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Coutumes et traditions. L'heure à travers le temps

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Coutumes, Traditions
Origine, histoire des coutumes, traditions populaires et régionales, fêtes locales, jeux d’antan, moeurs, art de vivre de nos ancêtres
L’heure à travers le temps :
vie rythmée par le soleil et
division d’une journée en 24 heures
(D’après « La Nature », paru en 1916)
Publié / Mis à jour le mercredi 20 mars 2019, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 
 
 
Savez-vous que des siècles durant et bien avant la mise en œuvre du changement d’heure, nos ancêtres ont distingué « l’heure d’été » et « l’heure d’hiver », horam aestivam et horam brumalem, comme le disent expressément les auteurs latins ? Il ne faut point s’en étonner, car pendant longtemps le soleil demeura le souverain arbitre en matière d’horlogerie. Quant à la division du jour en deux séries de douze heures, elle nous vient des temps les plus reculés et résista à toutes les réformes que d’aucuns aspirèrent à lui faire subir.

On sait que deux fois par an seulement, au moment de l’équinoxe, la durée de la lumière naturelle est égale à celle de l’obscurité ; à toute autre époque, il y a inégalité, et cette inégalité se répercute dans la longueur des heures elles-mêmes, si, comme on le faisait chez les Romains, on divise d’une part le jour en 12 parties égales, d’autre part, la nuit en 12 autres parties égales, quelle que soit la durée respective de l’un et de l’autre. Les heures de jour pendant l’été étaient donc sensiblement plus longues que les heures de jour pendant l’hiver : le contraire avait lieu pour les heures de nuit.

Il eût été difficile qu’il en fût autrement à l’époque des cadrans solaires. Mais on est surpris d’apprendre que ce système persista jusqu’à la Renaissance : les horloges à poids existaient alors depuis longtemps et l’on était obligé de modifier tous les soirs et tous les matins leur balancier pour actionner plus ou moins rapidement leurs aiguilles.

Horloge Lepaute du Palais du Luxembourg à Paris

Horloge Lepaute du Palais du Luxembourg à Paris

Cette persistance s’explique : si nous cherchons aujourd’hui à éviter le travail de nuit pour économiser la lumière artificielle, nos ancêtres l’évitaient avec plus de soin encore parce que leurs chandelles manquaient d’éclat ; en hiver, les heures passaient plus rapides et sans s’en apercevoir ils besognaient plus vite ; avec la chaleur de l’été, l’heure semblait s’alanguir et donnait l’exemple de la paresse. Ce système n’empêchait pas les savants et médecins d’antan de se servir au besoin de l’heure moyenne ou heure équinoxiale, qui restait l’heure type.

Quand on eut cessé de régler les pendules à chaque lever et à chaque coucher de soleil, on n’osa pas mépriser complètement, comme nous le faisons aujourd’hui, les indications du roi des astres. Or, celui-ci, à cause de l’inclinaison de la Terre sur l’écliptique, ne met pas toujours le même temps pour revenir au même méridien : l’écart entre le « temps solaire » et le « temps moyen » varie de 0 à 16 minutes. Jusqu’en 1780 à Genève, jusqu’en 1792 à Londres, jusqu’en 1816 à Paris, on eut le respect du « temps solaire ».

Théoriquement, il fallait donc chaque jour donner un coup de pouce aux horloges ; pratiquement, on le faisait quand on avait à les remonter, ce qui amenait une grande confusion. Les mauvais horlogers en profitaient pour répondre à leurs clients mécontents : La montre est bonne, c’est le soleil qui a tort. « Peu de personnes, dit l’astronome François Arago (1786-1853), se contentaient de cette explication, que certaines taxaient d’impiété. » Par contre les bons ouvriers s’efforçaient d’imaginer des mécanismes capables de suivre les variations solaires. C’est ainsi qu’un membre de la célèbre lignée d’horlogers Lepaute inventa en 1780 une « horloge automatique » parfaite pour le méridien de Paris, et en 1806 une « horloge à équation » dont le cadran était mobile et qui fut couronnée à une exposition organisée sur le Champ-de-Mars.

Il y a donc seulement un peu plus de deux siècles que les aiguilles des cadrans parisiens tournent régulièrement sur leurs axes sans plus se soucier des fantaisies du soleil. Et c’est seulement à la fin du XIXe siècle que les aiguilles de province marquent midi au même moment qu’elles et non plus quand le soleil passait au méridien du lien : les heures locales cédèrent en effet la place à l’heure nationale en 1891. Mais à son tour l’heure nationale fut battue et chassée en 1911 par celle du fuseau horaire auquel la France est géographiquement rattachée, le fuseau de Greenwich. Il en coûta beaucoup à quelques patriotes de sacrifier ainsi 9 minutes et 21 secondes. Il convient à cet égard de savoir qu’un grand ministre français, Richelieu, avait, dès 1655, projeté l’unification de l’heure : une commission internationale, réunie par ses soins, décida d’adopter comme méridien étalon celui d’une île Canarie, mais l’état de la science fit avorter cette réforme hardie.

Attardons-nous maintenant sur l’usage de diviser le jour en deux séries de 12 heures et compter de 0 à 24. Cette bipartition remonte à l’antiquité égyptienne et nous amène à examiner dans le passé les divisions du jour en elles-mêmes et leurs dénominations variées. Chez les peuples primitifs, comme on le devine, aucune division mathématique ; seulement quelques termes vagues empruntés à la météorologie ou à la religion : Aurore, temps du sacrifice, heure du vent, début des veilles, etc. Dès l’invention du cadran solaire, le numérotage apparaît.

Un cadran solaire

Un cadran solaire

Les Babyloniens et les Chinois partageaient la journée entière en 12 fractions valant chacune deux de nos heures, les Hindous en 60 fractions ou « nadi », dont chacune se divisait en 60 « pala », lesquels se subdivisaient eux-mêmes en autant de « vipala ». L’Égypte nous a donné les 12 heures de jour et les 12 heures de nuit, dont les Grecs, avant de nous les transmettre, firent poétiquement de gracieuses divinités. Leurs horaï ouvraient et fermaient les portes de l’Olympe, attelaient les coursiers célestes, dansaient en chœur autour d’Aphrodite, présidaient à la naissance et au mariage des dieux.

Les Romains, recevant les heures, les militarisèrent au lieu de les poétiser : ils divisèrent le jour et la nuit en deux fois quatre parties de trois heures chacune ou « trihories », correspondant au temps de garde des sentinelles. Les trihories de la nuit s’appelaient 1re, 2e, 3e et 4e veilles ; les trihories du jour, anciennement dénommées mane, ad medium, meridie, suprema finirent par prendre le nom de l’heure avec laquelle elles commençaient : prime, tierce, texte et none. On sait que la liturgie catholique a conservé avec quelques modifications ce système horaire : elle distingue 7 heures canoniales, soit parce que le Psalmiste avait promis au Seigneur de chanter 7 fois par jour ses louanges, soit en souvenir des sept principales circonstances de la Passion :

« A Matines le Christ, qui des liens du crime
Dégage les pécheurs, est lui-même lié ;
Des plus sanglants affronts il est couvert à Prime,
Sous un arrêt de mort à Tierce humilié.
A Sexte sur la croix l’amour le sacrifie ;
A None de son sang un fer est arrosé ;
A Vêpres de la croix son col, est déposé ;
Au sépulcre il descend à l’heure de Complie. »

L’heure « militaire » des Romains n’a pas autrement prévalu puisque nous avons encore des jours de 24 heures. Est-ce définitif ? Il ne faudrait pas en jurer. La Convention nationale, en ordonnant l’unification des poids et mesures suivant le système métrique décimal, avait compris la mesure du temps dans cette grande et utile réforme. Son décret du 4 frimaire an II (24 novembre 1793) porte que le jour sera « divisé en dix parties ou heures, chaque partie en dix autres, ainsi de suite jusqu’à la plus petite portion commensurable de la durée. La centième partie de l’heure est appelée minute décimale, la centième partie de la minute... seconde décimale. »

Beaucoup de maires et de notaires rédigèrent les actes en se conformant à la nouvelle heure et des « horloges décimales » vinrent orner le fronton de plus d’une mairie. Mais la réforme n’entrait pas vite dans l’usage courant : on se lassa trop tôt et le décret du 18 germinal an III en suspendit « indéfiniment » l’application.

La lutte fut reprise avec vigueur en 1893 par un savant toulousain, J. de Rey-Pailhade, qui écrivit et provoqua des milliers d’articles sur la question. Il proposait de diviser le jour en cent cés, unité qui vaudrait 14 minutes 24 secondes et se subdiviserait en décicés (1 minute 1/2), en centicés et millicés.

 
 
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