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Cordon bleu. Origine, étymologie, évolution des mots et locutions

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Savoir : Mots, Locutions
L’étymologie de mots et l’origine de locutions de la langue française. Racines, évolution de locutions et mots usuels ou méconnus
Cordon bleu
Publié / Mis à jour le samedi 3 octobre 2015, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 2 mn
 
 
 
Excellent(e) cuisinier ou cuisinière

L’ordre du Saint-Esprit, institué par Henri III en 1578 — le monarque avait établi cet ordre en mémoire de trois grands événements arrivés le jour de la Pentecôte, et qui le touchaient personnellement : sa naissance, son élection à la couronne de Pologne, et son avènement à celle de France — et réuni par ce roi à l’ordre de Saint-Michel que Louis XI avait créé en 1469, n’était pas, comme tant d’autres qui sont venus depuis, un ordre banal auquel chacun pouvait prétendre.

Il ne comptait que cent membres (87 chevaliers, 9 commandeurs et 4 grands officiers du royaume). Le roi était le grand maître de l’Ordre ; le Dauphin, les fils et petits-fils de France, chevaliers de droit, étaient reçus à l’époque de leur première communion, ainsi que les princes du sang ; les princes étrangers devaient avoir 25 ans, les ducs et les gentilshommes, 35, et l’on n’était admissible, en tout cas, que si l’on avait au moins trois générations de noblesse paternelle.

Le cordon auquel était attachée la croix de l’Ordre était bleu ; il se portait en sautoir de l’épaule gauche au côté droit, et les chevaliers étaient communément désignés sous le nom de cordons bleus.

Citons à ce propos une anecdote que raconte madame de Bawr dans ses Souvenirs en parlant de l’aristarque Martin : « Il était d’une grande force aux échecs, dit-elle, et regardait jouer quand il ne jouait pas lui-même. Il arriva une fois qu’une vive discussion s’étant élevée entre deux joueurs sur la prise d’une pièce, la galerie appela M. Martin pour qu’il jugeât le coup. Un des adversaires, voyant s’approcher le petit homme dont il ne pensait pas être connu, crut devoir entrouvrir négligemment sa redingote pour laisser voir un cordon bleu. La chose expliquée, Martin regarde le grand seigneur : Vous avez tort, monsieur le duc, dit-il : reboutonnez-vous. »

On appelait de même cordons rouges les commandeurs de l’ordre de Saint-Louis. Le cordon bleu étant une distinction toute particulière réservée à un petit nombre parmi ceux qui occupaient un rang très élevé dans la société, on prit l’habitude de donner, par comparaison, le nom de cordon bleu aux personnes d’un mérite supérieur : le cordon bleu d’une communauté, c’est notre cordon bleu.

Cette comparaison fit si bien son chemin qu’elle alla sans encombre jusqu’à la cuisine ; les célébrités dans l’art de Vatel et de Carême étaient aussi des cordons bleus. Ce qu’il y a de plaisant, c’est que cette dernière comparaison est la seule qui soit restée dans la langue. L’ordre du Saint-Esprit a été aboli à la Révolution, rétabli par la Restauration et aboli de nouveau en 1830 ; toutes les dignités comme toutes les idées qui se rattachaient à cet Ordre ont disparu avec lui.

Le cordon bleu, relégué dans la défroque des illustres aïeux, appartient à l’histoire, et il ne sert plus dans notre langage figuré à rappeler un grand mérite ou un grand nom ; il n’y a plus maintenant d’autre cordon bleu qu’une bonne cuisinière. Seule, la cuisinière a résisté ; elle est demeurée seule debout au milieu des caprices et des fluctuations de la politique. Rien de plus juste, au reste : on peut abolir selon les temps ou le bon plaisir des hommes les hochets de la vanité ; on n’abolit pas la cuisine.

Voilà d’où descendent les grands noms en passant par les grands hommes pour aboutir aux petites choses. Il y a quatre siècles, le grand maître des cordons bleus était Sa Majesté le roi de France Henri III ; aujourd’hui, c’est mademoiselle Marguerite. C’est un trait à ajouter à l’histoire de nos grandes puérilités et de l’instabilité des choses de ce monde.

 
 
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