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9 mai 1630 : mort de l'homme de guerre et poète Théodore Agrippa d'Aubigné

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9 mai 1630 : mort de l’homme de guerre
et poète Théodore Agrippa d’Aubigné
(D’après « Biographie universelle, ancienne
et moderne » (tome 3), paru en 1811)
Publié / Mis à jour le dimanche 8 mai 2016, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 

Théodore Agrippa d’Aubigné est né à Saint-Maury, près de Pons, en Saintonge, le 8 février 1552, d’une famille très ancienne. Sa mère mourut en le mettant au jour, et il nous apprend lui-même que c’est la raison qui le fit nommer Agrippa : Quasi æaegre partus.

Son père lui donna des maîtres fort habiles, et ne négligea rien pour son éducation. Le jeune d’Aubigné répondit si bien à leurs soins, qu’à l’âge de six ans, il lisait déjà le latin, le grec et l’hébreu, et qu’à sept ans et demi, il traduisit en français le Criton de Platon, sur la promesse de son père de faire imprimer cet ouvrage, et d’y joindre son portrait.

Il n’avait que huit ans et demi, lorsque, passant à Amboise avec son père, celui-ci ayant reconnu sur un échafaud les restes de ses malheureux compagnons — conjuration d’Amboise en mars 1560, qui désigne une tentative d’enlèvement manquée organisée par des protestants pour s’emparer de la personne du roi François II en vue de le soustraire de la tutelle des Guise, événement annonçant les guerres de religion —, dit à son fils : « Mon enfant, il ne faut point épargner ta tête après la mienne pour venger ces chefs pleins d’honneur ; si tu t’y épargnes, tu auras ma malédiction. »

Théodore Agrippa d'Aubigné

Théodore Agrippa d’Aubigné

Ce peu de mots, et la manière dont ils furent prononcés, firent une grande impression sur d’Aubigné, naturellement plein de courage, et, dès lors, il attendit avec impatience le moment de se signaler. A 11 ans, il se trouva au siège d’Orléans — qui eut lieu en février 1563 et constitue un des épisodes de la première guerre de religion —, où il se fit remarquer par un sang-froid peu commun dans les enfants de cet âge.

Ayant perdu son père, dont les affaires étaient fort dérangées, on lui conseilla de renoncer à sa succession, et on l’envoya à Genève, où il étudia quelque temps sous le célèbre théologien protestant Théodore de Bèze (1519-1605), qui le prit en affection ; mais dégoûté des études, il s’enfuit secrètement à Lyon ; et à quelque temps de là, s’enrôla dans les troupes qui, sous le commandement du prince de Condé, désolaient, par zèle de religion, les provinces méridionales de France.

Il s’acquit quelque réputation dans cette guerre, et, peu de temps après (août 1573), il entra au service du roi de Navarre — qui deviendra le roi de France Henri IV en 1589. D’Aubigné se fit remarquer à la cour par la vivacité de son esprit et par son adresse à tous les exercices du corps. Il se fit aimer du roi de Navarre, et sut en même temps se concilier les bonnes grâces des Guise et des autres grands seigneurs, qui le recherchaient à cause de sa gaieté et de sa facilité à inventer de nouveaux divertissements. Ce fut à cette époque qu’il composa une tragédie de Circé. La reine-mère n’en voulut pas permettre la représentation, à raison de la dépense qu’elle devait occasionner ; mais cette pièce fut jouée dans la suite pendant les fêtes qui eurent lieu à l’occasion du mariage du duc de Joyeuse (octobre 1581).

Il s’était établi entre d’Aubigné et le jeune roi de Navarre — né en décembre 1553, le futur Henri IV était plus jeune d’une année que Théodore —, une amitié qui ne se démentit jamais par la suite. Dans les guerres que Henri IV fut obligé d’entreprendre pour reconquérir son royaume, d’Aubigné lui rendit les plus grands services, bravant tous les dangers, cherchant les postes les plus périlleux, et exposant sa vie pour sauver celle de son maître. Il ne lui fut pas moins utile par son talent pour les négociations.

Cependant, ce prince ne récompensa pas d’Aubigné comme il le méritait. Celui-ci, qui croyait avoir conservé le droit de dire la vérité au roi, se plaignit hautement de son ingratitude ; Henri entendit ses plaintes, et ne fit rien pour sa fortune. Sa franchise trop rude, la vanité qu’il tirait de ses services, et son refus d’aider le roi dans ses amours, déplurent à ce prince ; d’Aubigné le sentit, et se retira de la cour ; il y revint quelque temps après, mais il ne tarda pas à être exilé une seconde fois, sur la demande de la reine-mère, à qui d’Aubigné n’épargnait pas les épigrammes.

Lassé des intrigues de la cour, et peut-être aussi déterminé par le mauvais état de ses affaires, il se retira dans son gouvernement de Maillezais ; mais, tant que vécut Henri IV, il se montra, dans toutes les occasions, sujet fidèle et zélé ; aussi, chaque fois qu’il se présenta devant ce prince, il en fut toujours bien accueilli, quoiqu’on n’épargnât aucune manœuvre pour le perdre dans son esprit.

Lors même qu’on croyait Henri IV le plus irrité contre d’Aubigné, les ministres ayant pensé qu’il convenait de choisir un lieu plus sûr que Chinon pour y tenir en prison le cardinal de Bourbon, reconnu roi de France par la ligue, Henri IV décida qu’on le transférerait à Maillezais, sous la garde de d’Aubigné ; et, sur ce que Philippe Duplessis-Mornay (1549-1623), théologien protestant et ami lui aussi de Henri IV, alléguait contre cet avis les sujets de plainte qu’avait ce nouveau gardien, le roi répliqua « que la parole qu’on tirerait de lui était un remède suffisant à l’encontre. »

Après la mort de son maître — Henri IV fut assassiné en 1610 —, d’Aubigné passa plusieurs années dans la retraite la plus entière ; il employa ses loisirs à composer l’histoire de son temps, ouvrage écrit avec beaucoup de franchise et de hardiesse. Les deux premiers volumes furent imprimés avec privilège ; mais le troisième n’ayant pas été approuvé, à raison des choses trop libres qu’il contenait, d’Aubigné ne laissa pas de le faire imprimer. Celte hardiesse lui réussit mal ; car aussitôt que ce volume parut, il fut condamné à être brûlé avec les deux premiers, par arrêt du parlement de Paris, en date du 4 janvier 1620.

D’Aubigné, pour éviter les persécutions dont il était menacé, se réfugia à Genève. Son éloignement et la privation de ses biens n’avaient point encore apaisé ses ennemis ; ils le poursuivirent, sous prétexte, qu’au mépris des lois, il avait employé, à la réparation des bastions de la ville de Genève, les matériaux d’une église ruinée dès 1572, et obtinrent un arrêt qui le condamnait à avoir la tête tranchée. C’était le quatrième arrêt de mort rendu contre lui, pour de semblables crimes, « lesquels, dit-il, m’ont fait honneur et plaisir. »

Dans ce même temps, on parlait de lui faire épouser — sa première épouse était morte en 1596 —, à Genève, une veuve de l’ancienne maison des Burlamacchi, aimée et considérée pour sa vertu, son illustre extraction et ses biens, qui étaient considérables. D’Aubigné, pour l’éprouver, lui annonça, le premier, l’arrêt rendu contre lui ; mais cette nouvelle ne changea rien à la résolution de cette femme courageuse, et leur mariage se conclut en 1623. Il mourut à Genève, le 9 mai 1630, âgé de près de quatre-vingts ans, et fut enterré dans le cloître de l’église Saint-Pierre.

Rapportons un trait fort connu de d’Aubigné, par la raison qu’il a été défiguré par ceux qui l’ont cité. Une nuit qu’il était couché dans la garde-robe de son maître, avec le sieur de la Force, il lui dit, à plusieurs reprises : « Notre maître est un ladre vert, et le plus ingrat mortel qu’il y ait sur la face de la terre. » La Force, qui sommeillait, lui demanda ce qu’il disait ; le roi, qui avait entendu d’Aubigné, répéta le propos, de quoi d’Aubigné resta un peu confus ; mais son maître ne lui en fit pas pour cela plus mauvais visage le lendemain ; aussi ne lui en donna-t-il pas un quart d’écu davantage. Voilà le trait tel que d’Aubigné le rapporte lui-même. Il avoue qu’il fut confus en entendant le roi, et on conviendra qu’il avait lieu de l’être ; mais il ne dit pas qu’il répondit : « Sire, dormez ; nous en avons bien d’autres à dire. » Ce mot eût été le comble de l’audace.

D’Aubigné avait épousé , en premières noces, le 6 juin 1585, Suzanne de Lusignan de Lezay, et eut plusieurs enfants de ce mariage, entre autres Constant, père de Françoise d’Aubigné, la célèbre marquise dame de Maintenon, qui fonda la Maison royale de Saint-Louis, école destinée aux jeunes filles de la noblesse pauvre.

 
 
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