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Vieux métiers, métier ancien : histoire tailleurs, tailleur

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Métiers anciens / oubliés
Histoire des métiers, origine des corporations, statuts, règlements, us et coutumes. Métiers oubliés, raréfiés ou disparus de nos ancêtres.
Tailleurs. Boulay, tailleur du XVIIe siècle
(D’après un article paru en 1867)
Publié / Mis à jour le jeudi 14 janvier 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 

La corporation des maîtres marchands tailleurs d’habits, c’est ainsi qu’on les appelait en style officiel, était une des plus anciennes de Paris. A côté d’elle, non moins vénérable par son antiquité, vivait assez prospère la corporation des maîtres marchands pourpointiers, c’est-à-dire marchands de pourpoints. Ainsi, l’artisan qui faisait l’habit et celui qui faisait le pourpoint appartenaient à ceux communautés distinctes, entendez rivales.

On connaît la différence de l’habit et du pourpoint. L’habit était le vêtement extérieur qui couvrait le buste et descendait au-dessous de la ceinture, plus ou moins bas, selon la condition de la personne. Le pourpoint s’arrêtait à la ceinture ; c’était une espèce de veste, qui parfois n’avait pas de manches.

Furetière, à l’article du Pourpoint, dit que les tailleurs et pourpointiers se réunirent en vue de faire cesser les différends perpétuels qu’ils avaient ensemble, les pourpointiers prétendant que les tailleurs, qui n’étaient pas marchands, n’avaient pas droit de faire des fournitures, c’est-à-dire de vendre des étoffes pour les habits qu’on leur commandait.

Les tailleurs d’habits et les pourpointiers, en effet, se réunirent, l’an 1655, en une seule communauté, à qui on donna de nouveaux statuts. Il fut établi par ces statuts que l’inspection et la surveillance des travaux du métier seraient exercées un jour par semaine par quatre gardes jurés élus pour deux ans ; que chaque maître n’aurait à la fois qu’un apprenti, qui pourrait être reçu compagnon après trois ans d’apprentissage, et maître après trois autres années et l’exécution d’un chef-d’oeuvre. Toutefois, on convint qu’il ne serait jamais reçu que dix maîtres par an.

Maître Boulay, tailleur au XVIIe siècle. Dessin de Bocourt, d'après le Tailleur sincère.

Maître Boulay, tailleur au XVIIe siècle.
Dessin de Bocourt,
d’après le Tailleur sincère.

Les statuts confirmaient aux marchands d’habits et pourpointiers le droit de faire habit neuf ou de façon neuve, à l’exclusion de tous autres ouvriers. C’était très bien en paroles ; mais il n’était pas toujours commode en fait de prouver à un fripier qu’un vieil habit retapé est neuf par la façon, alors surtout que le fripier avait intérêt à ne pas se convaincre. Aussi les tailleurs eurent-ils avec les fripiers, sur la différence de l’habit neuf au vieil habit, des procès qui, dans l’histoire des corporations, sont restés célèbres par leur durée.

Boulay, dont nous donnons ici le portrait, était un des membres les plus importants de la corporation des tailleurs au dix-septième siècle. Son importance, du reste, est peinte sur sa figure. A son front carré, aux plis de ses sourcils, à sa tête un peu penchée, comme celle d’un homme qui regarde de haut en bas, on le prendrait pour un docteur de Sorbonne. Maître Boulay n’a peut-être jamais fait de thèse ; mais il a fait un in-folio, s’il vous plaît, et qui est intitulé : Le Tailleur sincère.

La figure que nous avons reproduite est tirée de son livre, dont elle formait le frontispice. Elle est encadrée (sur la gravure qu’on trouve aux estampes de la Bibliothèque impériale) dans une bordure ovale avec cet exergue : L’homme qui vit en espérance peut travailler en assurance ; en Dieu, Benoist Boulay a mis sa confiance. Au-dessous du portrait, on lit le quatrain suivant :

Levons-nous du matin et passons la journée
Dans l’honneste exercice où l’âme est destinée,
Et, consacrant à Dieu l’ouvrage de nos mains,
Sur ses divines loys réglons tous nos desseins.

Un tailleur qui ferait un livre aujourd’hui, ne l’ornerait certainement pas d’un pareil quatrain. Nous entendons autrement la réclame. On peut être d’avis, cependant, que de bonnes maximes ne sont déplacées nulle part.

Il est regrettable que nous n’ayons pas pu trouver le livre de Boulay. Il nous aurait sans doute, vu la date de sa publication (1671), renseigné minutieusement sur le changement qui eut lieu dans l’habillement des hommes vers 1670, ainsi que sur les us et coutumes des tailleurs, sur le prix des étoffes et des façons, etc.

Molière a introduit dans ses pièces, notamment dans le Bourgeois gentilhomme, des artisans de divers métiers, en donnant à tous ce trait commun, que chacun apporte dans l’exercice de sa profession un sérieux et une importance exagérés.

Sans doute, ce trait de nature humaine est vrai encore de nos jours ; mais on peut croire qu’il était plus accusé au dix-septième siècle que dans le nôtre. En regardant la figure de Boulay, on se rappelle involontairement celle du tailleur de M. Jourdain, qui est exactement du même temps : « J’ai chez moi, dit le Boulay de Molière, un garçon qui, pour monter un rhingrave, est le plus grand génie du monde, et un autre qui, pour assembler un pourpoint, est le héros de notre temps. » Voilà des propos qui s’assortiraient très bien avec la physionomie de notre homme.

Au reste, la scène à laquelle nous empruntons ce passage contient des renseignements qui méritent qu’on les regarde de près. Molière, en grand peintre qu’il est, retrace son époque jusque dans certains détails réels, qui échappent à une lecture rapide, et qu’on est bien étonné de trouver ensuite quand on relit avec attention.

Ainsi, M. Jourdain dit à son tailleur : « Vous m’avez envoyé des bas de soie si étroits que j’ai eu toutes les peines du monde à les mettre, et il y a deux mailles de rompues. Vous m’avez aussi fait faire des souliers qui me blessent furieusement. », Et le tailleur à son tour demande : « La perruque et la plume sont-elles comme il faut ? »

Est-ce que les tailleurs faisaient des souliers, des bas, des chapeaux ? Non, ils les fournissaient seulement à leurs pratiques, après les avoir achetés chez les marchands spéciaux. Ils entreprenaient la toilette complète ; et les gens qui tenaient à avoir bon air se laissaient habiller de la tête aux pieds par leur tailleur. C’était le seul moyen que toutes les pièces du vêtement fussent parfaitement assorties ; ce qui passait, sous Louis XV, pour le point essentiel aux yeux des élégants.

 
 
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