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Histoire faune et flore : rats allaités par une chatte

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Faune, Flore
Arbres célèbres, vertus des plantes, croyances liées aux animaux. Faune et flore vues par nos ancêtres. Balade au coeur des règnes animal et végétal
Rats allaités par une chatte
(D’après un article paru en 1845)
Publié / Mis à jour le vendredi 15 janvier 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 2 mn
 

Quand on voit un chat prolonger, comme par plaisir, les souffrances de la souris qu’il vient de prendre et que, le plus souvent, il ne mange pas après l’avoir tuée, on serait tenté de le croire animé par le seul sentiment de la haine, et par une haine trop violente pour n’être pas insurmontable. On se tromperait cependant à double titre, d’abord en assimilant ainsi aux passions humaines les instincts aveugles de la brute, puis en les supposant indomptables.

Dans ces jeux qui nous semblent si cruels, nous ne devons, en réalité, voir autre chose que des exercices destinés à donner à l’animal l’adresse dont il a besoin dans l’état de nature pour se rendre maître de sa proie. Sans doute, quand, devenu notre commensal, il en est arrivé à aimer la nourriture que nous lui fournissons plus que celle qu’il obtiendrait par ses propres efforts, il pourrait sans inconvénients (pour lui, non pour nous) s’abstenir de poursuivre les souris ; mais il est dans le cas de bien des hommes qui n’aiment pas le gibier et sont cependant passionnés par la chasse. Ajoutons que ce goût qui lui reste des habitudes sauvages de ses pères, on peut avec des soins le lui faire perdre complètement.

J’ai vu dans Paris, il y a une vingtaine d’années, certain vieillard qui était parvenu à faire vivre en assez bonne harmonie, dans une même cage, un gros chat et une douzaine de rats et de souris. Le chat, sans doute fort ennuyé de son étroite prison, paraissait en général assez endormi ; mais dans les moments mêmes où il était le mieux éveillé, il n’inspirait aucune inquiétude aux rats qui allaient et venaient comme à leur ordinaire, fourraient leur museau pointu à travers les barreaux de la cage pour saisir le morceau de noix que leur présentait quelque enfant, ou, faute de mieux, grignotaient les grains de maïs épars sur le plancher. Les souris n’étaient pas moins imprudentes : je les ai vues maintes fois grimper sur le dos du chat, et, si le temps était pluvieux, chercher un abri sous les longs poils de ses flancs.

L’éducation au moyen de laquelle on obtient de pareils résultats, n’est ni longue ni difficile ; elle réussit presqu’à coup sûr, et je n’aurais pas songé à ajouter ce nouvel exemple à tous ceux qu’on a déjà, s’il ne m’était venu à l’esprit, à l’occasion d’une histoire dans laquelle figurent les mêmes animaux ; histoire qui elle-même m’a été rappelée par une autre que je trouve dans un livre intitulé Olla podrida :

Dans une ferme d’Angleterre, une chatte avait mis bas pendant la nuit, et dès le matin elle avait perdu ses petits : on avait profiter de sa première absence pour aller les noyer au loin. La pauvre mère s’était fatiguée à courir dans la maison, cherchant, appelant, et donnant tous les signes d’une douleur bien naturelle en pareil cas, mais qui, chez les animaux abâtardis par la domesticité, est souvent beaucoup moins vive. Elle était encore en quête lorsqu’un enfant qui la voulait régaler déposa dans le panier d’où l’on avait enlevé les chatons une nichée de jeunes rats qu’il venait de découvrir. La chatte, revenant au bout de quelques instants, trouva ces petits êtres demi-nus et gémissants, auxquels d’abord elle prit à peine garde. Elle se coucha dans son panier sans prendre aucune précaution, mais aussi sans faire aucun mal aux nouveaux occupants.

Ceux-ci furent-ils, dans le premier moment, effrayés en sentant de si près d’eux l’ennemi constant de leur race ? Je serais très porté à le croire. Quoi qu’il en soit, ils se remirent promptement, et le besoin leur aidant à surmonter une antipathie naturelle, ils saisirent les mamelons de la chatte et commencèrent à téter de bon appétit. La nourrice les laissa faire d’abord sans colère ; puis, éprouvant peut-être quelque soulagement par suite de cette succion, elle commença à y prendre plaisir. Bientôt elle s’intéressa aux petits rats, et avant la fin de la journée elle s’était déjà occupée de faire leur toilette. Dès ce moment elle les avait adoptés.

Tous les habitants de la ferme étaient venus voir cette singulière famille ; les voisins accoururent à leur tour ; enfin les visites se multiplièrent au point de devenir une véritable incommodité, et pour y mettre un terme on prit le parti de détruire les petits rats. Je regrette que l’expérience n’ait pas été poussée jusqu’au bout : il eût été curieux de voir si, une fois capables de vivre par eux-mêmes, nos jeunes animaux n’eussent pas été empressés de fuir leur nourrice ; de voir si elle-même, du moment où elle ne leur aurait plus été nécessaire, n’eût pas perdu pour eux toute affection. Qui peut dire si, l’ancien instinct reprenant le dessus, elle n’eût pas un beau jour fait curée de ces êtres dont elle avait pris d’abord tant de soin ?

 
 
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