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Lieux d'histoire : ville de Bar-le-Duc (Meuse)

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Lieux d’Histoire
Origine, histoire de nos villes, villages, bourgs, régions, châteaux, chapelles, moulins, abbayes, églises. Richesses historiques de France
Bar-le-Duc (Meuse)
(D’après un article paru en 1879)
Publié / Mis à jour le samedi 16 janvier 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 6 mn
 

Bar-le-Duc ou Bar-sur-Ornain (Barrum, Barri-Villa, Barum Leucorum, Barum ducis, et aussi Barri-Dux) est une ville d’une antiquité fort respectable. D’après certaines opinions, elle aurait été fondée au dixième siècle par Frédéric Ier, duc de la Lorraine Mosellane. Ce duc commença par faire bâtir en ce lieu une forteresse qu’il nomma Barrum ou Barra, c’est-à-dire Barre, à cause de sa situation sur les frontières de France et de Lorraine, et aussi parce que cette forteresse servait de barrière aux Lorrains contre les Champenois.

Le pont Notre-Dame, à Bar-le-Duc Dessin d'Émile Laborne

Le pont Notre-Dame, à Bar-le-Duc
Dessin d’Émile Laborne

D’autres opinions plus modernes et très fondées feraient remonter Bar jusqu’à l’époque où les invasions commencèrent à menacer du côté du Rhin. Peut-être était-ce un village ; peut-être était-ce le camp romain établi sur les hauteurs de Fains, et dont on voit encore des restes ? Ce camp servit plus d’une fois de refuge aux malheureux habitants de ce pays, qui se sauvaient devant les hordes dévastatrices des barbares, et qui lui donnèrent, en souvenir de la « barrière » opposée a leurs sauvages ennemis, le nom gaulois de Bar.

Selon d’autres opinions encore, la ville doit son nom de Bar à un poisson, le barbeau, très commun dans l’Ornain ; et cette étymologie s’appuie au besoin sur la composition des armoiries de la ville ; ses armes sont, comme disent les livres de blason, « d’azur semé de croix recroisetées, au pied fiché d’or ; à deux bars adossés de même, dentés et allumés d’argent, brochant sur le semé. »

Quoi qu’il en soit de ces questions étymologiques, on trouve des détails relatifs à l’histoire de Bar dans des temps assez reculés. Childéric, fils de Mérovée, ayant été obligé, par la révolte des Francs, de se retirer en Thuringe, chargea son confident Véomade de le prévenir du moment où il serait bon de revenir. Lorsque au bout de quelque temps il reçut de Véomade un avis favorable et reprit le chemin de la Gaule, c’est à Bar que Véomade vint le recevoir. Les habitants de Bar firent si bon accueil à Childéric que, pour leur en témoigner sa reconnaissance, il les exempta d’impôts et les autorisa à établir chez eux une sorte de municipalité ; il est vrai que l’esprit romain n’avait guère pénétré chez les Leuks, et, par conséquent, le municipe ne fut point constitué.

On a dit aussi, mais sans preuve bien certaine, que Chlodwig, en 496, après la victoire remportée sur les Alamans à Tolbiac, passa par Bar en se rendant de Toul à Reims. La chose n’est peut-être pas bien démontrée, mais elle est fort probable, attendu qu’il n’y avait à cette époque, en Gaule, d’autres moyens de communications que les voies romaines, et qu’il en existait justement une dans la direction citée plus haut.

L’histoire de Bar ne commence d’une manière suivie qu’à partir de l’époque où Frédéric Ier fit bâtir la forteresse dont on voit encore les débris. Autour de cette forteresse se forma ce qu’on appelle aujourd’hui la ville haute, qui est, par conséquent, moins ancienne que la ville basse. Le même Frédéric échangea les domaines de sa femme contre des terres qui entouraient le château, et prit le nom de duc de Bar.

Le Vieux Collège, à Bar-le-Duc

Le Vieux Collège, à Bar-le-Duc

L’histoire de la ville est celle de toutes les villes au Moyen Age : fondations religieuses, guerres avec les voisins, mariages. Au onzième siècle, un duc de Bar, Frédéric II, ne laissa que deux filles, Sophie et Béatrix. Béatrix, mariée à Boniface, marquis de Montferrat, fut la mère de Mathilde, comtesse de Toscane, la grande comtesse Mathilde, qui joua un si grand rôle en Italie pendant les démêlés des papes et des empereurs d’Allemagne, et dont l’héritage fut pendant deux siècles l’objet d’une lutte ardente entre le saint siège et l’empire.

Quant à Sophie, elle épousa Louis de Montbelliard, comte de Mousson, homme de noblesse inférieure et de faible caractère, qui n’osa prendre le titre de duc, et qui abandonna toute l’autorité à sa femme, princesse remarquable d’ailleurs par son intelligence et sa fermeté.

Les seigneurs de Bar ne se qualifièrent plus dès lors que du titre de comtes, jusqu’à Robert, gendre du roi Jean, qui se fit duc. Les réclamations ultérieures de la France sur le Barrois mouvant, c’est-à-dire dépendant, d’après les lois féodales, n’ont pas eu d’autre origine. L’empire eut plus tard, lui aussi, des prétentions à la suzeraineté du Barrois, et voici sur quoi les historiens allemands fondent ces prétentions. Un arrière-petit-fils de la comtesse Sophie, Renaud Ier, qui fit la guerre au comte de Luxembourg, à l’évêque de Verdun et à l’empereur lui-même, fut assiégé par ce dernier dans son château, fait prisonnier et emmené en cette qualité.

On retrouve des seigneurs de Bar aux croisades, et ils s’y font même remarquer par leur bravoure. Sous Thibaut II, personnage habile et guerrier à la fois, le Barrois se consolide et exerce une véritable influence dans les affaires de la Lorraine et de la Champagne. Henri III, comte de Bar et gendre d’Édouard Ier, roi d’Angleterre, ayant pris parti contre Philippe le Bel, ravagea la Champagne et brûla l’abbaye de Beaulieu, mais fut vaincu et fait prisonnier par Gaucher de Précy, connétable de Champagne. On le conduisit à Bruges ; il ne sortit de captivité qu’au bout de deux ans, et encore ce fut pour signer un traité désastreux (1301).

Il s’obligeait, pour lui et ses héritiers, à faire hommage lige au roi de France et à ses successeurs, de sa ville et châtellenie de Bar, et de tout ce qu’il tenait en franc-aleu en deçà de la Meuse ; à réparer, dans un très bref délai, les ravages faits par lui et ses gens à l’abbaye de Beaulieu ; à faire la guerre en Chypre, et à y résider jusqu’à ce qu’il plût au roi de le rappeler. La noblesse du Barrois eut beau protester contre cette aliénation d’une souveraineté qui avait été indépendante de tout temps, la France passa outre et l’indépendance du duché de Bar fut ébranlée par le traité de 1301 ; quant au duc Henri, il mourut en allant à l’île de Chypre.

Des démembrements, des donations, des fondations religieuses, les ravages des grandes compagnies, des guerres continuelles avec la Lorraine, continuent l’affaiblissement et l’appauvrissement du pays pendant le quatorzième siècle. Edouard III, duc de Bar, périt à Azincourt en 1415. Un de ses frères, Louis de Bar, évêque de Verdun et cardinal, profita de cette mort pour s’emparer du Barrois. Mais l’héritage ne tarda pas à lui être disputé par sa soeur aînée Marie, femme du duc de Mont, attendu que la loi salique n’était pas reconnue dans le Barrois. Comme le duc de Mont avait des forces respectables, le cardinal de Bar, pour sortir d’embarras sans céder à son rival, se démit du duché, à Saint-Mihiel, en faveur de René d’Anjou, comte de Guise, son petit-neveu.

Pour consolider la situation de son favori, le cardinal lui fit en outre épouser la fille de Charles II, Isabelle de Lorraine, unique héritière de ce duché. Le duc de Mont continua la lutte, encouragé d’ailleurs par les sentiments des gens du Barrois, qui voyaient bien que c’en était fait de leur indépendance, et qu’ils seraient absorbés par la Lorraine. Le duc de Mont eut d’abord des succès, mais il fut ensuite battu et pris par le duc Charles. On ne lui rendit sa liberté que lorsqu’il « quitta son droit, qu’il disoit avoir au duché de Bar. » A partir de ce moment, le Barrois fut considéré et traité par la Lorraine comme pays annexé, et sa population ainsi que son commerce ne firent plus que décroître.

La justice était rendue dans le Barrois d’après des coutumes locales ; et l’on y trouve, entre autres, cet usage singulier, consacré du reste par l’Établissement de saint Louis, d’accorder de la responsabilité morale aux animaux et de les châtier comme de vrais coupables d’après les lois en vigueur. Ainsi, on voit à Bar, en 1467, « maître Didier, sergent et exécuteur de la haute justice, pendre à la potence des Preys un chat qui avait étranglé un enfant de quatorze mois, au lieu de Longeville, en la maison de Clément le bachelier dudit lieu. » Les ducs et comtes de Bar faisaient frapper de la monnaie dans quatre villes de leur principauté. Bar était une de ces quatre villes. Les ateliers de fabrication furent fermés à l’avènement du duc René an trône de Lorraine.

En 1474, le roi de France Louis XI, craignant ou plutôt prétextant la crainte que Charles le Téméraire ne fît passer son armée par le Barrois pour pénétrer en Champagne, se rendit maître de Bar, et en fit réparer les murs et fortifier les portes, sur lesquelles on mit les armes de France. A la mort du roi, la régente Anne de Beaujeu rendit le Barrois au duc René. Mais l’occupation avait duré onze années, et pendant ce temps l’esprit français avait pénétré dans le pays : la preuve en est que le peuple, qui s’était accoutumé à appeler des sentences de la justice de Bar aux présidiaux de Vitry, de Sens, de Châlons et de Chaumont, quelquefois même au Châtelet de Paris, ne perdit pas cette habitude, même après la restitution du Barrois, et préféra la juridiction des tribunaux du roi à celle des Grands-Jours de Saint-Mihiel.

Bar-le-Duc au XVIe siècle

Bar-le-Duc au XVIe siècle

En 1589, au moment de l’assassinat de Henri III, roi de France, Bar fut pris et maltraité par les bandes protestantes du prince palatin Casimir, qui venait au secours de Henri IV. Le duc Charles IV, dès le début de son règne, essaya de se soustraire à l’influence française, et fit quelques tentatives et manoeuvres qui fournirent à Richelieu un prétexte pour envahir ses Etats. Louis XIII prit en personne la ville de Bar, qui reçut garnison française. Les ducs de Lorraine y rentrèrent rarement pendant cette occupation ; elle eut, du reste, pour bon résultat de préserver la ville des ravages dont la Lorraine fut affligée pendant le long règne de Charles IV, prince brouillon et remuant, que rien ne pouvait corriger de sa légèreté et de son irréflexion.

Pendant les premières années du règne de Louis XIV, la malheureuse ville fut prise et reprise par les uns et par les autres. Le roi de France s’en empara définitivement en 1670, et fit démolir le dix-sept tours des remparts de la ville ; on ne conserva que la tour de l’horloge pour servir de beffroi. Le traité de Ryswick restitua Bar au duc Léopold, second successeur de Charles IV, et ce fut dans la ville de Bar que ce prince, en 1698, épousa Mlle de Chartres, fille du duc d’Orléans. Sous le règne heureux et tranquille de Léopold, Bar put réparer une partie de ses désastres. En 1735, le traité de Vienne donna la Lorraine et par conséquent le Barrois a Stanislas, roi de Pologne. A la mort de Stanislas, Bar devait revenir à la France avec tout le Barrois.

Bar est aujourd’hui une ville industrielle et commerçante. On y trouve, entre autres, des manufactures où l’on travaille le coton sous plusieurs formes, des tanneries, des teintureries en rouge d’Andrinople, des brosseries. Les vins du Barrois ont de la réputation, et les gourmets ont une prédilection particulière pour les confitures de groseilles connues sous le nom de « confitures de Bar ».

La ville renferme plusieurs édifices qui méritent la visite des archéologues. L’église Saint-Pierre possède le squelette en marbre blanc, statue réaliste et célèbre du grand sculpteur Ligier Richier, dont malheureusement les oeuvres sont peu nombreuses. Le pont Notre-Dame avec sa petite chapelle, les berges couvertes d’herbes qui maintiennent la rivière des deux côtés et qui sont garnies ou de peupliers ou de maisons d’aspects variés, font un ensemble pittoresque, suffisamment ville et suffisamment campagne pour arrêter quelques instants l’artiste en quête de paysages verdoyants et d’une gaieté tranquille.

 
 
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