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23 décembre 1913 : mort de l'écrivain et journaliste Jules Claretie

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23 décembre 1913 : mort de l’écrivain
et journaliste Jules Claretie
(D’après « Le Figaro » du 24 décembre 1913)
Publié / Mis à jour le jeudi 23 décembre 2021, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 
 
 
Administrateur général de la Comédie-Française pendant 28 ans, écrivain prolifique tenant notamment durant 35 ans une chronique consacrée aux événements rythmant la vie parisienne qu’il savait toujours émailler d’un souvenir ou d’une anecdote, Jules Claretie vécut en un temps où l’on pouvait encore se faire gloire, et non pas honte, d’être à la fois homme de lettres et journaliste, et c’est précisément pour devenir un bon journaliste, un grand journaliste, qu’il se mit d’abord à cette gymnastique générale d’être un pur, et complet, et parfait homme de lettres

Jules Claretie naquit à Limoges le 3 décembre 1840. Il venait donc d’entrer dans sa soixante-quatorzième année lorsque la mort le faucha. Il y avait alors plus de cinquante années qu’il écrivait ; qu’il écrivait sans relâche, avec joie, avec passion.

Il avait vingt-deux ans quand parut son premier roman, Une drôlesse, qu’allaient suivre, en vingt années, d’autres romans : l’Assassin, devenu Robert Burat, les Muscadins, le Beau Solignac, le Troisième dessous, Une Femme de proie, les Amours d’un interne, Monsieur le ministre... Plusieurs de ces ouvrages furent transportés au théâtre et connurent le grand succès. En même temps, le jeune écrivain réunissait en volumes ses études littéraires, ses essais, ses chroniques éparses dans les journaux (Le Figaro, entre autres) qui de bonne heure avaient ouvert leurs portes à cette féconde et brillante activité : les Contemporains oubliés, la Vie moderne au Théâtre, Molière, Peintres et sculpteurs contemporains, Portraits contemporains...

L’Histoire n’attirait pas moins que la chronique et le roman cette vive intelligence. En 1867, il avait consacré un volume aux Derniers Montagnards, un livre qu’admirait Michelet ; en 1871 ; âgé de trente ans, il s’empara du sujet que la plus tragique des actualités lui apporta ; et c’est plusieurs volumes que voudra consacrer successivement son ardent patriotisme à la Débâcle, à la France envahie, à Paris assiégé, à l’Histoire de la Révolution de 1870-1871, au Drapeau. En même temps (1875), paraissait Camille Desmoulins.

Jules Claretie. Peinture de Charles Durand dit Carolus-Duran (1837-1917)

Jules Claretie. Peinture de Charles Durand dit Carolus-Duran (1837-1917)

En 1885, Jules Claretie publiait l’un de ses romans les plus renommés, le Prince Zilah, et était nommé administrateur général de la Comédie-Française. C’était le ministre Goblet qui avait offert ce poste (l’un des plus difficiles et des plus enviés qui soient) à l’ancien critique dramatique de la Presse et de l’Opinion nationale, et, selon le journaliste Henry Roujon écrivait du Temps, peut-être Jules Claretie n’eût point accepté cette glorieuse et lourde succession de Perrin s’il n’y avait été vivement. poussé par deux amis en qui sa confiance était grande : l’ancien ministre Tirard et le journaliste éminent qui dirigeait, à cette époque, Le Figaro, Francis Magnard.

Si lourde que fût la tâche nouvelle qu’il assumait, elle ne pouvait détourner l’admirable journaliste qu’était Jules Claretie de ce besoin et de cette joie d’écrire qui étaient, depuis vingt-cinq ans, le plus impérieux des besoins de son esprit et la plus nécessaire de ses joies. Elle ne l’en détourna point, en effet. Dès 1887, il publiait Candidat !, puis la Cigarette, l’Américaine, l’Amateur ; enfin, en 1896, Brichanteau comédien qui devint un livre célèbre, puisqu’un type en sortit.

En même temps, Jules Claretie continuait au Temps ses chroniques de la « Vie à Paris » dont la brillante série, un instant interrompue, allait être reprise par l’infatigable écrivain et poursuivie par lui, régulièrement, sans un arrêt, sans une défaillance, jusqu’à la minute où la maladie le terrassa. Et c’était pour les journalistes un constant sujet d’émerveillement que l’abondance inépuisable et, pourrait-on dire, la sérénité de cette production. Que d’anecdotes, de souvenirs personnels, d’observations et mots recueillis ! Quelle sûreté, quelle richesse et quelle discipline dans cette documentation ! Pas un incident digne d’être noté et retenu ne marqua la vie de Paris pendant trente-cinq ans, qu’aussitôt — souvent dans la journée même où il s’était produit — le chroniqueur de la « Vie à Paris » n’en fixât le récit, et ne rassemblât autour de l’événement les souvenirs qu’il évoquait, l’anecdote oubliée qui s’y rapportait, le commentaire indulgent et sensé qui aidait à le bien juger et à le bien comprendre. Car c’étaient là les qualités maîtresses de son esprit : le bon sens et la bonté, et aussi le besoin d’être compris.

Sa physionomie était populaire, et peu d’hommes — ce qui est un signe de gloire — ont été plus éprouvés que celui-là par la caricature et les couplets de revue ! C’est que, aux yeux de Paris et de l’étranger, Jules Claretie était avant tout — depuis vingt-huit ans — l’administrateur général de la Comédie-Française.

Vingt-huit ans ! Aucun « consulat » ne fut, à la Comédie-Française, d’aussi longue durée que-celui-là ; aucun non plus ne fut marqué, peut-être, par plus d’événements, d’incidents, de difficultés de toutes sortes. Signalons ici le sang-froid, la diplomatie souriante, l’inlassable et tranquille ténacité, et enfin la politesse imperturbable que cet homme doux sut opposer à toutes les surprises, à tous les heurts, à tous les assauts.

L’un de ses grands chagrins fut l’incendie de la Comédie-Française : Jules Claretie était debout sur la place du Théâtre, regardant, au milieu de tout Paris, accouru, sa Maison brûler ; et, tout pâle, les yeux brillants de larmes, murmurant : Ça n’a pas l’air vrai. Et cette résignation était plus émouvante qu’une douleur agitée et bavarde. Signalons également avec quelle vaillance, avec quelle confiance aussitôt il se remit au travail, et organisa l’œuvre de reconstruction, si rapidement achevée.

Une autre charge, singulièrement lourde, allait peser sur ses épaules : celle de la réception des pièces nouvelles, dont la suppression du Comité de lecture (une réforme que secrètement il désapprouva toujours) lui laissait l’écrasant travail et la responsabilité entière.

Evoquons enfin les conflits, les défections retentissantes et aussi les polémiques violentes soulevées hors de la Comédie par des adversaires dont la plume n’obéissait pas toujours uniquement au souci des intérêts de l’art.

Plus d’une fois, la situation de l’Administrateur général avait paru menacée par tant de coups portés à la fois. Et puis, peu à peu, on voyait s’apaiser l’orage, les figures sourire et les mains, tendues pour la réconciliation, se rapprocher. On avait désigné le successeur de Jules Claretie et Jules Claretie reparaissait à son poste, intact et souriant. Et cela s’était accompli sans manœuvres ténébreuses ni intrigues d’aucune sorte : par la seule puissance d’une volonté tranquille et d’une raison aimable, qui suivaient poliment leur chemin.

 
 
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