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Miniatures en plomb dans un dépôt funéraire à Alba-la-Romaine (Ardèche)

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L’Histoire fait l’Actu
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Miniatures en plomb
dans un dépôt funéraire
à Alba-la-Romaine (Ardèche)
(Source : Inrap (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives))
Publié / Mis à jour le samedi 30 janvier 2021, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 
 
 
À Alba-La-Romaine, l’Inrap a fouillé un alignement spectaculaire de foyers de la Protohistoire ainsi qu’un ensemble funéraire antique. Ce dernier a livré un mobilier exceptionnellement bien conservé, dont les restes d’un volumen (tube dans lequel est enroulé un parchemin) et de rarissimes miniatures en plomb.

Entre mi-août et début novembre 2020, une équipe d’archéologues de l’Inrap a conduit, sur prescription de l’État (Drac Auvergne – Rhône-Alpes), une fouille archéologique à Alba-la-Romaine, rue de la Grande Terre en amont d’un lotissement réalisé par Rampa Réalisations. Prescrite sur un terrain d’environ 5000 m2, c’est la cinquième fouille réalisée par l’Inrap dans le secteur de la Grande Terre depuis 2013.

Les précédentes opérations avaient mis en évidence une occupation importante au cours de la Protohistoire (circulation en chemin creux, fossés, résidus de forge et d’ateliers et indices très précoces de la culture de la vigne) datée du Ve siècle avant notre ère. La fouille actuelle révèle une occupation protohistorique plus ancienne, au VIIIe siècle avant notre ère avec un alignement de foyers et une occupation antique constituée d’un ensemble funéraire au carrefour d’un réseau de circulation agricole.

Miniature en plomb : paire de sandales savamment ornées accrochée à une patère (longueur : environ : 9 cm)
Miniature en plomb : paire de sandales savamment ornées accrochée
à une patère (longueur : environ : 9 cm). © Crédit photo : Denis Gliksman, Inrap

Un alignement de foyers protohistoriques (fin de l’âge du Bronze / début de l’âge du Fer)
Les archéologues ont mis au jour une batterie de seize foyers à pierres chauffantes. Ces fosses, aux parois rubéfiées par la chaleur, contiennent majoritairement un lit de grosses pierres en basalte de plusieurs dizaines de kilos reposant sur un amas de charbons de bois parfois assez épais.

Ils s’alignent à intervalles réguliers sur environ soixante-quinze mètre à l’intérieur de l’emprise, et pourraient se prolonger sur plus d’une centaine de mètres suivant un axe nord/sud selon les données du diagnostic. Cet aménagement spectaculaire possède de multiples comparaisons dans la vallée du Rhône. Il serait daté autour du VIIIe siècle avant notre ère.

Un réseau de drainage autour de plusieurs cheminements agricoles mis en place depuis l’Antiquité
La parcelle prescrite se trouve dans une légère dépression le long du coteau ouest d’un talweg (ligne de collecte des eaux au fond d’une vallée) s’écoulant vers le ruisseau du Bourdary. Plusieurs cheminements ont été repérés dans l’emprise datant vraisemblablement de l’époque romaine et perdurant par la suite, comme le montre un passant de harnais décoré découvert dans son comblement, daté du IIIe siècle de notre ère.

Un chemin creux d’environ 2 m de largeur munie parfois d’ornières espacés de 1,2 à 1,4 m a été fouillé et recoupé sur environ 50 m. Il possédait un diverticule de taille modeste s’éloignant de l’axe principal vers l’est. Un franchissement de fossé maçonné constitué de deux piles ménageant un conduit central de 0,5 m a été fouillé au sud de l’emprise. La présence de ce pont franchissant un large fossé parcellaire drainant repéré au diagnostic sur plusieurs centaines de mètres démontre l’existence d’une circulation latérale est/ouest non repérée en surface, mais qui potentiellement devait se connecter à l’axe principal du chemin creux central.

L’emprise de la fouille est traversée par une dizaine de drains, captages ou fossés drainant qui se dirigent tous vers le sud, en direction du mont Devois, le long de cet axe de circulation ancien. La construction des drains est soignée afin d’assurer une évacuation pérenne des eaux de surface et des battements de nappe permettant d’assainir les cheminements. La majorité de ces installations possèdent un conduit couvert aménagé entre deux montants verticaux recouvert de pierres calibrées assurant un drainage de surface. Ces installations sont construites en plusieurs phases dont certaines remontent à la période romaine probablement en rapport avec le parcellaire de la villa du Clos située au nord de la fouille.

Au sud de l’emprise, un ensemble funéraire antique
Les conditions particulières d’une parcelle trop humide pour la cultiver et difficile à drainer, au carrefour d’un petit réseau viaire agricole antique a permis la préservation sous à peine 0,4 m de terre végétale d’un petit ensemble funéraire fondé à l’époque tibérienne et occupé au moins jusqu’à la fin du IIe siècle de notre ère.

Plus d’une vingtaine de dépôts de crémation, trois inhumations et des dépôts votifs datant du Haut Empire ont été découverts autour d’une construction circulaire maçonnée. On dénombre surtout des dépôts secondaires à résidus de crémations souvent accompagnés de mobilier bien conservé. Un dépôt en amphore a livré un exemplaire d’une petite serpette viticole en fer. Plusieurs dépôts ont livré des balsamaires en verre soufflés dont certains contenaient encore de la poudre rose qui sera analysée prochainement. Deux inhumations d’immatures et une inhumation d’adulte ont été mises au jour. Au moins un bûcher, un conduit à libation ainsi que plusieurs dépôts votifs ont aussi été fouillés.

Balsamaires en verre soufflés
Balsamaires en verre soufflés. © Crédit photo : Denis Gliksman, Inrap

Parmi ces tombes, un dépôt particulièrement riche contenait une vingtaine d’objets dont des vases en céramique, plusieurs balsamaires en verre, deux miroirs en bronze, les restes d’un volumen (tube dans lequel est enroulé un parchemin), une bague en or et un ensemble exceptionnel de miniatures en plomb symbolisant des accessoires de toilette. Une paire de sandales miniatures savamment ornées accrochée à une patère ne compte à ce jour qu’un seul exemple de comparaison dans le monde romain. Elles étaient associées à quatre strigiles miniatures montés sur un anneau dont aucun parallèle n’est connu à ce jour dans cette matière. La présence de miroirs, du volumen, du nécessaire de toilette et du faible diamètre de la bague en or semble aller dans le sens d’une tombe dédiée à un individu de sexe féminin.

Un deuxième monument funéraire à Alba-la-Romaine
Le monument circulaire maçonné de 6,5 m de diamètre extérieur est constitué d’une couronne de blocs calcaire de 0,5 m de largeur. Il est conservé sur une à deux assises d’élévation et possède une fondation de 0,7 à 0,8 m de profondeur parfois constituée d’orthostates (pierres dressées) à sa base.

Au nord, une interruption dans l’élévation d’environ 1,5 m pourrait potentiellement représenter une entrée dans le monument. Trois dépôts secondaire de résidus de crémations se trouvaient à l’intérieur de cet espace. Un dépôt se trouvait en plein centre du cercle maçonné, un petit dépôt avec ossuaire et trois balsamaires se trouvaient juste derrière l’entrée, et un dernier dépôt pauvre en matériel a néanmoins livré une monnaie permettant de dater la construction de ce monument du deuxième quart du premier siècle de notre ère. Il est scellé par une couronne de cailloutis formant un léger promontoire. Un premier mausolée avait déjà été découvert sur la commune d’Alba, au sein d’une nécropole au nord de la ville antique. La découverte de ce second monument est donc tout à fait exceptionnelle au niveau de sa conservation et de sa datation en cours d’analyse.

Ce petit ensemble funéraire autour du monument circulaire (mausolée ?) et la présence d’une tombe aristocratique féminine pourraient indiquer une nécropole privée familiale sur le domaine de la villa du Clos fouillée en 2005 et à peine distante de 300 m vers le nord.

Inrap
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