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11 septembre 1646 : Adrienne d'Heur est brûlée vive, condamnée pour sorcellerie

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11 septembre 1646 : Adrienne d’Heur
est brûlée vive, condamnée pour sorcellerie
(D’après « Le diable ne dort jamais » par Brigitte Rossignol, paru en 1998)
Publié / Mis à jour le mercredi 11 septembre 2024, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 2 mn
 
 
 
Elle fut incarcérée le 10 août 1646, et l’interrogatoire commença le 14 août. Trente-deux témoins déposèrent contre elle.

Agée de 60 ans environ et surnommée La Bacquesonne, Adrienne d’Heur, veuve de Pierre Bacqueson, orfèvre à Montbéliard, fut qualifiée de genaulche et arrêtée pour crime de sorcellerie. Sa mère et d’autres parents proches avaient déjà été inquiétés. Elle fut incarcérée le 10 août 1646, et l’interrogatoire commença le 14 août.

Trente-deux témoins déposèrent contre elle. Le juge lui demanda si elle croyait à l’existence des sorciers ; question qui renfermait un piège : répondre « non », c’était presque nier l’existence du Diable, dont les sorciers étaient les agents, c’était mentir et se rapprocher de l’hérésie. Répondre « oui » amenait à répondre à la question : « Quels sont les sorciers que vous connaissez et comment les avez-vous connus ? ». Adrienne répondit judicieusement que « suivant l’Ecriture sainte il y en avait, que c’était des gens qui ne savaient pas prier Dieu, qui faisaient mourir les autres et finalement que, si l’on voulait qu’elle en dise davantage, il faudrait d’abord le lui apprendre ».

Aux questions : « Les sorciers tuent-ils des enfants ? », elle répondit : « Je l’ai ouï dire, mais peut-être est-ce imaginaire » ; et « Avez-vous des livres de sorcellerie ? » elle affirma qu’elle ne savait pas lire, mais qu’elle reconnaissait « avoir dans sa boutique un livre relatif aux sorciers ».

Gravure extraite du Compendium Maleficarum de Francesco Maria Guazzo (1608)

Gravure extraite du Compendium Maleficarum de Francesco Maria Guazzo (1608)

Durant le premier interrogatoire elle ne versa pas une larme. Le second jour elle répondit imprudemment, que, si on lui trouvait une marque, elle se reconnaîtrait sorcière. Le troisième jour elle continua ses dénégations. Après un jour d’interruption, au quatrième interrogatoire, toujours sans aveu, le greffier l’avertit que si elle s’obstinait à nier, il faudrait recourir à la torture. Le cinquième jour elle persista à soutenir son innocence.

Les jours suivants elle fut confrontée à des témoins à charge. Le juge la pria de reconnaître ses crimes, qu’il énuméra : mort subite d’un enfant ayant reçu d’elle un morceau de pain, maladies d’un homme, d’une femme, de deux enfants, tarissement du lait d’une vache, mort d’un cheval, tentative de rapt d’enfants, s’être introduite la nuit dans des maisons, toutes portes closes, et y avoir fait grand vacarme, être apparue à des gens en les menaçant, sous forme d’un chat, au grand déplaisir du chat de la maison. Elle continua à répondre qu’ « elle était femme de bien et ne voulait se parjurer en se reconnaissant sorcière, puisqu’elle ne l’était point ».

Le 31 août elle fut soumise à la visite, dénudée jusqu’à la ceinture, piquée de tous côtés « avec une espingle d’argent ». Le barbier finit par trouver « tout au milieu du dos, ung peu plus bas que les epaulles », un point où l’épingle était « enfoncée de la profondeur d’ung travers de doibt » et maintenue « l’espace de plus d’un demy quart d’heure » sans qu’elle « en eut témoigné ressentir aulcune doulleur », ni que « ladicte marcque eût jetté aulcun sang ». Adrienne s’obstina dans ses réponses en contestant « que ce fût une marcque de sorcière ».

Elle fut alors soumise à la question jusqu’à avouer avoir, par vengeance, occasionné le tarissement de la vache de Léonard Scharffenstein, la mort du cheval grison de Jean Monnier, dit Grenillot, des rapts d’enfants, des maladies et des morts subites, puis fut condamnée le 11 septembre 1646 à être brûlée vive.

 
 
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