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Naufrage d'un navire huguenot au large de la Floride en 1565 : le trésor appartient à la France

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L’Histoire fait l’Actu
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Naufrage d’un navire huguenot
au large de la Floride en 1565 :
le trésor appartient à la France
(Source : Sciences et Avenir)
Publié / Mis à jour le samedi 4 août 2018, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 
 
 
Une épave du XVIe siècle, retrouvée en 2016 à quelques encablures d’Orlando, a été reconnue comme propriété de la France par la justice américaine. Elle appartiendrait à la flotte de l’explorateur Jean Ribault, parti établir une colonie en Floride entre 1562 et 1565.

Après deux années de litige, la justice américaine a rendu son verdict : l’épave du XVIe siècle retrouvée au large de la Floride (États-Unis), en 2016, par la société privée Global Marine Exploration inc. (GME), appartient bien à la France. C’est par ces conclusions qu’a tranché la Juge Karla Spaulding, au Tribunal d’Orlando (Floride), le 29 juin 2018, comme l’a récemment rapporté le New York Times. Preuves de cette filiation ? Les armoiries royales présentes sur trois canons en bronze et une très rare « pierre de balisage » ornée de fleurs de lys, découverts par des chasseurs de trésors au fond de l’océan. Ces piliers étaient destinés à marquer les nouvelles possessions territoriales.

Certains d’avoir affaire aux vestiges de la Trinité et de l’Esmérillon, les navires de la flotte de Jean Ribault (ou Ribaut) et Vincent Colas, coulés en 1565, la Division des affaires maritimes et du droit de la mer avait dès 2016, alertée par le Drassm, réclamé la propriété de l’épave au nom de la France. « Sur un des canons se trouvait encore l’initiale d’un des fondeurs de François Ier, et sur un second, le blason d’Henri II », a précisé Michel L’Hour, directeur du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm).

Canon à fleur de lys du XVe-XVIe siècle retrouvé sur l'épave de la Trinité, au large de la Floride

Canon à fleur de lys du XVe-XVIe siècle retrouvé
sur l’épave de la Trinité, au large de la Floride

« Depuis le vote du « Sunken Military Act » par les États-Unis le 28 octobre 2004, les nations sont souveraines sur leurs anciens navires de guerre trouvés dans les eaux territoriales américaines », a expliqué à Sciences et Avenir, l’archéologue.

En 1562 — plus de 200 ans avant la création des États-Unis —, mais aussi à l’aube de la première Guerre de religion (1562-1563), le navigateur dieppois Jean Ribault, avait été envoyé par l’amiral de Coligny (1519-1572) fonder la Floride française. Et ainsi Charlesfort, puis Fort Caroline.

Mais en 1565, au retour d’un second voyage où il était venu renforcer la colonie en proie à de graves difficultés -mutineries, famines, guerres avec les indiens-, l’expédition maritime avait tourné à la catastrophe. Pris dans une tempête tropicale, le bâtiment n’avait pas résisté et avait sombré par huit mètres de fond... où il se trouve toujours. Hélas, la mésaventure n’allait pas en rester là. Survivants, le capitaine Français et ses hommes avaient réussi à rejoindre la côte, pensant pouvoir se réfugier à Fort Caroline.

Navires de la flotte de Jean Ribault, au XVIe siècle. Illustration de Jacques le Moyne de Morgues (1533-1588)

Navires de la flotte de Jean Ribault, au XVIe siècle.
Illustration de Jacques le Moyne de Morgues (1533-1588)

Mais là, les attendaient les troupes espagnoles de l’amiral Pedro Menendez des Avilés, capitaine général de la flotte des Indes... Tous allaient être exécutés « non comme Français, mais comme huguenots » — en les écorchant vifs, décapitant ou démembrant —, selon la leyenda negra, la légende noire. Ont ainsi été massacrés les soldats de l’amiral Gaspard de Coligny et la plupart des membres de la colonie française, que l’Espagne de Philippe II ne voulait pas voir prendre pied dans ce qu’ils considéraient comme leur sphère d’influence en Amérique. Seuls, une cinquantaine de catholiques, femmes et enfants auraient été épargnés. Et c’est sur les ruines de cette implantation française qu’ils rasèrent, qu’en 1565, les Espagnols bâtirent Saint-Augustine, la plus ancienne ville érigée par des Européens en Amérique du Nord.

Quelle suite sera donnée à cette trouvaille ? Pour l’heure, les autorités françaises souhaitent attendre le mois d’août, et la fin du délai d’appel pour se prononcer. En effet, après la décision du Tribunal de Floride, Robert Pritchett, le directeur de GME, a estimé que les Français n’avaient aucun moyen de prouver qu’il s’agissait du vaisseau de Jean Ribault... Selon lui, une fois l’explorateur exécuté, les canons fleurdelysés avaient été chargés sur un bateau espagnol.

L’épave de Floride ne serait donc pas française. Tentative de storytelling qui ne semble pas avoir émue le moins du monde la magistrate américaine. De son côté, ravi par ces conclusions, John de Bry, directeur du Centre pour l’Archéologie Historique de Melbourne Beach, à l’ouest d’Orlando (Floride), a déclaré qu’il s’agissait « du plus important naufrage jamais découvert en Amérique du Nord ». La France ayant des accords de coopération avec les États-Unis, une étude scientifique de ce site majeur pourrait être ultérieurement menée en réunissant des chercheurs des deux pays.

Le chef indien Athore montrant en 1564 à René Goulaine de Laudonnière la colonne érigée par Jean Ribault lors la prise de possession de la Floride en 1562. Illustration de Jacques le Moyne de Morgues (1533-1588)

Le chef indien Athore montrant en 1564 à René Goulaine de Laudonnière
la colonne érigée par Jean Ribault lors la prise de possession de la Floride en 1562.
Illustration de Jacques le Moyne de Morgues (1533-1588)

De la même façon qu’il l’avait déjà tenté de 1555 à 1560, au Brésil, avec Nicolas Durand de Villegagnon et l’éphémère colonie de la baie de Guananabara, à Rio, pour la France antarctique ; en 1562, l’amiral Gaspard de Coligny, chef des protestants français, avait demandé à Jean Ribault d’établir une colonie huguenote en Floride. Parti avec René de Laudonnière et le cartographe et illustrateur Jacques Le Moyne de Morgues, l’expédition tenta de prendre possession de la Floride Française en créant Fort Caroline.

Mais cette tentative de colonisation se révéla un échec, et s’acheva dans un bain de sang. Après le massacre des luthériens par les Espagnols, des opérations punitives vinrent faire subir le même sort aux Espagnols. « Les véritables héritiers de la Floride française furent les Anglais. L’observation attentive de l’expérience française devait servir plus tard de leçon pour l’établissement de la colonie de Virginie en 1585 », a ainsi écrit l’historienne Hélène Lhoumeau dans Les expéditions françaises en Floride (1562-1568).

Bernadette Arnaud
Sciences et Avenir

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