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Singulières recettes de beauté sous la Renaissance

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Coutumes, Traditions
Origine, histoire des coutumes, traditions populaires et régionales, fêtes locales, jeux d’antan, moeurs, art de vivre de nos ancêtres
Singulières recettes
de beauté sous la Renaissance
(D’après « L’Art d’être jolie », paru en 1904)
Publié / Mis à jour le mercredi 29 mai 2019, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 
 
 
La médication du temps passé, avec ses formules naïves et compliquées, réunissant les éléments les plus étranges, mélange pittoresque d’un peu d’observation et de beaucoup de superstitions grossières, nous fait sourire aujourd’hui que nous possédons une étonnante variété de produits pharmaceutiques, composés et employés de façon rationnelle et sûre

Ces recettes, souvent répugnantes, nous surprennent surtout lorsqu’il s’agit des soins de la beauté. Est-il possible que les élégantes de la Renaissance, à cette époque où la coquetterie tint une si large place dans la vie des femmes, aient osé mettre sur leur peau, pour embellir leur teint, de l’huile de lézard ou de la fiente de chat ?

Ces recettes pourtant, à en croire les chroniqueurs du temps, faisaient merveille et voici, présentées sans commentaires, les plus originales parmi toutes celles — si nombreuses — que la tradition nous a laissées.

Les yeux

— Pour les faire briller. Prenez des escargots et lavez-les huit fois dans de l’eau. Puis faites-les distiller dans un alambic. Prenez ensuite de la fiente de lézard, du corail rouge et du sucre candi. Distillez et mêlez au premier mélange. Vous pourrez en mettre, soir et matin, une goutte dans vos yeux.

— Contre les paupières qui collent. Mélangez de la cire et du gingembre ; passez avec du sang d’anguille et appliquez le soir sur vos yeux.

Un apothicaire et son auxiliaire avec balance et mortier un remède aux herbes médicinales. Enluminure italienne de la fin du XIVe siècle extraite du Tacuinum sanitatis in medicina

Un apothicaire et son auxiliaire avec balance et mortier un remède aux herbes médicinales.
Enluminure italienne de la fin du XIVe siècle extraite du Tacuinum sanitatis in medicina

— Contre le larmoiement des yeux. Mélangez bien de la rue, le fiel d’une chèvre et du miel. Appliquez le soir le mélange sur vos yeux.

— Contre les yeux chassieux. Mêlez de la chéîidoine avec du lait de femme et appliquez sur les yeux.

— Contre l’irritation des yeux. Prenez un limaçon rouge et faites-le cuire dans l’eau. Retirez la graisse et couvrez-en vos yeux, en vous couchant.

— Contre les boutons des sourcils. Prenez un œuf dur ; écaillez quand il est chaud et par quartiers. Appliquez-le, de suite, sur un linge blanc.

Les cheveux

— Pour avoir une douce chevelure. Lavez-vous la tête trois fois par jour avec de la rosée de mai.

— Pour empêcher vos cheveux de tomber. Prenez des racines sèches de choux et roulez-les dans de l’eau de fontaine jusqu’à ce qu’elles se ramollissent. Lavez la tête avec cette eau.

— Pour faire repousser les cheveux. Prenez des sangsues et faites-les brûler, de façon à les réduire en poudre. Mélangez avec de la fiente, du miel et du mercure, et frottez les places dénudées.

— Idem. Faites brûler dans une poêle de fer des mouches à miel. Ajoutez à la cendre ainsi obtenue même quantité de cendres de semences de lin calcinées. Cela fait, faites bouillir une bonne quantité de lézards dans de l’huile. Exposez cette huile au soleil pendant 20 jours, et ajoutez la poudre. Oignez vos cheveux avec l’huile ainsi obtenue.

— Idem. Faites brûler des mouches dans un pot ; mélangez la cendre avec du jus de cerfeuil et des noisettes réduites en poudre, ainsi que du miel et de l’huile, le tout ensemble. Frottez-en la tête.

— Pour blondir les cheveux. Faites infuser de la rhubarbe dans du vin blanc, et humectez souvent avec une éponge. Laissez sécher, sans essuyer.

— Pour noircir les cheveux. Mêlez des feuilles de figuier noir réduites en poudre et des vers de terre. Brûlez avec une suffisante quantité d’amandes douces pour en faire une pommade.

— Dépilatoire. Broyez dans un mortier de la chair de lièvre avec des orties marines jusqu’à consistance de cataplasme et appliquez.

— Idem. Mêlez des cendres de salamandre avec de l’huile jusqu’à consistance de bouillie et appliquez.

— Idem. Faites un cataplasme de fiente de chat broyée dans un mortier avec du fort vinaigre.

— Idem. Laissez sécher du sang de thon sur la partie dont vous voulez faire tomber le poil.

La bouche

— Pour blanchir les dents. Prenez du corail rouge, des noyaux de dattes, des semences de perles, des écrevisses calcinées, de la corne de cerf, de chacun un drachme, avec un scrupule de sel d’absinthe. Pulvérisez ces choses subtilement, et frottez vos dents avec cette poudre.

Le teint

— Pour embellir le teint. Faites fondre une demi-livre de suif de taureau et une demi-livre de beurre frais dans un demi-setier d’eau de roses. Levez la graisse qui surnagera, et incorporez-y 6 onces (180 g) de céruse en poudre.

— Idem. Prenez une jeune cigogne qui n’a pas encore volé, ôtez-lui les entrailles, et mettez dans le corps une once de camphre et une drachme d’ambre fin. Faites cuire jusqu’à trois bouillons. Appliquer le jus sur les joues.

— Idem. Concassez dans un mortier 30 grammes de perles fines bien blanches, puis mettez-les dans un récipient de verre sur des cendres chaudes. Versez dessus du vinaigre blanc distillé. Une fois les perles fondues, mêlez une quantité égale d’eau de fleurs d’orange. Lotionnez le soir.

Un apothicaire en 1600. Chromolithographie publicitaire de la fin du XIXe siècle

Un apothicaire en 1600. Chromolithographie publicitaire de la fin du XIXe siècle

— Idem. Faites bouillir une douzaine de pieds de mouton bien propres. Recueillez la graisse qui surnage et mêlez deux drachmes de borax et de blanc de baleine.

— Idem. Prenez trois chopines de lait de vache, autant de vin blanc, les coques et le glaire de 2 douzaines d’œufs frais, la mie d’un petit pain, une poignée d’orge, une rouelle de veau coupée en morceaux et 4 oignons de lys. Distillez au bain-marie.

— Idem. Laissez vingt-quatre heures une poule grise sans boire ni manger, puis prenez 30 grammes de talc calciné, autant de baume de Judée et d’argent dissous à l’eau-forte et pour trois sous de mie de pain tout chaud. Mêlez ces choses et faites-les manger à la poule, sans lui donner à boire, et aussitôt qu’elle les aura avalées, étranglez-la avec une ficelle. Plumez-la et mettez dans un alambic de verre pour la distiller. Il en sortira une eau merveilleuse pour le teint.

— Pour ôter les taches de rousseur. Éteignez plusieurs fois des pièces d’or rougies au feu dans du vin très généreux. Faites-y dissoudre un peu de tartre et humectez les taches avec ce vin ainsi préparé.

— Idem. Prenez une demi-douzaine de petits chiens de lait ; ôtez-leur les entrailles, puis mettez-les dans un alambic, avec une bonne quantité de sang de veau pour en faire la distillation au bain-marie. Il en sortira une eau bienfaisante.

— Contre les dartres de la peau. Faites des applications de fiente de pigeon mêlée avec du vinaigre.

— Contre le hâle. Détrempez des fiels de coq, de poule, de lièvre et d’anguille dans du miel, et oignez le visage, en évitant de toucher aux yeux.

— Contre les verrues. Humectez d’urine âcre de chien. Si cela ne suffit pas, appliquer du sang de rat tout chaud ou un mélange de vin et de fiente de chevreau, ou encore de la fiente de brebis appliquée avec du vinaigre.

— Contre les marques de petite vérole. Prenez une livre de vinaigre blanc et une livre d’urine d’une jeune personne ne buvant que du vin, une demi-livre de suc de plantain, 15 grammes de borax, 15 grammes de gomme adragante, deux poignées de fleurs de roses et de fèves. Laissez infuser trois jours sur des cendres chaudes, distillez au bain-marie et appliquez sur le visage le liquide ainsi obtenu.

— Idem. Faites fréquemment des applications de sang de lièvre tout chaud.

Les mains

— Pour embellir les mains. Prenez 4 livres d’eau de pluie, une demi-livre de figues grasses, 1 livre de miel blanc, une demi-livre de graisse de poule, une demi-livre de graisse d’agneau, 4 poignées de plumes de poule, et faites bouillir. Ajoutez quelques noix muscades et quelques girofles ; coulez le tout.

— Pour faire grossir. Nourrissez une poule avec de vieilles grenouilles bien grasses, coupées en morceaux et bouillies avec du froment ; mangez la poule, mais en faisant attention de ne manger que le membre correspondant à celui que l’on veut engraisser.

Il semble que les apothicaires du temps avaient été doués d’une puissance prodigieuse de résistance au dégoût, pour pouvoir conserver chez eux toutes ces substances répugnantes, et l’on se demande avec horreur ce que devait être le laboratoire où ils recueillaient les matières premières destinées à ces extraordinaires onguents.

 
 
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