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L'Osmothèque : conservatoire international des parfums (Versailles)

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Osmothèque (L’) :
conservatoire international
des parfums (Versailles)
(Source : Ouest-France)
Publié / Mis à jour le samedi 28 septembre 2024, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 
 
 
Le conservatoire international des parfums, situé à Versailles, est une institution unique au monde : inaugurée en 1988, elle découle du souci de plusieurs parfumeurs de conserver et transmettre les fragrances qui ont fait la renommée de la parfumerie française. Ses fondateurs ont ainsi rassemblé un nombre considérable de formules et reconstitué les parfums correspondants, 6000 dont plus d’un millier exhumés de l’oubli.

Du grec osmè​​, odeur, et theke​​, rangement, ce conservatoire a été fondé notamment par le parfumeur finistérien Jean Kerléo. Son but : préserver de l’oubli ces créations éphémères. Car un parfum, à l’instar d’un vin, se détériore avec le temps. Crée par et pour des parfumeurs, l’Osmothèque, dont les responsables déplorent un manque de visibilité, prône davantage d’ouverture vers le grand public, par le biais d’environ 150 conférences olfactives par an.

Autre signal de l’ouverture de cette institution, autrefois un peu village retranché​, la création fin 2021 d’un comité scientifique qui a organisé dès l’année suivante à Paris une journée de rencontre intitulée Mémoire et Parfums ​dont l’objectif est de créer des traits d’union entre de nombreuses disciplines, des ponts entre la recherche, l’industrie et le patrimoine​. Un comité scientifique pour une association professionnelle ? « L’aboutissement d’une réflexion pour se rapprocher du modèle des institutions culturelles​ », résume la directrice Anne-Cécile Pouant, arrivée en poste en 2016 après une carrière dans le marketing et la communication.

Quelques parfums conservés à l'Osmothèque
Quelques parfums conservés à l’Osmothèque. © Crédit photo : L’Osmothèque

Anne-Cécile Pouant agrémente ses explications d’une dégustation de certaines des effluves les plus surprenantes. Elle verse quelques gouttes sur des touches, ces petites languettes de papier blanc. Vient le verdoyant Fougère Royale, crée en 1882 par Paul Parquet et qui a donné l’une des sept familles de parfum, les fougères. Vient ensuite l’eau de Cologne de Napoléon. Elle convoque, derrière des notes d’agrumes, les intérieurs surannés de nos anciens. Une formule manuscrite, rédigée par un fidèle valet à Saint-Hélène, a permis à l’Osmothèque de « repeser », dans le jargon, ce parfum impérial.

« Le cœur du trésor, ce sont les milliers formules secrètes contenues dans un coffre ». ​Ni Anne-Cécile Pouant, ni Thomas Fontaine, parfumeur indépendant et actuel président de cette association, n’y ont accès. Derrière ce goût du secret, se cache une curiosité juridique. Il est en effet impossible de déposer un brevet pour une fragrance. Or, l’Osmothèque n’invente ni n’interprète de formules à partir de parfums : elle recrée les senteurs depuis des formules précises.

Interrogée sur la façon de sentir au mieux les touches, Anne-Cécile Pouant explique que, comme pour un grand cru, il est conseillé de garder une certaine distance avec les effluves, avant de rapprocher de son nez le rectangle de papier. Le parallèle avec l’œnologie ne s’arrête pas là. La pièce principale de l’Osmothèque se nomme « la Cave » : des frigos bourdonnant paisiblement, en face de paillasses de chimistes encombrées de fioles.

C’est ici que sont conservées les matières premières, les ingrédients des parfums, eux aussi gardés jalousement. « Certaines matières premières sont anciennes, d’autres interdites, telles le musc Tonkin, qui provient d’une glande prélevée sur un chevrotain d’Asie »​, une espèce menacée.

« La première question que le public pose, lorsqu’on évoque notre travail, est : ​à quoi ça sert ? », pointe la directrice. « Nous avons trois missions : patrimoniale, celle de la recherche sur les anciennes formules, et la transmission, via nos conférences​ », détaille Thomas Fontaine.

Anne-Cécile Pouant résume d’une jolie formule leur rôle : être « un conservatoire d’émotions​. Un parfum c’est un souvenir, une anecdote, un lieu, une mère, un amoureux... », énumère la directrice. Émue, elle évoque cette jeune fille de Seine-Saint-Denis se mettant à pleurer à peine ouverte une fiole de parfum ancien, qui lui rappelle sa grand-mère.

C’est dans cet esprit de transmission que l’Osmothèque poursuit sa mue, de conservatoire à musée. Non sans quelques difficultés. « Nous devons créer un métier, celui de médiateur olfactif. Comment transmettre à des publics différents ce qui demeure si personnel ? » ​s’interroge-t-elle.

Les matières premières dans la cave de l'Osmothèque
Les matières premières dans la « cave » de l’Osmothèque. © Crédit photo : Ouest France

Désormais, des conférences numériques sont aussi disponibles, pour toucher un public autre que parisien​, précise le président. Une innovation qui oblige à repenser le métier, car « si on peut facilement partager des peintures en visio, avec des parfums c’est un peu plus compliqué »​, glisse malicieusement Anne-Cécile Pouant. Au-delà de cette ultime boutade, ce bouleversement marque durablement les esprits des « osmothécaires »​​. Dans cette institution secrète, flotte comme une très légère odeur de révolution.

On distingue sept familles de parfum : la famille hespéridée (la plus ancienne, comprenant les premières eaux de Cologne), florale, fougère, Chyprée, boisée, ambrée (ou Orientale) et enfin cuirée. Certaines familles descendent d’un parfum aux accords originaux, tel Ambre Antique de François Coty en 1905, qui inaugure la famille des ambrés, des parfums « chauds, aux effluves boisés de vanille​ », analyse Anne-Cécile Pouant.

« Ces familles ne sont pas figées, un chypre floral peut-être perçu comme un floral chypré »​, résume Thomas Fontaine. « En musique, une note c’est une fréquence. Pour décrire une odeur, il faut faire appel au vocabulaire pour tenter de la définir. »

Site Internet de l’Osmothèque : https://www.osmotheque.fr

Jean-Marie Cunin
Ouest-France

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