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Pratique de la chasse par les rois mérovingiens et les Francs

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Coutumes, Traditions
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Chasse pratiquée par les
rois mérovingiens et les Francs
(D’après « La chasse à travers les âges », paru en 1898)
Publié / Mis à jour le jeudi 19 février 2015, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 
 
 
Les chroniqueurs du temps nous disent que les rois de la dynastie mérovingienne furent d’ardents chasseurs. Si plusieurs d’entre eux perdirent la vie à la suite d’accidents causés par l’abus de cet exercice, certains durent aux animaux de la forêt de leur « ouvrir les yeux »...

Clovis dut à la chasse sa victoire sur Alaric. Une biche poursuivie par des chasseurs lui aurait découvert un gué qu’il avait inutilement cherché. Ses fils et petits-fils héritèrent de ce goût national. Théodebert périt sous les coups d’un aurochs furieux. Chilpéric fut assassiné au retour d’une chasse, par le maire du palais Landri. Clotaire se fût noyé dans l’Aisne si l’un des chasseurs de sa suite, Authaire, ne l’eût retiré de la rivière. En 673, Childéric Il fut assassiné dans la forêt de Lagny pendant une partie de chasse.

Le bon roi Dagobert (629-639), quant à lui, s’y exerça dès sa première jeunesse et, malgré la chanson ridicule dont les veneurs du XIXe siècle s’emparèrent pour composer la fanfare du lapin, ce fut un grand roi et un chasseur illustre, qui mérite que nous apposions ici son sceau. Un jour, chassant un cerf, Dagobert vit tout à coup la meute s’arrêter, saisie de respect ; le roi voulut en connaître la cause ; on creusa la terre et on découvrit les ossements du martyr saint Denis. Le roi d’Austrasie, Dagobert II, fut assassiné le 23 décembre 679 en chassant dans la forêt de Woivre, non loin de Montmédy, par son filleul, le Frison Grimoald.

Dagobert chassant le cerf

Dagobert chassant le cerf

L’auteur des Moines d’Occident (tome II) mentionne un fait curieux pouvant servir à l’histoire du duel judiciaire, dont il paraît être le premier exemple connu. Gontran, fils de Clotaire, chassant un jour dans la forêt des Vosges, trouva les restes d’un aurochs qui venait d’être tué : son chambellan, accusé par le garde forestier d’avoir commis ce braconnage, demanda le combat judiciaire pour prouver son innocence ; il se fit remplacer par son neveu. Mais les deux adversaires s’étant entretués, Gontran fit lapider son chambellan. Une autre fois, le même prince fit subir la question à des nobles soupçonnés de lui avoir dérobé son cornet de chasse.

Les seigneurs francs suivirent l’exemple des rois. Aussitôt que leur âge pouvait le leur permettre, ils apprenaient à monter à cheval, poursuivant d’abord les petits animaux, ce qui, peu à peu, augmentait leur vigueur, les endurcissait à la fatigue et leur inspirait ce courage viril qui, dans les combats corps à corps des temps mérovingiens, décidait habituellement de la victoire.

Les Francs connaissaient dès cette époque la manière de démêler les voies et les traces des animaux, comme aussi celle de les attaquer et de les forcer à l’aide de chiens courants. L’historien de Childebert nous apprend qu’ « on découvrit dans les bois une bête très extraordinaire : c’était un buffle qui se tenait dans son fort. Le roi, très content de cette découverte, ordonne aux veneurs de faire pour le lendemain les préparatifs nécessaires, d’amener des chiens et de se procurer une ample provision d’arcs et de flèches. L’aurore ne paraissait pas encore, et déjà la troupe des chasseurs s’était mise en marche pour se rendre au fond de la forêt. A peine commençait-on à distinguer les objets, que chacun s’empresse à démêler d’un œil curieux les voies de l’animal. On découvrit enfin son gîte ; les chiens sont découplés, les veneurs le suivent, guidés par le cri des chiens. » Rien dans cette description n’est oublié. Nous assistons au rapport de la veille, puis au travail matinal des valets de chiens et des limiers, comme cela se pratiqua plus tard : la quête, le lancer, le laisser-courre, tout est décrit.

Olifant en ivoire de saint Hubert

Olifant en ivoire de saint Hubert

Sous les derniers rois mérovingiens, on ne parle plus des chasses royales ; cependant ce fut sous Clotaire III que naquit, vers 657, le célèbre patron des chasseurs. Arrière-petit-fils de Clovis et fils de Bertrand, duc d’Aquitaine, Hubert chassait, le jour du vendredi saint de l’année 683, un superbe cerf dans la forêt des Ardennes, entre Andain et Bouillon. Au moment de l’hallali, soudain l’animal se retourne du côté du chasseur : une croix lumineuse brille entre ses bois. Hubert tombe à genoux ; il entend une voix qui lui reproche de chasser le jour anniversaire de la mort du Sauveur, et l’engage à changer de vie. Après la mort de saint Lambert, Hubert lui succéda sur le siège épiscopal de Liège et mérita par ses vertus d’être placé sur nos autels. Transporté, après sa mort, à l’abbaye d’Andain, qui prit plus tard le nom d’abbaye Saint-Hubert, le corps du saint devint bientôt le but d’un célèbre pèlerinage.

Le roi carolingien Louis le Débonnaire l’inaugura par son exemple. Mais ce ne fut que deux cents ans après sa mort, au Xe siècle, que saint Hubert devint le patron des chasseurs et le grand guérisseur de la rage. La translation de son corps ayant eu lieu le 3 novembre 837, ce fut aussi le jour qui fut adopté par les veneurs pour célébrer avec pompe la fête de leur patron. Les moines de cette abbaye eurent une race de chiens célèbre, dite de Saint-Hubert ; chaque année, ils faisaient don au roi de France de ces chiens comme limiers.

Saint Hubert, par Albrecht Dürer

Saint Hubert, par Albrecht Dürer

Du Fouilloux nous en donne plus tard un type dans sa Vénerie. « Autrefois, dans les campagnes, dit Leverrier de La Contrie, à la chapelle du vieux manoir, ou au fond des forêts, sur l’autel en ruines élevé, par la piété d’un pèlerin ou d’un chasseur en péril, à saint Hubert ou à Notre-Dame des Bois, un clerc, lisant un missel enfumé, dépêchait la messe du bienheureux patron ; autour se pressaient les veneurs, debout et découverts, la trompe au col, le couteau de chasse à la ceinture, les valets tenant les limiers à la botte, les piqueurs contenant sous le fouet la docile impatience des chiens couplés. A la consécration, les trompes faisaient entendre la Saint-Hubert : à ce bruit tant aimé, les chevaux hennissaient, les chiens se récriaient.

« Cependant, le clerc bénissait le pain des veneurs qui devait, pendant l’année, préserver les chiens de la rage ; puis, quand la dernière prière s’envolait des lèvres, les veneurs étaient en selle et la chasse partait entraînante, avec ses voix pressées et confuses ; les chevaux dévoraient l’espace ; et le soir on disait les légendes naïves, les merveilleuses histoires ; on lisait les grands maîtres, le chevaleresque Gaston Phébus, le gai du Fouilloux, naïf conteur des mœurs de son temps ; c’était une belle fête que la saint Hubert. »

 
 
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