Vestiges gaulois « remarquables » découverts à Amiens

Ils ne s’attendaient pas à découvrir autant de vestiges « remarquables » dans un tel état de conservation... Avant que les travaux ne commencent sur le site de l’ancien hôpital nord d’Amiens, les archéologues de la métropole ont effectué des fouilles préventives.

C’est à cet endroit que doit être construit le futur pôle de conservation de la BnF (Bibliothèque nationale de France), destiné à accueillir des archives de presse. Sur place, de nombreux vestiges gallo-romains et d’autres périodes ont été retrouvés depuis début septembre.

Vue drone du site de fouille au nord-ouest. © Crédit photo : Service Archéologie Amiens Métropole

Reconstituer un puzzle
Pour les archéologues, c’est un site particulièrement intéressant. Il permet d’attester et de compléter « une nouvelle pièce du puzzle », comme l’explique Baptiste Marchand, responsable opération au Service Archéologie Amiens Métropole. Soit, la présence d’une occupation périurbaine pendant la période gallo-romaine, entre le milieu du I^er siècle après J.-C. et le début du II^e après J.-C.

Baptiste Marchand détaille : « On a découvert un double fossé, très grand avec une occupation qui d’après les premiers résultats de terrain, serait agropastorale, on a des enclos qui sont soit destinés à la mise en culture ou à l’élevage. »

Les alentours de la zone étudiée sont fouillés depuis 25 ans, de manière régulière, ils démontrent tous d’une occupation de ce type au nord de la ville d’Amiens. À seulement quelques dizaines de mètres d’un axe militaire romain très passant à l’époque : la voie d’Agrippa. Celui-ci reliait Lyon à Boulogne-sur-Mer, considéré comme l’un des plus grands ports, et il traversait la ville d’Amiens.

La découverte de la fosse a fait émerger des questions : « On se demande, comme il s’agit d’une petite partie découverte seulement, si cet espace n’appartiendrait pas à la propriété d’une grande villa de la même période, sur les hauteurs d’Amiens. »

Six sépultures gauloises découvertes
Sur cette même zone, les archéologues ont aussi observé six sépultures datant d’une autre période, la Protohistoire, il y a 11 siècles avant J.-C. À l’intérieur des tombes gauloises, plusieurs éléments ont été trouvés : des dépôts céramiques, du mobilier métallique, mais aussi de petits objets qui appartenaient aux défunts, comme un rasoir, une pince à épiler ou encore une broche pour fermer les vêtements et un collier.

Dans les sépultures des agrafes en métal qui servaient à tenir les vêtements ont été découvertes.
© Crédit photo : Service Archéologie Amiens Métropole

« Les Gaulois incinéraient d’abord leurs morts sur un bûcher avant de déposer les restes dans une tombe creusée à même le sol », explique Baptiste Marchand. Les affaires personnelles étaient déposées aux côtés des restes des défunts. Ces trouvailles, « permettent d’en apprendre plus sur les habitants de cette zone. Les os et autres objets seront étudiés », ajoute-t-il.

Et si les archéologues s’attendaient à trouver des vestiges de ces périodes, ils ne s’attendaient pas en revanche à les trouver aussi bien conservés. « On pouvait penser qu’ils aient totalement disparu en raison des terrassements de l’hôpital et l’érosion naturelle. Mais c’est une belle surprise de voir qu’ils sont bien conservés », conclut-il.

Les fouilles vont se poursuivre jusqu’à fin novembre, un fossé de plus de cent mètres est actuellement exploré à la pelle mécanique.

Marie Joan
France 3 Hauts-de-France
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