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31 mai 1578 : le roi Henri III pose la première pierre du Pont-Neuf à Paris

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31 mai 1578 : le roi Henri III
pose la première pierre
du Pont-Neuf à Paris
(D’après « L’Illustration. Journal universel », paru en 1849)
Publié / Mis à jour le mardi 31 mai 2022, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 
 
 
Le soir du jour où Henri III fit inhumer le corps de ses deux favoris, Quélus et Maugiron, tués en duel, le roi, qui avait autorisé le 16 mars précédent la construction du pont par lettres patentes, vint en grande pompe, accompagné d’une suite nombreuse et brillante, poser la première pierre sur le petit bras de la Seine

Voici ce que dit l’Estoile dans son Journal : « En ce même mois (mai 1578), à la faveur des eaux qui lors commencèrent et jusqu’à la Saint-Martin continuèrent d’être fort basses, fut commencé le Pont-Neuf, de pierre de taille, qui conduit de Nesle à l’école de Saint-Germain, sous l’ordonnance du jeune du Cerceau, architecte du roi, et furent en ce même an les quatre piles du canal de la Seine, fluant entre le quai des Augustins et l’île du Palais, levées environ une toise chacune par-dessus le rez-de-chaussée. Les deniers furent pris sur le peuple par je ne sais quelle crue ou dace extraordinaire, et disait-on que la toise de l’ouvrage coûtait quatre-vingt-cinq livres. »

Mais les troubles civils empêchèrent de pousser plus loin les travaux, et ce n’est que vers 1602 que Henri IV songea à faire continuer ce monument, qui intéressait vivement les habitants des deux rives de la Seine, qui n’avaient qu’un bac et quelques batelets pour communiquer entre eux. Il faut croire que l’on fit des prodiges d’activité, puisque nous lisons dans le journal de Henri IV : « Le vendredi 20 de ce mois (juin 1603), le roi passa du quai des Augustins au Louvre par-dessus le Pont-Neuf, qui n’était pas encore trop assuré, et où il y avait peu de personnes qui s’y hasardassent. Quelques-uns, pour en faire l’essai, s’étaient rompu le cou et tombés dans la rivière ; ce que l’on remontra à Sa Majesté, laquelle fit réponse, à ce qu’on dit, qu’il n’y avait pas un de tous ceux-là qui fût roi comme lui. » Enfin en 1604 le public put traverser le pont en toute sécurité, mais il ne fut néanmoins livré à la libre circulation que vers 1607.

Plan de Matthäus Merian montrant une vue aérienne du Pont-Neuf en 1615

Plan de Matthäus Merian montrant une vue aérienne du Pont-Neuf en 1615

L’anecdote suivante, qui a couru tous les vieux almanachs, se rattache à la construction du Pont-Neuf : Un homme visitait les travaux, affectant de prendre des mesures et de faire des calculs d’un air capable. L’architecte, croyant avoir affaire à un connaisseur dont il espérait tirer un bon avis, l’invite à dîner et lui demande après le repas ce qu’il pense de son plan, et pourquoi on l’avait vu si occupé de prendre des mesures. « Je pensais, dit notre homme, que vous avez bien fait de construire le pont en travers du fleuve ; car si vous l’eussiez bâti en long, on n’en verrait jamais la fin. »

Pour établir une communication facile de ce pont avec l’île de la Cité, on prolongea la pointe occidentale de cette île, et cette prolongation, désignée par la suite sous le nom de terre-plein, divisa le Pont-Neuf en deux parties, la partie méridionale se trouvant sur le petit bras de la Seine et se composant de quatre arches, la partie septentrionale, située sur le grand bras du fleuve, se composant de huit arches.

En 1775 on fit quelques réparations, on abaissa et on rétrécit les trottoirs. Les demi-lunes à l’aplomb des piles laissaient un espace vague, presque constamment remplies d’immondices. On y éleva des loges ou boutiques en pierre de taille et couvertes de voûtes. Ces vingt boutiques furent données par Louis XVI à l’académie de peinture. Après la Révolution, plusieurs de ces constructions devinrent des propriétés particulières.

Au-dessous de la seconde arche du Pont-Neuf, du côté du quai de l’École, Henri IV fit construire en 1602 par Jean Lintlaër une pompe qui devait fournir de l’eau au Louvre et aux Tuileries. Cette pompe, la première établie à Paris, devint un objet de curiosité pour les Parisiens. Le bâtiment, supporté par un pilotis, était décoré dans sa partie supérieure par des ligures en bronze doré représentant Jésus-Christ et la Samaritaine auprès du puits de Jacob. Au-dessus était un cadran et une horloge qui à chaque heure faisait entendre un carillon. Cette machine, conservée longtemps comme objet de curiosité, fut entièrement démolie en 1813.

L'ancien Pont-Neuf et la Samaritaine

L’ancien Pont-Neuf et la Samaritaine

Le succès du Pont-Neuf fut tel, que le public s’y donna rendez-vous et que bientôt ce fut la promenade favorite du beau monde. Il n’en fallut pas davantage pour que les charlatans et les voleurs s’y réunissent de leur côté. Dans ces circonstances, la bonne compagnie attire nécessairement la mauvaise, et les vices marchent du même pas que la vertu. Parmi cette foule de bateleurs qui cherchaient à vendre quelques drogues possédant des pouvoirs merveilleux, il en est un qui trouva le secret de se faire une réputation dans une baraque adossée à la place Dauphine. Le célèbre Tabarin attira bientôt tous les promeneurs ; chacun voulait admirer les prodiges de son esprit et témoigner du miracle de ses poudres, et cette admiration était bien justifiée par son programme.

Écoutons-le parler : « Il faut que je le confesse, sans philautie ou ostentation, mon baume est un des plus rares secrets que la Nature ait jamais découvert, tant pour les expériences qu’il en a fait paraître, tant à Paris qu’en autres villes de France où je l’ai distribué, que pour les événements et guérisons admirables qui en sont réussis, outre même mon attente. Il est très bon aux douleurs de tête, aux migraines, vertiges, ténébrosités du cerveau ; il est singulier pour le mal d’estomac, syncope, vomissements, palpitations, pour l’obstruction du foie, l’opilation de la rate, pour les fluxions, les sciatiques, etc. ».

Il faut croire que cependant maître Tabarin abusa de son pouvoir à tromper le public, car une ordonnance du parlement de Paris du 8 août 1634 défendit que les charlatans s’établissent désormais sur le Pont-Neuf ; et l’ordonnance fut exécutée pendant quelque temps. Mais le goût public fut plus fort que la loi, et l’on vit de nouveau les théâtres et les filous fréquenter le Pont-Neuf. Ces derniers surtout devinrent d’une audace extrême, et le jour ou la nuit le Pont-Neuf n’était point un lieu sûr où l’on pût se promener impunément. Les grands seigneurs ne rougirent même point de se mêler à cette foule de vauriens qui dévalisaient les passants. Ce scandale ne cessa que vers la fin du règne de Louis XIV, où le Pont-Neuf cessa d’être une foire perpétuelle.

La circulation des voitures dans Paris ayant acquis une dimension presque effrayante, l’autorité se préoccupa des voies de communication. Le pont des Tournelles fut abaissé et ses abords exhaussés, puis, au moyen de consoles en fonte, on l’élargit considérablement. Au milieu du XIXe siècle, l’habile ingénieur des ponts et chaussées, Paul de Lagallisserie, qui avait conduit si heureusement ces travaux de restauration, fut chargé par la ville de présenter un projet pour le Pont-Neuf. Ce projet approuvé, on procéda à l’exécution, et, par un ingénieux échafaudage, la circulation ne fut point entravée.

 
 
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