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17 février 1818 : le brevet déposé en France pour la draisienne est accordé

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17 février 1818 : le brevet
déposé en France pour
la draisienne est accordé
(D’après « Le Magasin pittoresque » paru en 1894 et « C’est quoi la sérendipité ?
80 découvertes dues au hasard qui ont bouleversé le cours de l’Histoire »
(par Danièle Bourcier et Pek van Andel) paru en 2017)
Publié / Mis à jour le samedi 17 février 2024, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 
 
 
C’est le 19 janvier 1818 qu’avait été déposée au ministère français de l’Intérieur une demande de brevet au nom du baron allemand Karl Drais von Sauerbronn, pour ce qui reste connu sous le nom de « draisienne » : deux roues alignées sur un cadre muni d’une simple selle

L’idée d’un véhicule marchant par le seul effort de l’homme est loin d’être nouvelle : sans vouloir rechercher dans cette courte étude, si les Égyptiens ou les Chinois, comme le prétendent quelques auteurs, ont eu l’idée de la vélocipédie bien avant nous, on ne peut s’empêcher d’en signaler la première trace officielle que nous trouvons dans un rapport adressé à l’Académie des sciences, en 1693, par le mathématicien français Jacques Ozanam (1640-1718), et où ce savant fait la description d’une voiture mécanique qu’un laquais monté derrière « fait marcher en appuyant alternativement sur deux pièces de bois qui communiquent à deux petites roues qui actionnent l’essieu du carrosse. »

Le baron Drais sur son invention

Le baron Drais sur son invention

Mais ce n’est là qu’une pure curiosité. En 1891, le journaliste Louis Baudry de Saunier fut l’auteur d’une supercherie seulement mise au jour dans la seconde moitié du XXe siècle, prétendant avoir découvert qu’en 1790 un certain comte Mède de Sivrac avait confectionné un célérifère ou vélocifère ainsi conçu : enlevez à un de nos manèges forains une de ses montures, cheval ou lion peu importe, placez une roue assez basse entre les jambes avant et une seconde roue de même hauteur entre les jambes arrière, reliez les deux roues avec une barre en bois et vous aurez l’instrument inventé par Mède de Sivrac.

On enfourchait le vélocifère, on frappait le sol alternativement avec les pieds pour donner l’élan à la machine sur laquelle on se maintenait comme on pouvait en se cramponnant à la tête de l’animal, l’équilibre du cavalier et de sa monture étant, comme on s’en doute, essentiellement instable. Cet instrument ne pouvait, en somme, être considéré que comme un amusement aucune direction, aucune vitesse, partant aucune utilité pratique. Cette prétendue découverte est mentionnée dans les mémoires de l’époque et donna même lieu à des caricatures de l’époque. Il y eut effectivement bien un Jean-Henri Siévrac qui déposa un brevet le 4 juin 1817 pour un célérifère, mais la machine était une voiture à cheval.

L’ancêtre de la bicyclette est en réalité la draisienne du baron allemand Karl Drais, dont le brevet fut déposé le 19 janvier 1818 par le sieur Louis-Joseph Dineur, demeurant à Paris au 47 quai de l’Horloge. Il avait pris pour cinq ans un brevet d’invention pour et au nom du baron de Drais domicilié à Mannheim, brevet qui avait pour objet « une machine appelée vélocipède, formée d’un siège porté sur deux roues qui obéissent facilement aux mouvements des pieds d’une personne assise sur le siège et qui transporte cette personne avec une grande rapidité ».

Brevet de la draisienne déposé le 17 février 1818 par le baron allemand Karl Drais

Brevet de la draisienne déposé le 17 février 1818
par le baron allemand Karl Drais. © Crédit photo : INPI

Le brevet fut accordé le 17 février 1818. La création du baron allemand était le fruit d’ « une année sans été », suite à l’éruption d’un volcan en Indonésie qui projeta d’immenses quantités de cendre dans le ciel. En effet, cette année-là, il n’y eut pas de récoltes, un manque d’avoine, une famine sans pareille et une mortalité importante de chevaux, seuls moyens de transports à l’époque. C’est ainsi que le jeune Drais, physicien, mathématicien, sylviculteur dans les forêts du grand-duc Karl von Baden, mais surtout inventeur à ses heures, se demanda un jour : « Comment se déplacer en faisant l’économie de l’avoine et des chevaux ? »

Il avait alors fabriqué, durant son temps libre, des véhicules à 4, 3 ou 2 roues. En 1817, le baron montra sa construction à 2 roues au grand-duc, qui fut tellement impressionné qu’il permit à Drais de consacrer tout son temps à ses inventions en lui donnant le titre de Professor der Mechanik. La machine permettait de faire le trajet de Mannheim à Schwetzingen à une vitesse de 13 kilomètres à l’heure. Sachant que la diligence de cette époque allait à 6 kilomètres à l’heure.

Dans la foulée du dépôt de brevet, la machine fut exposée le 6 avril 1818 à l’Exposition universelle, à Paris, et nommée à cette occasion draisienne. Tout le monde fut surpris qu’on puisse utiliser le guidon pour la diriger mais aussi pour rester en équilibre. Ce qui différenciait la draisienne du vélocifère imaginaire, c’est que sa roue avant était rattachée au corps de la machine par un pivot autour duquel elle tournait. La machine pouvait donc se diriger ; c’était un progrès, très grand même aux yeux de son inventeur qui pensait, grâce à son vélocipède, pouvoir révolutionner le monde.

Mais il était encore trop tôt. Une vogue très accentuée accueillit cependant cet instrument grossier, que les Anglais adaptèrent et allégèrent en remplaçant les parties de bois par du fer, et la draisienne devint chez eux, grâce à Knight, un véhicule relativement gracieux, l’Hobby-Horse. Trois années de succès, puis le silence se fit autour de la vélocipédie.

Plus de trente années s’écoulèrent sans amener aucun progrès malgré les efforts de quelques rares inventeurs qui persistaient à croire en l’avenir de ce mode de transport resté en enfance, lorsqu’en 1855 les premières pédales firent leur apparition. Ce fut une révolution. La vélocipédie entrait dans la voie qui devait la mener au succès actuel.

Caricature de 1818 : draisienne remplaçant les chevaux pour le service d'acheminement du courrier

Caricature de 1818 : draisienne remplaçant les chevaux pour le service d’acheminement du courrier

Quant à l’heureux inventeur des pédales, c’était le serrurier Michaux, disent les uns ; son ouvrier Lallement, disent les autres. Le rapport officiel sur les vélocipèdes à l’Exposition universelle de 1889 attribue quant à lui cette invention à Michaux : c’est lui, lisons-nous, qui eut l’idée d’adapter un axe pourvu de manivelles et de pédales à la roue d’une sorte de bicycle que mettait en mouvement la propulsion des pieds du cavalier prenant un point d’appui sur le sol. Le vélocipède était imaginé.

Son succès fut complet. Il se répandit avec rapidité en France : des sociétés se fondèrent, des courses eurent lieu, des journaux furent créés, mais ce mouvement s’arrêta brusquement en 1870. Signalons cependant, en 1872, une tentative d’application pratique du vélocipède qui fut employé pour porter les dépêches de la Bourse au Bureau central du télégraphe, rue de Grenelle-Saint-Germain ; ce service dura jusqu’à la création du bureau de la Bourse en 1875.

La vélocipédie allait devenir une industrie presque exclusivement anglaise, car sauf les deux importantes inventions des corps tubulaires et des jantes creuses dues au Français Truffault, dont surent d’ailleurs profiter les Anglais, les autres perfectionnements leur sont dus. L’industrie vélocipédique prit en Angleterre un développement considérable. Le lourd vélocipède en bois de Michaux avait cédé la place à l’élégant et rapide bicycle.

 
 
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