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Mines d’or et d'argent en Béarn : légende ou réalité ?

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Anecdotes insolites
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Mines d’or et d’argent en Béarn :
légende ou réalité ?
(D’après « Revue historique et archéologique
du Béarn et du Pays basque », paru en 1929)
Publié / Mis à jour le lundi 30 mars 2020, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 9 mn
 
 
 
Se fondant sur des écrits datant de la Rome antique, une tradition littéraire affirma longtemps qu’il y avait présence de mines d’or et d’argent en Béarn, mais si la découverte, de temps à autre, de pépites plus ou moins argentifères, accrédita cette croyance populaire, les explorations menées à diverses époques pour découvrir ces mines merveilleuses furent vaines

Le point de départ de la légende des mines d’argent du Béarn se trouve dans Diodore de Sicile, historien grec, contemporain de l’empereur Auguste (Ier siècle avant J.-C.). Il relate le récit fabuleux, emprunté à Posidonius, philosophe d’Alexandrie, qui vivait vers 140 avant J.-C, d’un immense incendie qui aurait dévoré les forêts des Pyrénées et fait couler des ruisseaux d’argent ; c’est de ce feu, pur en grec, qu’il fait dériver le mot Pyrénées :

« Comme [ces montagnes] étaient couvertes de grands bois aux épais fourrés, des bergers, dit-on, y mirent autrefois le feu ; la montagne en fut totalement embrasée ; pendant plusieurs jours consécutifs, le feu brûla, incendiant la surface de la terre, et, en raison de cet événement, on appela ces montagnes Pyrénées. Sur la surface du sol ainsi enflammé, l’argent ruissela à flots et la fusion des substances naturelles d’où se tire ce métal produisit de nombreux ruisseaux d’argent pur ; les gens du pays en ignoraient l’usage ».

Bielle, en vallée d'Ossau (Pyrénées-Atlantiques)
Bielle, en vallée d’Ossau (Pyrénées-Atlantiques). © Crédit photo : http://www.topopyrenees.com

Strabon, géographe et voyageur, qui a vécu dans le premier quart du Ier siècle de l’ère chrétienne, a contesté le récit de Diodore de Sicile et la légende des flots d’argent en fusion. Mais il a reconnu cependant que les Pyrénées étaient riches en métaux. On trouvait, d’après lui, de l’or chez les Tarbelles, peuplade de l’Aquitaine, qui s’étendait jusqu’aux Pyrénées et qui comprenait vraisemblablement les habitants de l’ancien Béarn. Donc, d’après Strabon, on rencontrait, dans des puits creusés à peu de profondeur, des plaques d’or aussi grandes que la main, et qui souvent n’avaient besoin que d’un peu de travail pour être épurées ; on recueillait aussi des pépites, et, dans les rivières, les paillettes que l’on récoltait sans beaucoup de peine, explique René Camena d’Almeida dans Les Pyrénées (1891).

La légende fabuleuse de Diodore de Sicile et les affirmations de Strabon furent remises en lumière à l’époque de la Renaissance. Écrivains et géographes reproduisirent et vulgarisèrent les récits de ces auteurs anciens — les textes anciens ne visant pas exclusivement le Béarn, mais bien la chaîne entière des Pyrénées. L’or existait réellement, en particulier dans les sables de l’Ariège, et dans quelques filons épars çà et là à travers les montagnes.

Puisque ces trésors existaient, il n’y avait qu’à les explorer et à les exploiter. On trouve dans certains dénombrements féodaux du commencement du XVIe siècle, une énumération éblouissante de métaux précieux que les entrailles du sol sont censées renfermer. Isabelle de Lanusse, dame de Béon, en Ossau, se réserve le droit de « prener et dispauser à son apetit » les minerais les plus divers qu’on peut trouver dans les montagnes de sa seigneurie : « fulhadge d’or et de argen, leton, plom, stanh, coyre, ferr, aser, et tote autre condition de metau, peyreres, loseres, ferraries, teuleres, carboeres, forns de causea, marleres, sableres, que autres causes » (Dénombrement du 30 janvier 1538).

Le dénombrement de Johan, seigneur de Louvie-Soubiron, s’exprime en termes identiques. Le souverain du Béarn, Henri d’Albret, par lettres patentes du 6 mai 1542, permit à Nicolas Hermans, de Bruxelles, de tirer des mines « de son pays de Béarn, de ses comtés de Foix et de Bigorre, de l’or, de l’argent, du cuivre et autres métaux », rapporte l’Histoire monétaire du Béarn (1893).

L’or et l’argent restèrent introuvables. C’est un auteur du XVIe siècle, André Thevet, qui le déclare dans sa Cosmographie universelle. Henri d’Albret avait cherché ces métaux précieux « sans avoir tiré gain d’un tournoi de mine ne espoir d’en trouver », explique encore René Camena d’Alemeida.

L’insuccès ne brisa pas cependant la tradition littéraire. Scaliger écrivait : « Mines d’or et d’argent : le Roy en trouveroit en Béarn, mais elles luy coûteroient beaucoup ». En 1601, une ordonnance, oeuvre de Sully, prescrivit la recherche des mines dans toute la France. Palma-Cayet, qui avait vécu en Béarn, en qualité d’aumônier de Catherine de Navarre, vantait ainsi les résultats obtenus : « La France a ouvert son sein, ses entrailles, et tout ce qu’elle a de plus excellent en l’intérieur pour faire apparoir ce qui en estoit caché es monts Pirénées des mines de talc et de cuivre, avec quelques mines d’or et d’argent » (Chronique septenaire, année 1602).

Mine d'argent au sein de la montagne d'Annaberg, en Saxe (Allemagne). Peinture de Hans Hesse (1521)
Mine d’argent au sein de la montagne d’Annaberg, en Saxe (Allemagne).
Peinture de Hans Hesse (1521)

Dans une description du Béarn, publiée en 1621 et reproduite dans Panorama historique et descriptif de Pau (édition de 1847), il est ainsi parlé de Pau (traduite du latin : « La capitale est Pau. Le Gave, fleuve rapide sorti des Pyrénées, la baigne. Ce fleuve a des flots turbulents qui ne supportent pas la navigation. Il abonde en truites et en saumons. On trouve des paillettes d’or dans ses sables ».

Marca suppose que les Romains avaient ouvert et même épuisé certaines mines d’argent dans les montagnes du Béarn : « Il y a aussi dans les montagnes... d’autres mines de plomb, d’argent et de cuivre, mais elles ont esté en partie épuisées par les Romains et par les anciens seigneurs de Béarn, et en partie ne sont pas ouvertes ». Ailleurs, il émet l’hypothèse que l’atelier monétaire de Morlaàs daterait de l’occupation romaine et qu’il devrait sa création à la commodité que les Romains aurait trouvée à utiliser sur place l’argent qu’ils tiraient des mines du Béarn :

« S’il y avoit lieu d’user de conjectures en une chose obscure, je croyrois volontiers que les Romains, maistres de cette Province, faisans travailler aux mines qui sont abondantes et riches dans les entrailles des monts Pyrénées, non seulement du costé d’Espagne où l’argent de Huesca est en réputation dès le temps de la République chés Tite-Live, mais aussi du costé de deçà, suivant le tesmoignage de Pline, comme l’on peut aussi le juger facilement par les traces des travaux qui restent aujourd’hui dans les concavités des puits que l’on void aux plus hautes montagnes d’Ossau, Aspe, Baretous et Soule ; que les Romains, dis-je, battirent la monnoye de Morlaàs pour la fabrication du cuivre et de l’argent qui s’eslabouroit dans les diverses forges des montagnes ».

La croyance que l’argent abondait dans les montagnes était entretenue par la découverte qu’on faisait, de temps à autre, de pépites plus ou moins argentifères. L’intendant Lebret écrivait, en 1703, dans son Mémoire sur le Béarn : « On apporte de temps en temps à la Monnaie des essais de matières d’argent qu’on dit venir des montagnes ; mais on en demande un prix si haut, qu’il y aurait de la perte à les acheter pour les convertir ; ainsi on en demeure toujours à l’essai ».

La tradition qui prétendait que les anciens, en particulier les Romains, avaient tiré d’immenses richesses des flancs des Pyrénées, est encore invoquée, au XVIIIe siècle, pour tenter des exploitations minières. À la fin du règne de Louis XIV, en pleine détresse financière, des particuliers prétendirent découvrir des mines d’or et d’argent et fournir ainsi au Trésor un moyen de combler le déficit. « Un certain de Roddes se flattait se trouver en Béarn les richesses du Pérou et du Potosi » (Histoire de France par Ernest Lavisse, Tome 8 paru en 1908). Montesquieu a signalé en ces termes l’aventure de ce prospecteur : « Dans la guerre pour la succession d’Espagne, un homme appelé le marquis de Rhodes, de qui on disait qu’il s’était ruiné dans les mines d’or, et enrichi dans les hôpitaux (dont il avait en quelque part la direction), proposa à la Cour de France d’ouvrir les mines des Pyrénées. Il cita les Tyriens, les Carthaginois et les Romains. On lui permit de chercher : il chercha, il fouilla partout ; il citait toujours et ne trouvait rien » (De l’esprit des lois, par Montesquieu).

Vue du Potosi. Gravure hollandaise de 1645
Vue du Potosi. Gravure hollandaise de 1645

Un document intéressant publié par le chanoine Dubarat en 1908 prouve que ce chevalier de Rhodes avait cru trouver de l’or et de l’argent en abondance dans les mines de la vallée de Baïgorry :

« Du 11 aoust 1718. Acte de protestation de Monsieur de Rodes, contre Monsieur de Gaillardon.

« L’an 1718 et le 11e du mois d’aoust, dans le château d’Echaux, de la vallée de Baigorri en Basse-Navarre, par devant moy notaire royal soussigné et tesmoins bas nommez, a comparu personnellement le sieur Nicolas Rechir, sieur de Rodes, donnataire des mines dans partie des montz Pirenees, lequel a dit qu’en conséquence de la concession qui luy a esté accordée par Monseigneur le duc de Bourbon, grand maître des mines et minières de France, le douzième jour de septembre de l’année dernière 1717, il se seroit transporté dans cette vallée de Baigorry pour y faire un establissement de fabrique des mines d’or et d’argent, qui y sont en abondance, suivant toutes les espreuves qui en ont esté faites ; à quoy ayant vouleu procéder, il auroit prié Monsieur le vicomte d’Echaux de vouloir s’entremettre entre luy et M. de Gaillardon, fermier de la forge de fer appartenant aud. sieur vicomte d’Echaux et à la communauté de Baigorry, et qu’il auroit depuis peu pris à ferme pour trois années, aveq la faculté de pouvoir couper dans les bois d’Aldude tous ceux qui luy seront nécessaires pour l’entretien de la forge, sur le plan que les mines que travaille led. sieur de Gaillardon, et qui tiennent or aussy bien que le fer, pouvoient dans leur abondance convenir aussy bien que le bois à l’entretien des deux fabriques ; mais comme, après bien dès discutions de part et d’autre, en présence dud. sieur vicomte d’Echaux, led. sieur de Gaillardon s’est déclaré s’opposer formellement à aucun establissement de la part dud. sieur de Rodes, mesme à aucun enlèvement des mines d’or et d’argent, sous le fondement que dans la vallée il ne se trouve pas assez de mineurs pour travailler pour l’une et l’autre fabrique, non plus que les bois des Aldudes, led. sieur de Rodes a pris le party de se retirer, avec protestations de porter incessament ses plaintes à Monseigneur le grand maître, en faisant connoistre à S[a] S[eigneurie] comme il n’est aucun endroit en France où il y a tant et de sy riches mines d’or, d’argent et de cuivre, toutes aisées à travailler aveq les bois des Aldudes, qui sont en si grande abondance qu’ilz suffisent pour entretenir les fourneaux de la forge et plus de dix fourneaux de fabriques d’or et d’argent, en sorte qu’il n’a tenu qu’aud. sieur Gaillardon de concilier et son service et celui desd. mines d’or et d’argent, de quoy et de tout ce dessus led. sr de Rodes m’a requis de retenir le présent acte.

« Fait ez présances de Jean de Forcade et autre Jean Destiberenx, domestiques dud. seigneur vicomte d’Echaux, d’entre lesquels led. Forcade a cy signé avecq led. sieur de Rodes, et non led. Destiberenx, autre tesmoin, pour ne sçavoir escrire, ainsy qu’il a déclaré, estant de ce faire interpellé par moy. »

Mines d'or de Saint-Domingue. Gravure (colorisée ultérieurement) extraite de Americae pars quarta. Sive, insignis et admiranda historia de reperta primum occidentali India a Christophoro Columbo anno 1492 par Théodore de Bry, publié en 1594
Mines d’or de Saint-Domingue. Gravure (colorisée ultérieurement) extraite de Americae
pars quarta. Sive, insignis et admiranda historia de reperta primum
occidentali India a Christophoro Columbo anno 1492
par Théodore de Bry, publié en 1594

Ce chevalier de Rhodes avait-il obtenu la permission de fouiller également dans les vallées béarnaises ? Nous l’ignorons. Un document nous révèle le nom d’un autre concessionnaire de mines d’or et d’argent en Béarn, à la même époque :

« Lettres patentes en faveur de Monsieur de Marcin de St-Germain, pour l’exploitation des mines d’or, d’argent, de cuivre, etc., dans les vallées d’Aspe, d’Ossau et Barétous, province de Béarn. Données à Paris le 6 août 1719. Louis, roi de France.

« Le sieur Bertrand de Marcin de Saint-Germain de Saint-Julien, ancien capitaine, commandant un bataillon dans notre Régiment Enseigne des Gardes du Corps (...) du duc d’Orléans, nous a fait remontrer que (...) le duc de Bourbon, grand maître des Mines et Minières de France, lui auroit accordé le 6 may 1718 une concession pour l’exploitation des mines d’or, d’argent, cuivre, plomb, étain, vif argent, antimoine et azur, dans les Vallées d’Aspe, d’Ossau et Barétous, province de Béarn (...) pour en jouir (...) pendant dix-huit années, à commencer du 1er juin dernier (...) qu’en conséquence (...) il a fait plusieurs ouvertures (...) sans avoir pu rencontrer que quelques filons de mine de plomb qui se sont trouvées dans le centre des roches de marbre ou meslées avec des filons de mine de fer (…) qu’il a dépensé jusqu’à présent 10 000 livres, etc. »

L’insuccès de ces recherches explique la réflexion que faisait quelques années plus tard Théophile de Bordeu dans ses Lettres sur les eaux minérales du Béarn (1746) : « Nous avons aussi en Ossau des mines de plomb, où les entrepreneurs savent fort bien se ruiner ; (...) on ne sait comment les Romains tiraient tant d’argent des Pyrénées, comme le dit un auteur ancien ; nous n’en avons point de mine ».

Pour certains esprits, les affirmations livresques des auteurs anciens l’emportaient encore sur l’expérience des vaines tentatives opérées par les chercheurs des précieux filons. On en trouve la preuve dans un Mémoire sur les mines d’or et d’argent des Pyrénées, écrit vers 1777, par un certain Hautin de Villars. Cet auteur prétendait « faire voir combien il seroit avantageux à la Nation française de rétablir les travaux que les Romains avoient établis dans les mines des monts Pyrénées, d’où, selon Strabon, ils tiraient de très grandes quantités d’or et d’argent ».

Mine d'argent dans la vallée de Leberthal (Vosges). Gravure (colorisée ultérieurement) extraite de Cosmographia par Sebastian Münster (1550)
Mine d’argent dans la vallée de Leberthal (Vosges).
Gravure (colorisée ultérieurement) extraite de Cosmographia par Sebastian Münster (1550)

À la fin du XVIIIe siècle, les progrès des sciences minéralogiques, ainsi que l’étude méthodique des gisements de minerai démontrèrent que l’existence des fameuses mines d’or ou d’argent dans les montagnes béarnaises n’avaient aucun fondement sérieux. Il est intéressant de reproduire les considérations que le savant Palassou écrivait là-dessus dans son Essai sur la minéralogie des Monts Pyrénées (1784) :

« L’avarice a été souvent trompée par le succès des exploitations faites par les Phéniciens, les Carthaginois et les Romains. Les premiers, au rapport de Diodore de Sicile, trouvèrent tant d’or et d’argent dans les Pyrénées, qu’ils en mirent aux ancres de leurs vaisseaux ; on tirait en trois jours un talent euboïque, en argent, ce qui montait à 800 ducats ; enflammés par ce récit, des particuliers ont tenté des recherches dans la partie septentrionale des Pyrénées ; ils semblent avoir ignoré que le côté méridional a toujours été regardé comme le plus riche en métaux. Tite-Live parle de l’or et de l’argent que les mines de Huesca fournissaient aux Romains ; les monts qui s’allongent vers le Nord jusqu’à Pampelune, sont fameux, suivant Alphonse Barba, par la quantité d’argent qu’on en a tirée.

« L’histoire ne fait pas mention des mines que les anciens ont exploitée du côté de France, ce qui prouve qu’elles leur ont paru moins utiles que les mines d’Espagne ; les Commentaires de César nous apprennent seulement que lorsque Crassus assiégea la ville des Sotiates, les Aquitains accoutumés à creuser la terre pour en tirer le cuivre, se prévalaient de leur science dans les mines contre les fortifications romaines. Mais je ne connais pas d’anciens auteurs qui aient, expressément, parlé des richesses métalliques de la partie septentrionale des Monts Pyrénées. Aussi avons-nous remarqué que les entreprises qu’on y a tentées ont presque toujours été ruineuses.

« (…) La description des richesses que les anciens tiraient de ces montagnes n’est pas la seule cause des entreprises malheureuses qui ont eu lieu durant ce siècle et celui qui l’a précédé ; on a pu avoir été séduit par des relations publiées avant l’époque où la minéralogie a commencé à fleurir ; elles représentent les Pyrénées très abondantes en riches métaux, mais les vaines recherches que l’on a faites autorisent à croire qu’on a mis au nombre des matières les plus précieuses toutes celles qui, par leur éclat, frappent la vue ; une telle erreur a peut-être été très dommageable à ceux qui ont fouillé dans le sein des Pyrénées ».

Il faut reconnaître cependant que l’argent, du moins, n’était pas un mythe, mais les gisements dans lesquels on pouvait le trouver ne présentaient pas l’abondance prétendue par les récits légendaires ou espérée par les chercheurs de filons. D’après Palassou, en Ossau, la mine de cuivre d’Aspeich (Bielle), celles du col de la Trape et du mont de la Grave, près de Laruns, contenaient un peu d’argent. D’après le baron de Dietrich, qui étudia de près les divers gîtes de minerai des Pyrénées, on trouvait au quartier de Héaspe, au sud de Laruns, « un filon de mine de cuivre grise tenant argent ». En Aspe, la mine de cuivre de Maspètre, dans le bois d’Anglus, donnait trois onces d’argent au quintal. Dans la vallée du Bélonce, territoire de Borce, on voyait également des filons argentifères. En Barétous, dans la montagne de Béré existait de la « mine de cuivre grise tenant argent ». Le même Dietrich décrit les mines de plomb, contenant un peu d’argent, de la porte Malaniac et de Sourince, dans le haut Ossau ; à Osse, dans la montagne de la Serre ; au Tosset de la mine, entre Arette et Issor ; dans la montagne d’Alios, à Arette.

Le lac d'Anglus, en vallée d'Aspe (Pyrénées-Atlantiques)
Le lac d’Anglus, en vallée d’Aspe (Pyrénées-Atlantiques)

La légende des richesses métalliques de nos montagnes ne s’est pas effacée de l’imagination populaire. Picamilh, dans la Statistique générale des Basses-Pyrénées (1858), enregistre une croyance de ce genre dans la Vallée de Barétous : « Au XVIIIe siècle, deux étrangers vinrent s’établir dans la Vallée de Barétous, où ils rencontrèrent un filon d’or d’une grande richesse ; mais des poursuites judiciaires ayant été exercées contre eux, ils cessèrent leurs travaux sans divulguer la situation du précieux minéral, et la mine qu’ils avaient découverte n’a pas été retrouvée ». Un article inséré à la fin du XIXe siècle dans l’Annuaire du Petit Séminaire de Saint-Pré déclare que « la croyance à l’existence des mines d’argent à Saint-Pré est à l’état de tradition, pour ainsi dire immémoriale, parmi ses habitants ».

Dans un village de la vallée de l’Ouzoum, où se trouvent les riches mines de fer de Baburet, on racontait au début du XXe siècle l’histoire récente d’un chercheur qui découvrait à travers la montagne des échantillons précieux. Il les portait, raconte-t-on avec mystère, dans un panier, à Saint-Pé-de-Bigorre, où il recevait en échange un poids équivalent de pièces de 5 francs.

 
 
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