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Après les élections législatives, les députés français changent de place

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L’Histoire éclaire l’Actu
L’actualité au prisme de l’Histoire, ou quand l’Histoire éclaire l’actualité. Regard historique sur les événements faisant l’actu
Après les élections législatives,
les députés français changent de place
(Extrait du « Figaro » du 26 juin 1914)
Publié / Mis à jour le dimanche 25 juin 2017, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 2 mn
 
 
 
Quelques semaines après les élections législatives de mai 1914, un journaliste du Figaro moque la décision d’assigner à chaque groupe parlementaire un secteur de la Chambre, cette division entérinant de surcroît à ses yeux la renonciation au réel vote personnel

Comme l’on est injuste pour nos nouveaux députés ! s’exclame le journaliste. On les accuse de paresse, et ils ont déjà résolu une question capitale : ils se sont placés. Désormais la Chambre sera divisée en une série de secteurs qu’occuperont les différents groupes, selon leur nuance politique. Ce sera tout à fait harmonieux.

Le plan de cette émouvante répartition a été affiché hier, 25 juin 1914, dans les couloirs de la Chambre. Les députés le regardaient avec beaucoup d’intérêt. Les autres personnes souriaient. C’est un petit plan, très gentil, très amusant. M. Groussier l’a recommencé quatorze fois avec beaucoup d’obligeance. Maintenant, c’est la perfection, et nous sommes rassurés. Il est clair, en effet, que par le temps et les députés qui courent il est bien plus difficile d’asseoir sa personne que ses convictions. Des convictions, ça s’assoit n’importe où. Le moindre strapontin leur suffit : elles sont si légères !

Un parlementaire plein de sincérité nous a expliqué l’utilité de cette réforme. « Maintenant, nous a-t-il dit, plus moyen de nous tromper. Si, par hasard, il nous arrivait d’oublier qu’elle est exactement notre opinion — et c’est fort possible dans la vie bousculée que nous menons —, la seule vue de notre secteur préciserait nos souvenirs et rendrait toute erreur impossible. Nous saurons ainsi à chaque instant, et sans même y penser — ce qui vaut infiniment mieux —, à quel parti nous appartenons. C’est merveilleux ! »

Une séance scandaleuse à la Chambre des députés, lors de laquelle on entendit chanter l'Internationale, la Marseillaise et la Vendéenne. Illustration du Supplément du Petit Journal du 30 mai 1909

« Une séance scandaleuse à la Chambre des députés », lors de laquelle on entendit chanter l’Internationale,
la Marseillaise et la Vendéenne. Illustration du Supplément du Petit Journal du 30 mai 1909

On pourrait sans doute faire observer à nos représentants que la question des armements ne souffre pas de retard ; que la question fiscale s’impose avec une urgence redoutable ; que la représentation proportionnelle, si elle était bientôt votée, serait fort capable de rénover le régime parlementaire, et que dans de telles conditions il eût été assez indiqué de traiter d’abord tous ces graves problèmes et de discuter la question des places, si j’ose dire, postérieurement. Mais il est évident que ces observations resteraient vaines.

La division de la Chambre en secteurs est moins enfantine et moins risible qu’elle n’en a l’air. Elle correspond en effet à un état de choses et à un état d’esprit. Elle affirme avec éclat la toute-puissance du groupe, de la coterie. Elle consolide le règne du parti et du parti pris. Elle rend impossible le vote réfléchi, personnel. Les petites mares stagneront ainsi confortablement chacune chez elles. Les députés d’un même groupe, étant assis à côté les uns des autres, seront sûrs de leur fidélité réciproque. Pas moyen de fausser compagnie à des gens aussi proches. Pas moyen d’avoir une idée à soi et de formuler un jugement individuel. Les jours de travail, c’est précieux, et les jours de besogne, c’est indispensable !

Ajoutez à cela qu’il a été un moment question de transporter la Chambre à Versailles et de l’installer à la place de l’Assemblée nationale. Est-ce parce qu’il serait agréable à M. Malvy de se rapprocher de Louis XIV, ou bien souhaiterait-on prouver que M. Thiers était beaucoup plus grand qu’il n’en avait l’air ?

Toujours est-il que, dans une Chambre ainsi divisée en compartiments, un homme indépendant aura sans doute quelque peine à s’asseoir. M. Briand a manifesté, dès hier cet embarras. Lamartine ne se fût pas assis du tout. En effet, un jour où on lui demandait où il siégeait, il répondit : « Au plafond ». Le plafond n’est pas un secteur.

 
 
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