L’Histoire fait l’Actu Quand Histoire et Patrimoine font la une, s’invitent dans notre quotidien et deviennent un sujet d’actualité. Le passé au cœur de l’actu. Palais Garnier : temple historiquedu ballet et de l’opéra de Parisfêtant ses 150 ans (Source : France Télévisions) Publié / Mis à jour le jeudi 13 février 2025, par Redaction Temps de lecture estimé : 4 mn Inauguré le 5 janvier 1875, il est l’un des plus beaux théâtres du monde, symbole de Paris et de la culture française Difficile à croire, mais le Palais Garnier est né d’un attentat. Le 14 janvier 1858, Napoléon III et son épouse Eugénie se rendent en soirée à l’opéra, alors situé dans l’étroite rue Le Peletier, à Paris. Un conspirateur italien, Felice Orsini, et ses complices, lancent trois bombes en direction du carrosse impérial. Les monarques s’en sortent miraculeusement indemnes, mais huit personnes sont tuées. Napoléon III décide alors la construction, dans un lieu moins exposé et à l’accès sécurisé, d’un palais munificent qui marquera son règne. Un concours international d’architecture est lancé à la fin de l’année 1860 sur une parcelle choisie par le baron Haussmann, préfet de la Seine. Pas moins de 171 candidats présentent leurs projets. Contre toute attente, ce n’est pas Viollet-le-Duc, apprécié par Napoléon III, qui l’emporte, mais un jeune architecte de 35 ans, Charles Garnier, vainqueur en 1848 du prestigieux Grand Prix de Rome. Charles Garnier en 1877. Photo de Nadar Les travaux de construction de l’Académie impériale de musique et de danse, entamés en 1861, sont interrompus dès 1870 par la guerre contre la Prusse puis la Commune de Paris. Le bâtiment est alors utilisé comme réserve militaire. On y stocke de la nourriture et de la paille. Dès 1867, les Parisiens avaient pu découvrir la façade du futur opéra, jusqu’alors dissimulée sous une immense palissade. Ils furent saisis par ses dimensions impressionnantes et par son style, mélange de classicisme et de luxuriance baroque. Le chantier reprend en 1873, année du décès de Napoléon III qui ne verra pas son beau palais terminé. Charles Garnier se battra pour que les lettres N et E, signifiant Napoléon et Empereur, restent sur la façade malgré la chute du Second Empire. En octobre 1873, l’incendie de l’Opéra Le Peletier donne un coup d’accélérateur bienvenu au chantier qui s’enlisait. Les sommes nécessaires à l’achèvement et à la décoration intérieure du bâtiment sont réunies. Il faudra une quinzaine d’années au total pour que le nouvel opéra voie le jour pour un budget total estimé à 36 millions de francs or, l’équivalent de 329 millions d’euros. Le 5 janvier 1875, quelque 2 000 personnes sont conviées pour l’inauguration. Frou-Frou, chroniqueur mondain du Figaro écrit ceci : « Tout le monde avait cette ambition suprême : pouvoir dire j’y étais ! ». Il raconte que jamais dans l’histoire des premières, on ne s’est disputé les coupons avec plus d’acharnement : « Il y a là tout Paris et tout Versailles. Le grand monde, le faubourg Saint-Germain est là tout entier ». Perfide, il explique aussi que pendant la représentation, « on a passé son temps à se lorgner, à se saluer, et à causer tout bas ». Des milliers de becs de gaz éclairent le bâtiment. Ils seront remplacés par des ampoules électriques à partir de 1881. Aux yeux des autorités de la Troisième République, instituée en septembre 1870, Charles Garnier symbolise le régime précédent. On « oublie » de l’inviter puis on veut lui faire payer sa loge, pas très bien placée, au prix de 120 francs. Outré, l’architecte a bien failli tourner les talons, mais, reconnu par la foule, il sera finalement acclamé. Le maréchal de Mac Mahon, président de la République, profite, lui, de cet événement pour accueillir une cohorte d’invités prestigieux dont la famille royale d’Espagne, le lord-maire de Londres et le bourgmestre d’Amsterdam. La soirée restera dans les annales. C’est notamment la première fois que les dames quittent leur loge à l’entracte pour aller admirer les peintures de Paul Baudry. Garnier révolutionne les mœurs théâtrales ! Il se raconte, siècle après siècle, qu’en découvrant le palais, l’impératrice Eugénie se serait exclamée : « Qu’est-ce que ce style-là ? Ce n’est pas un style ! Ce n’est ni du grec, ni du Louis XVI, pas même du Louis XV » Ce à quoi l’architecte aurait répondu : « Non, ces styles-là ont fait leur temps. C’est du style Napoléon III et vous vous en plaignez ! ». Il a mobilisé les meilleurs artisans, contrôlant chaque détail, pour créer ce théâtre somptueux où le marbre le dispute aux dorures et aux mosaïques. Façade du Palais Garnier dans les années 1890 Aujourd’hui encore, le public s’ébaudit au pied de son grand escalier, éclairé de part et d’autre par des sculptures de femmes tenant des bouquets de lumières. Ses marches conduisent aux foyers et aux différents étages de la salle de spectacle. Pour le grand foyer, de 154 mètres de long, Garnier s’est inspiré des galeries des plus grands châteaux. Le jeu des miroirs et des fenêtres accentue encore ses vastes dimensions. La salle de spectacle, toute de rouge et or, est éclairée par un immense lustre de cristal pesant 8 tonnes et demie. L’un de ses contrepoids eut le malheur de se décrocher en mai 1896. Il y eut plusieurs personnes blessées, mais une seule morte. Vrai ou faux, elle aurait été assise à la place numéro 13. Le plafond initial, peint par Jules-Eugène Lenepveu, a été recouvert en 1964 par une fresque monumentale de 220 m2 signée Marc Chagall. Une volonté d’André Malraux, ministre de la Culture, pour réchauffer de teintes claires cette salle qu’il trouvait un peu triste. Très coloré, le nouveau plafond rend hommage aux plus grands compositeurs. Son installation provoqua une querelle des Anciens contre les Modernes qui dure encore, les plus exaltés voulant carrément décrocher Chagall. Couvrant plus de 11 000 m2 de surface, Garnier est un labyrinthe. On compte 17 kilomètres de couloirs, des combles aux sous-sols où la légende veut qu’il y ait un lac. Si on trouve bien de l’eau dans les fondements de l’Opéra de Paris, ce n’est pas un lac, mais une immense citerne. Ce cuvelage, situé à une dizaine de mètres sous la scène, permet de contenir une nappe phréatique. Charles Garnier l’a utilisé comme contrepoids pour stabiliser l’ensemble du bâtiment. Il accueille régulièrement les plongeurs des sapeurs-pompiers venus s’entraîner en milieux clos. Autre légende bien vivace : celle du fantôme de l’opéra. En 1873, un pianiste, organiste et compositeur perd sa femme lors de l’incendie du conservatoire de musique de la rue Le Peletier. On raconte alors que cet homme, défiguré par le feu, se serait réfugié dans le Palais Garnier encore en construction. L’écrivain Gaston Leroux s’inspire de cette histoire et publie en 1910 son célèbre roman : Le Fantôme de l’Opéra. Certains spectateurs le cherchent toujours et réclament sa loge qui porte le numéro 5. À quinze mètres sous la scène se trouve encore la salle des cabestans, de gros rouleaux crantés. Ces rouages, actionnés par d’anciens marins, servaient autrefois à monter et à descendre les toiles peintes des décors. Conservés en l’état, ils sont parfois montrés au public lors des Journées du patrimoine. Autre salle impressionnante, à l’étage cette fois-ci, la centrale des costumes. Classée monument historique, cette pièce couverte de boiseries réunit, avant chaque spectacle, les trésors créés dans les ateliers couture de l’opéra. Ces lieux historiques ont été précieusement conservés, mais, en parallèle, le bâtiment n’a cessé de se modifier pour s’adapter aux évolutions de l’activité artistique. Grande salle du Palais Garnier, à Paris. © Crédit photo : Jean-Pierre Delagarde / Opéra national de Paris La rénovation de la façade principale, entamée en 2022 avec la mise en place d’immenses échafaudages, se poursuivra au-delà de 2025. Les grands panneaux publicitaires qui masquent ce chantier déplaisent à beaucoup, mais ils permettent de financer les travaux. D’autres sont programmés notamment pour restaurer les toitures, l’entrée des artistes et la salle de spectacle. Le chantier le plus important commencera à l’été 2027 avec la rénovation et la modernisation de toute la cage de scène. En conséquence de quoi, la salle restera fermée pendant deux ans. Les spectacles seront proposés à l’Opéra Bastille, deuxième salle de l’Opéra de Paris inaugurée en 1989, et hors les murs. Garnier continuera d’accueillir des visiteurs et des événements, mais seulement dans ses espaces publics. Le manque à gagner s’annonce important sachant que près de 350 000 spectateurs, venus du monde entier, se pressent au Palais Garnier chaque année. En septembre, une exposition de costumes créés par les ateliers du Palais Garnier sera présentée dans les espaces publics. En outre, un parcours de visite spécifique a été imaginé (de la rotonde des abonnés en passant par le bassin de la Pythie, le grand escalier, la salle de spectacle et les foyers) pour les visiteurs qui voudraient découvrir la longue et belle histoire de ce théâtre. Valérie GagetFrance TélévisionsAccédez à l’article source Même rubrique > voir les 465 ARTICLES Saisissez votre mail, et appuyez sur OKpour vous abonner gratuitement Vos réactions Prolongez votre voyage dans le temps avec notreencyclopédie consacrée à l'Histoire de France Choisissez un numéro et découvrez les extraits en ligne ! Numéro ? 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