maire montera au haut de la montagne, invitera le peuple au recueillement et à l’attitude qui conviennent à des hommes libres en présence de l’Être suprême ; le citoyen Vieille-Lacroix, agent national, sera invité par la Municipalité de prononcer un discours analogue à la fête. Après le discours on entonnera un hymne civique ; cet hymne fini, le Maire montera à la tribune, les mains levées vers le ciel, promettra au nom du peuple à l’Etre suprême de ne jamais reconnaître d’autre culte que celui de la Raison et d’autres prêtres que la nature entière. Un autre hymne sera chanté par le peuple entier. Alors une décharge d’artillerie, symbole de la vengeance nationale, embrasera le courage de tous les citoyens, tous s’embrasseront et répéteront le serment de mourir pour le défense de la Liberté, de l’Egalité et de la République, une et indivisible.

Fête anniversaire de la juste punition du roi des Français
Le 13 pluviôse an III de la République, le Conseil général de la commune décide que, conformément à la loi du 2 nivôse, il sera célébré l’anniversaire de la juste punition du dernier roi des Français.

L’agent national entendu, il arrête : « Demain, 14 pluviôse, il sera célébré dans cette commune l’anniversaire de la juste punition du dernier roi des Français. Tous les citoyens seront invités à se rendre au son de trompe au Temple de la Raison (ci-devant l’église paroissiale) où lecture du procès-verbal de la Convention nationale sera faite ; des hymnes patriotiques seront chantés et ensuite tous les citoyens se rendront auprès de l’arbre de la Liberté et d’un mouvement spontané prononceront les mots de Vive la République, périsse à jamais le tyran du monde. Vive la Liberté. Guerre et mort aux tyrans ».

La fête de la Raison
Les registres des délibérations ne mentionnent pas la célébration de cette fête à Laroquebrou. Cependant, comme on vient de le lire à la délibération précédente, l’église y apparaît sous le vocable de Temple de la Raison, preuve qu’elle a été affectée à ce culte. Cette fête y fut célébrée le 20 brumaire an II. Sous le Directoire, la célébration des fêtes continue, leur nombre en est même augmenté. C’est maintenant l’administration municipale du canton composée des agents municipaux des communes de son ressort et fonctionnant en vertu de la Constitution de l’an III qui en assure l’exécution.

Anniversaire de la mort de Louis XVI
Le 11 pluviôse an IV, en séance publique, le Commissaire du Directoire exécutif dit qu’en exécution de l’arrêté du Directoire exécutif du 22 nivôse dernier, il avait écrit une circulaire à tous les agents municipaux des communes du canton pour les prévenir qu’il serait célébré dans ce chef-lieu la juste punition du dernier roi des Français et qu’ils devaient se réunir avec leurs adjoints ainsi que tous les autres fonctionnaires publics, juges, assesseurs, notaires, et tous les employés du gouvernement salariés par la République, pour y déclarer, en présence du public, qu’ils sont sincèrement attachés à la République et qu’ils vouent une haine éternelle à la Royauté.

Le 13 pluviôse, le cortège s’est formé à la salle des réunions de l’Administration municipale et précédé du Président s’est rendu sur la place publique où la « juste punition du dernier roi des Français » a été célébrée.

Fête de la Jeunesse
A la séance publique du 21 germinal an IV, le Président communique à l’Administration municipale un arrêté du Directoire exécutif, pris en exécution de l’article 1 du titre 6 de la loi du 2 brumaire an IV, qui fixe le nombre annuel et la dénomination des fêtes nationales, et détermine le mode de célébration de celle de la Jeunesse fixée au 10 germinal. Le Commissaire du Directoire exécutif entendu, l’Administration arrête :

ART. 1 - La fête de la Jeunesse sera célébrée à Laroquebrou le 30 courant.
ART. 2 - L’agent municipal de cette commune est chargé de faire tous les préparatifs que les circonstances commanderont et de prononcer un discours analogue à la fête.
ART. 3 - Les agents municipaux des autres communes sont chargés d’inviter tous les citoyens parvenus à l’âge de 16 ans à y assister ainsi que les vieillards ales deux sexes et les défenseurs de la Patrie qui auront reçu aux armées des blessures honorables.

Fête de la Victoire
Le 1er prairial an IV, le Président donne lecture à l’assemblée de la loi du 18 floréal qui prescrit le mode de célébration de cette fête dans toutes les municipalités de la République. L’Administration municipale charge l’agent municipal de la commune chef-lieu de faire les préparatifs convenables pour la célébration de la fête au jour indiqué.

Le Président est chargé de prononcer un discours analogue à la fête et d’écrire aux agents municipaux absents de s’y trouver avec leurs adjoints et d’engager par affiches les habitants de leurs communes à s’y rendre ; de prévenir surtout les parents des défenseurs de la patrie et les militaires retirés à cause de leurs blessures qu’une place honorable leur est destinée ; de porter aussi une note des défenseurs qui sont morts pour la cause glorieuse de la liberté et de ceux qui se sont distingués par des traits d’héroïsme.

Fête de l’Agriculture
Le 11 messidor, le Président donne lecture à l’assemblée de l’arrêté du Directoire exécutif du 20 prairial qui détermine la manière dont la fête de l’agriculture sera célébrée le 10 messidor. L’Administration arrête que cette fête sera célébrée dans le chef-lieu de ce canton. Elle charge l’agent municipal du chef-lieu de prendre toutes les dispositions nécessaires et même en l’absence du président de prononcer un discours analogue à la fête.

Fêtes décadaires
Le 21 nivôse an VI, il est donné lecture à l’Administration municipale d’une lettre des administrateurs de-ce département relative aux fêtes nationales et aux fêtes décadaires. Le Commissaire du Directoire exécutif requiert alors que les agents municipaux fassent célébrer les décadis dans leurs communes.

Fête anniversaire du 21 janvier
L’Administration municipale considérant que la loi du 23 nivôse an IV porte que le jour correspondant au 21 janvier le Directoire exécutif fera célébrer dans toutes les communes de la République l’anni-versaire de la juste punition du dernier roi des Français ; le Commissaire du Directoire exécutif, entendu, arrête :

ART. 1 - Le 2 pluviôse prochain correspondant au 21 janvier (vieux style) tous les fonctionnaires publics du canton se rassembleront à 11 heures du matin en la salle de l’Administration et sous la présidence du Président se ren-dront à midi précis sur la place publique.
ART. 2 - Un détachement de la garde nationale viendra prendre le cortège et après la cérémonie il le reconduira.
ART. 3 - L’acte constitutionnel sera posé sur l’autel de la Patrie au milieu de l’enceinte où seront placés les fonctionnaires publics.
ART. 4 - Le président, après son discours, prononcera le serment prescrit par la loi du 24 nivôse an V et conçu en ces termes : « Je jure attachement et fidélité à la République et à la Constitution de l’an III. Je jure haine à la royauté et à l’anarchie ». Tous les fonctionnaires du canton s’approcheront de l’autel et prononceront le même serment.
ART. 5 - La cérémonie sera terminée par des chants patriotiques.

Fête de la souveraineté du peuple
A la séance publique du 21 ventôse an VI il est donné lecture à l’Administration municipale de la loi du 13 pluviôse dernier qui ordonne la célébration annuelle d’une fête de la souveraineté du peuple. L’Administration délibérant sur son exécution et le Commissaire du Directoire exécutif entendu.

Tous les agents municipaux sont chargés de prendre toutes les mesures nécessaires afin que cette fête soit célébrée dans leur commune avec tout l’éclat’ et la pompe dont elle est susceptible, à cet effet il leur est remis à chacun d’eux un exemplaire en placard de la loi et une proclamation pour être lue solennellement pendant la fête. A la séance du 1er floréal, le Président remet à chaque membre de l’Assemblée un exemplaire de la loi du 15 courant portant que l’Assemblée française au Capitole a bien mérité de la Patrie en leur recommandant expressément de la lire à la fête de la souveraineté du peuple qui doit être célébrée le lendemain.

Fête des époux
Le 10 floréal, le Président annonce à l’Assemblée qu’on allait lui donner lecture de la lettre du ministre de l’intérieur du 20 germinal dernier et de celle des administrateurs du département, toutes deux relatives à l’exécution de la loi du 3 brumaire qui ordonne qu’il sera célébré le 10 floréal de chaque année une fête des époux et que les préparatifs étaient prêts. L’assemblée se lève aussitôt pour aller célébrer cette fête et s’ajourne au 22 du courant.

 
 
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