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Comment fut inventé le tank ?

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Inventions, Découvertes
Inventions et découvertes dans les domaines des sciences et des arts. Origine des travaux de recherche ou des trouvailles fortuites.
Tank : comment et par qui
fut-il inventé ?
(D’après « L’Illustré du Petit Journal », paru en 1932)
Publié / Mis à jour le lundi 21 octobre 2019, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 
 
 
On a dit de la Première Guerre mondiale qu’elle fut « la guerre des machines », et de toutes les machines réalisées au cours de la lutte gigantesque, le tank est celle qui témoigna le mieux des efforts accomplis dans la recherche de l’effroyable et du colossal. Si l’invention en est attribuée à un ingénieur anglais, est-ce à dire que l’honneur d’avoir imaginé et réalisé le formidable engin n’appartienne qu’à lui ?

Ne serait-il pas intéressant de fixer l’histoire d’une invention qui, après avoir rendu, dans la guerre, d’inappréciables services, trouva dans la paix les plus précieuses utilisations ? La sagesse des nations assure qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil. En effet, de même que le feu grégeois a précédé la bombe incendiaire, de même que l’orgue de bombarde a précédé la mitrailleuse, le tank a eu de lointains ancêtres dans l’histoire de l’humanité.

Le premier en date parmi ces aïeux du tank est, à coup sûr, le char de guerre des armées perses. Ce fut Cyrus qui l’inventa. Aux essieux des chars ordinaires, il fixa des lames de faux, ce qui devait rendre le passage de ces chars extrêmement meurtrier. Puis, il perfectionna son invention et ajouta deux longues pointes fixées à l’extrémité du timon, pour percer tout ce qui se présentait de face. Enfin, il munit l’arrière du char de lames tranchantes et aiguës pour empêcher qu’on y montât. Il est facile de deviner quelle boucherie devait faire un tel engin lancé dans les masses ennemies.

La tour roulante de 1536

La tour roulante de 1536

Après le char de guerre des Perses, vient l’hélépole des Grecs, « hélépole » voulant dire « preneuse de villes ». Ce n’est plus un char, mais une tour, une machine de siège mouvante supportée par d’énormes roues à billes lui permettant l’évoluer dans tous les sens, et armée de formidables béliers. Plutarque assure que l’hélépole employée au siège de Rhodes par Démétrius Poliorcite n’avait pas moins de soixante-six coudées de hauteur.

Le Moyen Âge négligea la guerre des machines. Les chevaliers qui, à l’apparition du canon, crièrent à l’indignité, eussent rougi d’employer à la guerre d’autres armes que la lance et l’épée. Mais au XVIe siècle, on voit reparaître certains engins inspirés des méthodes guerrières de l’antiquité. Végèce, dans son livre des Stratagèmes, imprimé à Paris en 1536, reproduit l’image d’une tour roulante percée de meurtrières à travers lesquelles passe la gueule de plusieurs couleuvrines.

Les Anglais, sous Henri VIII, employèrent de ces chariots de guerre. On cite encore un ingénieur du roi de France, Henri III, nommé Agostino Ramelli, qui construisit, en 1588, un grand chariot voûté et bien fermé, ou deux ou trois couples d’arquebusiers étaient postés à des meurtrières. Le système de propulsion de ce char de guerre se trouvait à l’intérieur, où des hommes actionnaient au moyen d’une manivelle deux aubes latérales à palettes mordant le sol.

C’étaient là les autos-mitrailleuses de la Renaissance. Autos ?... Non : car ces tours et ces chars marchaient à bras d’homme comme l’hélépole des Grecs:Le premier projet de traction automobile appliquée à l’artillerie ne devait voir le jour, avec le chariot de Cugnot, qu’à la fin du XVIIIe siècle ; et la première forteresse automobile, le véritable précurseur du tank, ne devait être réalisée que cent ans plus tard, à l’époque de la première guerre franco-allemande de 1870-1871.

L’inventeur était un ingénieur italien nommé Balbi. Dès l’année 1854, il avait présenté au gouvernement français son projet de forteresse mobile en fer. On sait quel est généralement le sort des inventions soumises à nos administrations. Celle-ci, par sa nouveauté et son audace, devait plus que toute autre être mal accueillie. Une forteresse marchant toute seule, à la vapeur... Jamais la routine des bureaux ne consentirait à croire cela réalisable. L’inventeur fut éconduit.

La forteresse mobile de Balbi

La forteresse mobile de Balbi

Cependant, il ne se découragea pas. En 1870, au lendemain de l’investissement de Paris, il vint proposer au gouvernement de la Défense Nationale l’invention que le gouvernement impérial avait dédaignée. Il n’eut pas plus de chance. Les gouvernements changent, mais l’esprit rétrograde des bureaux reste éternellement le même. Alors, Balbi eut recours à l’initiative privée et ouvrit une souscription en vue de construire sa forteresse roulante. On a retrouvé les listes des souscripteurs et relevé, parmi les premiers inscrits, le nom de Clemenceau, alors maire de Montmartre. Balbi recueillit assez d’argent pour réaliser son rêve. Il se mit à l’oeuvre. Trop tard, hélas ! La paix fut signée avant que la forteresse pût être achevée, et cette aïeule du tank ne servit jamais.

Depuis lors, d’autres projets avaient vu le jour, mais étaient restés à l’état de projet. Dans aucune des guerres qui précédèrent celle de 1914 on ne signala l’emploi de forteresses automobiles conçues sur le principe du tank... Et cependant, on a prétendu que Guillaume II en personne avait, en 1897, dessiné de ses augustes mains un projet de forteresse automobile à l’usage de l’armée allemande. Qu’en advint-il ? Nul ne l’a jamais su. L’invention ne sortit pas du néant. Il est bien dommage que tous les rêves du « seigneur de la guerre » n’y soient pas demeurés avec elle.

Quoi qu’il en soit, dès avant la grande guerre, la plupart des nations mirent en service des automobiles blindées, munies de mitrailleuses qui, dans l’esprit de leurs promoteurs, étaient spécialement destinées aux reconnaissances, en remplacement de la cavalerie ou en collaboration avec elle.

Arrivons maintenant au char d’assaut moderne. Quels en furent les véritables inventeurs ? Mais sait-on, à ce propos, qui imagina le premier le « caterpillar », la chenille, élément essentiel du tank ? Il semble bien que ce soit un Anglais du rom de David Roberts. Dès l’année 1908, cet ingénieur avait construit un véhicule muni de roues à chenille, dont il préconisait l’emploi comme tracteur dans les grands travaux agricoles.

Le caterpillar de David Roberts (1907)

Le caterpillar de David Roberts (1907)

Mais il n’y a pas que chez nous qu’on voit les inventeurs bafoués par leurs compatriotes. Personne, en Angleterre, ne prit au sérieux le « caterpillar » de David Roberts, personne, sauf quelques ingénieurs américains qui, ayant vu l’instrument, le transportèrent par delà l’Atlantique et fondèrent une société pour exploiter le procédé.

Il fallut la guerre pour que le « caterpillar » revînt à son bercail. Quand les Anglais construisirent leurs premiers « cuirassés terrestres », ces formidables engins que l’humour des Tommies avait surnommés « Crème de menthe », ils se souvinrent du « caterpillar » de leur compatriote et ils l’appliquèrent à la nouvelle auto blindée. Le secret en avait été bien gardé ; et, quand les premiers tanks apparurent pour la première fois à Cancelette et à Martinpuich en 1915, ils semèrent la panique dans les rangs allemands.

Mais pourquoi ces cuirassés terrestres reçurent-ils et ont-ils gardé le nom de « tank » ? Il y a là-dessus plusieurs versions. Peu de temps avant la guerre, une usine s’était créée à Norfolk pour mettre en oeuvre, au point de vue agricole, l’invention de Roberts qui revenait d’Amérique avec l’auréole du succès. Cette usine, spécialisée dans la construction des roues à chenille, se trouva toute désignée pour établir, en 1915, les machines de guerre conçues sur le même principe. Or, l’ingénieur qui dirigeait cette usine s’appelait Tom Tank Burral. On le nommait communément Tank tout court. Son nom serait resté ainsi attaché aux engins construits sous sa direction.

L’autre version est plus simple... et plus vraisemblable aussi. Le mot « tank », en anglais, veut dire « réservoir ». Quand on eut construit les premiers cuirassés terrestres, on songea à leur appliquer un nom qui ne laissât pas supposer ce qu’ils pouvaient être. Et, sur les caisses qui les contenaient et les wagons qui les portaient, on inscrivit « special tank », « réservoir spécial ». Ils arrivèrent ainsi à destination sans que personne se fût douté que c’étaient là des engins nouveaux qui allaient révolutionner les méthodes de la guerre. Et voilà comment le nom de « tank », sous lequel on les avait primitivement désignés, leur resta.

Tank anglais de la Première Guerre mondiale. Dessin de Muirhead Bone (1917)

Tank anglais de la Première Guerre mondiale. Dessin de Muirhead Bone (1917)

Quelle fut, dans l’invention de ces terribles chars de guerre, la part de ce James Sharkey que les articles nécrologiques parus dans les journaux anglais désignent comme « l’inventeur du tank » ? Nous n’en savons rien. Mais il n’est pas douteux que d’autres que lui y collaborèrent. Au mois de mars 1917, le roi d’Angleterre décorait de l’ordre du Bain un ingénieur, Tennyson d’Eyncourt qui, disait le brevet, « a coopéré à l’invention du tank ». Des officiers, le-major Stern, le colonel Swinton, des techniciens de l’Amirauté y eurent aussi leur part. Et l’initiative en revient, dit-on, à Winston Churchill. alors ministre des Munitions, qui sut convaincre tout le monde de la nécessité de construire ces formidables engins.

Car le tank anglais était formidable, en effet. Le petit tank, au contraire, fut d’invention française. Dès l’année 1915, un de nos grands industriels de l’automobile en avait apporté les plans au général Gallieni. En France, comme en Angleterre, on devrait fixer l’histoire du tank, et tirer de l’oubli les noms de tous ceux qui collaborèrent à la création de ces engins. Le « caterpillar », au lendemain de 1918, revint à sa destination primitive. En Amérique on l’utilisa comme tracteur pour les charrues et autres machines agricoles. Partout où l’on se trouve en face de terrains d’accès difficile, partout où les routes ne sont pas frayées, l’usage des roues à chenille était indiqué. Sur les voies détrempées, creusées d’ornières où se brisent les essieux des camions lés plus résistants, cet engin fait merveille. On l’employa avec succès en montagne, où il gravit sans difficulté les pentes les plus escarpées. On sait également que la roue à chenille a vaincu les sables du Sahara.

 
 
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