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15 décembre 1805 : Napoléon signe le décret de création des maisons d'éducation de la Légion d'honneur

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15 décembre 1805 : Napoléon signe le décret
de création des maisons d’éducation
de la Légion d’honneur
(D’après « Écouen. La paroisse, le château,
la maison d’éducation » paru en 1865
et « Fastes de la Légion d’honneur » paru en 1842)
Publié / Mis à jour le mardi 6 décembre 2016, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 
 
 
Ces maisons d’éducation — le château d’Écouen, qui avait été transformé en prison lors de la Révolution, fut désigné dès 1806 par l’empereur pour y recevoir la première de ces maisons — avaient pour but d’assurer l’éducation de jeunes filles pauvres ou orphelines de guerre dont les parents, grands-parents ou arrière-grands-parents avaient reçu la Légion d’honneur

Le décret de création de ces maisons d’éducation, qui fut signé au Palais de Schönbrunn (Autriche) le 24 frimaire an XIV (15 décembre 1805), comportait les articles suivants :

Art. 1er. Il sera établi des maisons d’éducation pour les filles des membres de la Légion d’honneur. Le nombre de ces maisons ne pourra excéder celui de trois.

Article 2. Les lieux où elles seront établies seront fixés ultérieurement par nous, sur les rapports qui seront faits par le grand-chancelier de la Légion d’honneur, en grand-conseil.

Article 3. Ces établissements feront partie de ceux de la cohorte dans l’étendue territoriale de laquelle ils seront situés.

Article 4. Les frais de ces établissements seront pris sur les fonds de la Légion d’honneur.

Article 5. Ces maisons seront administrées sous la direction et la surveillance du grand-chancelier de la Légion d’honneur.

Article 6. Le nombre des élèves sera de cent par maison.

Décret impérial de création des maisons d'éducation

Décret impérial de création des maisons d’éducation

Article 7. Les enfants ne seront admis qu’après sept ans accomplis, et ne seront plus reçus s’ils ont plus de dix ans.

Article 8. Néanmoins les filles des membres de la Légion d’honneur qui s’embarqueront pour les colonies, ou partiront pour l’armée, pourront être admises plus tard si elles ont perdu leur mère.

Article 9. Le grand-chancelier de la Légion d’honneur dressera incessamment et nous présentera un projet de règlement :
1° Sur le mode d’admission des élèves ;
2° Sur la durée de leur séjour dans la maison ;
3° Sur ce qui sera fait pour elles à leur sortie, suivant les cas, et sur leur dotation ;
4° Sur le régime de la maison et son administration ;
5° Sur les qualités et les fonctions des personnes qui seront employées dans la maison, le mode de leur nomination et leur traitement.

Article 10. Il dressera également un autre projet de règlement sur l’instruction des élèves.

La première de ces maisons fut installée au sein du domaine d’Ecouen. De temps immémorial, ce dernier avait d’abord appartenu aux Montmorency ; après le connétable qui le fit rebâtir, il passa aux mains de François de Montmorency, son fils aîné, qui y mourut dans les sentiments les plus chrétiens, le 6 mai 1559, à l’âge de quarante-neuf ans. Il y avait continué les embellissements commencés par son père, et avait lui-même augmenté de beaucoup les richesses artistiques que son père y avait déjà accumulées. La famille de Montmorency continua à jouir paisiblement du domaine d’Écouen jusqu’en 1632, époque à laquelle l’implacable Richelieu fit périr sur l’échafaud l’infortuné Henri II de Montmorency, arrière-petit-fils du connétable.

Cet infortuné prince mourut sans postérité et âgé seulement de trente-sept ans. Il fut le dernier rejeton de la branche aînée des Montmorency. Richelieu l’immola plutôt à son système qu’à sa vengeance personnelle ; il voulait faucher ce dernier rejeton du monde féodal. Tous les biens furent alors confisqués, mais, plus tard, rendus à Charlotte de Montmorency, sœur de cet infortuné seigneur, et mariée à Henri de Bourbon, prince de Condé. C’est ainsi qu’en 1639, le château et le domaine d’Écouen passèrent aux mains des Condé, qui les gardèrent jusqu’en 1793, date où ils furent confisqués au profit de la nation, sur l’émigré Condé, selon le langage d’alors.

Le château d’Écouen eut beaucoup à souffrir de cette époque désastreuse ; c’est en 1793, qu’un commissaire du district de Gonesse se présente pour enlever tous les tableaux, tous les objets précieux renfermés au château, et qu’il requiert la commune d’Écouen pour l’aider à si triste besogne. Peu après, ordre est donné de procéder à la vente du mobilier. Début 1794, on mit à l’ordre du jour la gardienne du château pour avoir fait connaître où étaient cachés une grande quantité d’objets précieux du domaine, lesquels, vendus sur-le-champ, rapportèrent plus de dix mille livres.

C’est à cette époque qu’il fut question d’abattre le château d’Écouen comme étant désormais inutile, et en vendre les matériaux ; mais l’évêque Grégoire, qui habitait alors Sarcelles, et qui aimait Écouen, par l’habitude qu’il avait de venir s’y promener, et aussi, il faut le croire, par amour des grandes et nobles choses, fit un discours à la Convention pour sauver le château d’Écouen du marteau, des démolisseurs de cette époque, et il conclut non seulement à la conservation d’Écouen, mais de tous les monuments historiques de France. Il y réussit ; c’est de là que la Convention les déclara propriétés nationales, par conséquent inviolables.

Quand le château eut été dépouillé, on en fit une prison militaire pour les sujets du roi de la Grande-Bretagne. Mais le 27 avril 1794, un commissaire ordonnateur se présenta pour faire évacuer le château et demander qu’il fût disposé pour recevoir 300 malades. Cet hôpital fut maintenu au château d’Écouen jusqu’au 11 octobre 1794 : établi dans des conditions hygiéniques détestables, il dut être supprimé, et devint une prison politique. Les troubles révolutionnaires passés, nous trouvons au sein du château les vélites de la Garde impériale en 1802, qui y demeurèrent jusqu’en 1805, peu avant la nouvelle affectation du lieu par Napoléon.

C’est quelques mois après son décret que, afin d’y abriter la première maison d’éducation, l’empereur désigne le 6 juillet 1806 le château d’Écouen et ses dépendances, cédés à la caisse d’amortissement par la Légion d’honneur, qui lui seront rétrocédés pour une valeur égale au prix de la cession faite à la caisse d’amortissement par la Légion d’honneur. Le 14 mai 1807, du camp de Finkenstein, du fond de l’Allemagne, l’empereur décrète que les bois d’Écouen, de la contenance de cent cinquante hectares, qui touchent le château, et font partie de la Légion d’honneur, seront affectés aux dépenses de la maison impériale Napoléon d’Écouen.

Le château d'Écouen, qui abrite depuis 1977 le musée national de la Renaissance

Le château d’Écouen, où fut installée la première maison d’éducation,
et qui abrite depuis 1977 le musée national de la Renaissance

Le lendemain, 15 mai, Napoléon adresse une lettre au grand chancelier, dans laquelle il lui explique comment il entend l’éducation des femmes, quelles bases il veut qu’on lui donne, comment on lui fera par la religion des femmes solides, et comment, en leur apprenant tous les ouvrages de leur sexe, on les préparera à être de bonnes épouses, de dignes mères de famille. Puis, par un décret du 15 septembre 1807, il nomme Mme Campan directrice de la maison d’éducation d’Écouen.

Voilà la première maison de la Légion d’honneur établie dans un palais, l’antique domaine des Condé et des Montmorency ; pour directrice, une femme distinguée par son nom, son expérience et ses talents, Mme Campan, autrefois lectrice de Mesdames, filles de Louis XV, et qui dirigeait un pensionnat à Saint-Germain-en-Laye, où elle élevait des jeunes personnes, appartenant la plupart aux débris des familles illustres qui avaient échappé à la Révolution. C’est en y visitant sa belle-fille — Hortense de Beauharnais, reine de Hollande —, pendant son éducation, que Napoléon avait pu se rendre compte par lui-même de la méthode d’éducation qu’on y suivait, et des talents de la directrice.

Mme Campan quitta donc Saint-Germain en 1807 et vint à Écouen commencer résolument, sous la direction éclairée de Lacépède, grand chancelier de la Légion d’honneur, l’œuvre importante qui lui était confiée. Les élèves, qui devaient être réparties en trois maisons, furent toutes réunies à Écouen d’abord. Il fallut que Mme Campan déployât soins, activité, intelligence, pour surveiller la santé, l’instruction, l’éducation morale de trois cents jeunes personnes, alors surtout que tout était à faire, à créer. Cette femme laissa de grands souvenirs d’intelligence, de bonté, de douceur et de fermeté en même temps ; et ses anciennes élèves n’en parlèrent jamais qu’avec un profond sentiment de reconnaissance et de vénération.

 
 
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