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Histoire du costume, costumes anciens : costume militaire sous Charles IX

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Mode, Costumes
Variations des costumes depuis les Gaulois jusqu’au XIXe siècle. Histoire du costume, vêtement, coiffures, chaussures. Mode vestimentaire
XVIe siècle (Costume militaire au),
sous le règne de Charles IX
(D’après un article paru en 1854)
Publié / Mis à jour le samedi 16 janvier 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 

Nous avons vu commencer, sous Henri II, la mode des armes gravées et dorées. Philippe Strozzi, colonel général des bandes françaises, s’appliqua à les rendre communes dans ses troupes. Il fit venir de Milan à Paris un négociant fort entendu qui s’appelait Negrotti. Ce Negrotti ouvrit de grands magasins approvisionnés en tout temps de ce qui se fabriquait de mieux dans son pays en fait de corselets et de morions. Par là, il arriva que la marchandise n’ayant plus à passer, comme auparavant, par les mains d’une foule d’intermédiaires qui voulaient tous y bénéficier, les prix se réduisirent de beaucoup.

Cependant ils étaient encore au-dessus des facultés de la plupart des soldats. Un morion valait jusqu’à 14 écus. M. de Strozzi se mit en instance auprès de nos armuriers et à les piquer d’honneur pour qu’ils s’emparassent d’une industrie dont leur timidité seule assurait le monopole aux étrangers. Il commença par former un doreur qui surpassa les Milanais dans l’application de l’or moulu sur la gravure ; si bien qu’en achetant les pièces blanches à Negrotti, et en les dorant à Paris, un morion ne revint plus qu’à 8 ou 9 écus.

Piquier, enseigne, tambour, d'après le recueil de Perrissin

Piquier, enseigne, tambour, d’après le recueil de Perrissin

Enfin il sortit des ateliers français des pièces aussi bien cambrées, évidées et gravées que tout ce qu’on apportait d’Italie. Cela mit fin au commerce du seigneur Negrotti ; mais il s’était déjà fait riche à plus de 50 000 écus.

Ce n’est pas seulement d’armes défensives que Negrotti faisait commerce ; il tenait aussi des arquebuses et des fourniments, autre partie où nos ouvriers ne purent pas de sitôt soutenir la concurrence avec les Italiens. Le fourniment était une poire à poudre munie, comme le furent plus tard les poires à poudre des chasseurs, d’un étui en métal ou capsule destinée à mesurer la charge. Le soldat le portait suspendu à une chaîne ou à un baudrier ; cela lui tenait lieu à la fois de giberne et de cartouches. La ville de Blangy, près d’Eu, était en possession de l’industrie des fourniments ; mais on reprochait aux capsules de cette fabrique de n’être pas toutes d’une mesure égale, et aux ciselures dont on y décorait les poires de n’avoir ni goût ni relief.

Quant aux arquebuses françaises, elles se faisaient à Metz et à Abbeville, avec aussi peu de succès que les fourniments à Blangy. Les canons, inégalement vidés, crevaient à tout bout de champ ; les crosses, mal cambrées, rendaient l’épaulement difficile et la justesse de tir impossible. Les arquebuses de fabrique milanaise étaient exemptes de ces défauts. De Strozzi ne leur reprochait qu’une trop courte portée, parce qu’il voulait que l’arquebusier tuât un homme à quatre cents pas.

En allant à Malte en 1562, il passa exprès par Milan pour s’entendre avec un nommé Gaspard qui était le plus habile ouvrier du monde à forger les canons d’armes à feu, et pour faire exécuter sous ses yeux le nouveau calibre dont il avait l’idée. « Et soudain, raconte Brantôme, qui accompagnait de Strozzi, le bonhomme maître Gaspard se mit à faire si grande quantité de ces arquebuses que, tant il en fesait, autant il en vendait aux autres Français qui venaient après nous, et qui, à l’envi de nous autres, en prenaient, car nous étions allés les premiers. Et depuis continua à forger les canons de ce gros calibre, mais avec cela si bien forés, si bien limés et surtout si bien vidés, qu’il n’y avait rien à dire ; et étaient très sûrs, car il ne fallait point parler de les crever. Et avec cela, nous fîmes faire les fourniments beaux et la charge grande à l’équipollent. Voilà d’où, premièrement, avons eu l’usage de ces gros canons de calibre, que, quand on les tirait, vous eussiez dit que c’était mousquetade. »

Les mousquets doivent encore à M. de Strozzi d’avoir été amenés à un calibre raisonnable qui, sans surcharger le soldat, lui donnait le moyen de toucher un but presque du double plus loin qu’avec l’arquebuse. Nous avons déjà trouvé cette arme en usage dans les bandes de François Ier ; mais elle avait été abandonnée depuis à cause de sa lourdeur. Le duc d’Albe la remit en honneur en la donnant à des compagnies d’élite dont les soldats étaient assez bien payés pour avoir chacun un valet qui portait leur mousquet dans les marches.

Charles IX ayant vu cette troupe lors de la fameuse entrevue de Bayonne, en 1565, l’envie lui vint d’en avoir une pareille. Il commanda des mousquets à la manufacture de Metz, et chargea de Strozzi d’en armer une escade de sa garde. Celui-ci déclara tout d’abord qu’il ne souffrirait pas que nos fantassins eussent des valets, ainsi que les Espagnols ; et comme, d’un autre côté, il reconnut que c’était abuser de la force des hommes que de les faire marcher avec ces mousquets de Metz, il s’adressa de nouveau aux armuriers de Milan pour diminuer la longueur de l’arme et réduire l’épaisseur du canon sans préjudicier à sa portée.

Avec cela, il autorisa l’emploi de fourchettes pour ajuster ; et il y eut des mousquetaires non seulement dans la garde du roi, mais encore dans la plupart des bandes françaises. C’est de l’usage des mousquets que vint l’idée des charges de bandoulière. A cause de la grande quantité de poudre qu’il fallait brûler pour chaque coup, on imagina d’attacher au baudrier du soldat plusieurs

Arquebusiers et hallebardier de la garde de l'enseigne, d'après le recueil de Perrissin

Arquebusiers et hallebardier de la garde de l’enseigne,
d’après le recueil de Perrissin

capsules toutes remplies à la mesure du mousquet, indépendamment de ce qu’il avait dans son fourniment pendu au bout du même baudrier.

Henri Estienne nous apprend que le terme morion, qui était italien, se substitua généralement, sous Charles IX, à celui de cabasset. Dans le même temps, le morion à visière abaissée, qu’on appelait autrefois salade, ne fut plus connu que sous le nom de bourguignotte. Salade fut réservé pour désigner exclusivement l’armet muni de bavière et de vue, qui constituait le casque de la gendarmerie. Le morion ou la bourguignotte servaient de coiffure à la cavalerie légère et aux fantassins. Parmi ceux-ci, il n’y eut que les hallebardiers qui gardèrent le chapeau.

Les corselets, abandonnés tout à fait par les gens de tir, devinrent l’uniforme propre aux piquiers et le signe de reconnaissance des officiers de tout grade. Les huguenots, n’ayant pas de Suisses dans leurs armées, se servirent en place de fantassins allemands, ou lansquenets, habillés à peu près comme l’étaient ceux de Marignan, sauf que leurs hauts de chausses, très amples et coupés à l’allemande, descendaient presque au bas des jambes, comme les pantalons des Mameluks. En tête de leurs bandes marchait un rang de soldats armés de ces effroyables épées à deux mains, qui font l’étonnement de ceux qui en voient aujourd’hui dans les cabinets de curiosités.

L’habillement de la cavalerie ne subit de réforme importante que la suppression totale du harnais de jambes qui fut remplacé par des bottes longues, même dans la gendarmerie ; de sorte que tous les corps furent dès lors chaussés uniformément. Le corselet des chevau-légers était couvert, dès le temps de François II, par une casaque flottante un peu plus longue que le buste. Les gens d’armes en eurent de pareilles avec des manches perdues qui tombaient derrière le bras : c’est ce qu’on appela les robes de la cavalerie. Les arquebusiers à cheval, qui commencèrent alors à s’appeler carabins, n’eurent pas cet accoutrement qui les aurait gênés pour la manœuvre de leur arme. Enfin les reîtres, tout en conservant le pistolet auquel ils devaient leur réputation, adoptèrent les armes défensives qui leur manquaient d’abord, c’est-à-dire la bourguignotte et le corselet.

L’édit somptuaire de 1573 essaya de mettre un frein au luxe des harnachements qui faisait le désespoir des capitaines. On y lit un article ainsi conçu : « Les gens de guerre ne porteront sur le harnais et caparaçons des chevaux, drap ni toile d’or ou d’argent tiré, ni tissu (n’était pour une fois, en acte notable, comme en une bataille ou journée assignée) ; mais bien se pourra porter broderies ou taillures d’or ou d’argent, ou de soie en bordure de quatre doigts, et enrichissement de croix. »

 
 
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