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Vieux métiers, métier ancien : histoire merciers, mercier

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Métiers anciens / oubliés
Histoire des métiers, origine des corporations, statuts, règlements, us et coutumes. Métiers oubliés, raréfiés ou disparus de nos ancêtres.
Merciers
(D’après un texte paru en 1908)
Publié / Mis à jour le mercredi 13 janvier 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 

On disait au Moyen Age : « Merciers, marchands de tout, faiseurs de rien ». C’était l’exacte définition de ce métier. Chaque artisan à l’origine vendait seulement ses produits : mais tous les métiers n’existaient pas en si grand nombre et avec la même importance dans chaque ville. Il était donc indispensable qu’il y eût des gens pour se charger de rassembler les marchandises les plus diverses et les mettre à la disposition des acheteurs. Mais les différents industriels veillaient jalousement à leurs privilèges, et de tout temps ils surveillèrent attentivement les marchands pour les empêcher de rien fabriquer.

Un mercier ambulant vers 1680. D'après Bonnard.

Un mercier ambulant vers 1680.
D’après Bonnard.

Ces marchands, qui servirent ainsi au Moyen Age d’intermédiaires entre le public et les fabricants, on les appela merciers. Ce mot, qui n’éveille pour nous que l’idée d’un petit commerce borné à quelques articles de lingerie, à quelques accessoires de toilette, et à quelques-uns des instruments nécessaires à la couture. Toutefois, le mot mercerie avait bien plus d’étendue ; il vient du mot latin merx, qui signifie tout ce qui se vend. Un mercier, c’était à l’origine un négociant en gros.

On distinguait deux sortes de merciers. D’abord ceux qui allaient au loin chercher les marchandises précieuses : ils se rendaient dans ces curieuses foires, où les marchands de tous pays se retrouvaient pendant quelques semaines et d’où ils revenaient dans leur patrie avec des mulets chargés de ballots. Puis il y avait les merciers sédentaires, qui recevaient des premiers les marchandises coûteuses ou qui commandaient aux fabricants de la ville où ils se trouvaient les objets dont ils avaient besoin.

La corporation des merciers est l’une des plus anciennes ; au XIIe siècle, en 1137, nous les rencontrons dans un acte où on leur concède un droit de place dans les halles de Champeaux. Comme tous les métiers tenant de près ou de loin à la mode, aux habits ou aux armures, les merciers eurent dès cette époque une importance exceptionnelle : les chapeliers de plumes de paon, si considérables et si en faveur, ne comptaient guère au prix d’eux ; cette prépondérance venait sans doute du fait que les merciers employaient un peu de toutes les matières précieuses, l’or, l’argent dans les orfrois et les bordures, les perles et les joyaux dans les broderies.

Les merciers parisiens étaient groupés sur la rive droite au Moyen Age ; les plus estimés se trouvaient, au XIIe siècle, rue Quincampoix, puis ils se rapprochèrent des Halles où, d’ailleurs, depuis le règne de Louis VII, ils possédaient une place fixe. Plus tard, quelques-uns passèrent l’eau ; de bonne heure, beaucoup d’entre eux s’installèrent au Palais de justice, dans la galerie qui faisait face à la cour d’entrée.

Au treizième siècle, ils vendent et fabriquent eux-mêmes, et comme les femmes peuvent travailler du métier, il y a des maîtres et des maîtresses, des apprentis et des apprenties. La fabrication porte sur les orfrois, merveilleuses applications de broderies sur soie, sur les bordures plus simples, les bourses, les bas, les menus objets de toilette brodés et ornés. Cette fabrication est très surveillée. Les merciers ne peuvent broder sur parchemin ou toile ; la soie seule est autorisée.

Les produits d’Orient, en général, étaient peu estimés ; on prohibait l’or de Lucques et de Chypre qui était un composé de soie et d’or ; on empêchait le mélange du vieux et du neuf, celui du fer avec l’or, et les quatre prud’hommes du métier avaient ordre de dépecer sans pitié tout ouvrage fabriqué contrairement à ces prescriptions. Une des préoccupations de ces gardes était d’empêcher l’emploi des perles fausses, vendues à profusion malgré les défenses, et dont l’application sur une broderie exposait à la destruction complète de l’ouvrage.

Marchand de rubans au XVIIe siècle, d'après une estampe du temps

Marchand de rubans au XVIIe siècle,
d’après une estampe du temps

Le Dit du mercier, petit poème composé spécialement sur ce métier, énumère longuement les objets mis en vente par les maîtres, et qui tous étaient des merveilles de richesse et de splendeur. Certaines statues de nos cathédrales attestent la réalité de ces descriptions ; celles du portail occidental de Chartres, par exemple, donnent une idée de la perfection des travaux de mercerie. Tantôt ces orfrois étaient quadrillés, diaprés, échiquetés comme un damier, tantôt ils étaient semés de cabochons, de perles, de saphirs fixés au galon.

A dire le vrai, c’étaient les gens d’église et non les laïques qui employaient le plus ces riches ornements. Les séculiers ne les cousaient guère qu’à l’encolure des bliauts ou des robes, car ils étaient lourds et se pliaient mal aux caprices des étoffes légères ; mais il n’en reste pas moins acquis que la consommation énorme de ces objets avait donné aux merciers une situation particulière parmi les corps de métiers.

Les statuts des merciers furent confirmés à diverses reprises. Ils avaient ce qu’on appelait le roi des merciers pour chef de la corporation, et ce chef accordait le brevet de maître. Après une assez longue durée, la charge de roi des merciers, ayant été supprimée provisoirement par le roi François Ier, fut rétablie par Henri III. En 1597, elle fut définitivement mise de côté par ordre de Henri IV. Quant aux statuts, d’abord énumérés dans Etienne Boileau, ils furent rappelés en 1407 et 1418, et imprimés au milieu du XVIIIe siècle.

Les maîtres vendaient alors un peu de tout, des dentelles, des galons, des étoffes, des broches d’or et d’argent, des toiles et des soies, même des lainages. Ils payaient leur maîtrise mille livres, et la corporation portait d’argent à trois vaisseaux dorés d’un soleil levant, ce qui était une ancienne flatterie au roi Louis XIV, de même d’ailleurs que la devise : « Nous te suivrons partout. »

Au XVIIe siècle, quand les communications devinrent plus faciles, et que des produits plus nombreux purent s’entasser dans la boutique des merciers, la mercerie se partagea en une vingtaine de spécialités, et on eut ainsi des marchands joailliers, des marchands quincailliers, des marchands papetiers, des marchands bimbelotiers, qui vendaient des jouets d’enfants. Mais tous ces négociants avaient besoin de faire précéder le nom du métier dont ils vendaient les produits du mot marchand pour rappeler qu’ils ne fabriquaient rien eux-mêmes, et se mettre ainsi à l’abri des procès que les industriels n’auraient pas manqué de leur intenter.

Magasin de nouveautés sous la Restauration

Magasin de nouveautés sous la Restauration

Au XVIIIe siècle, le plus célèbre des magasins de mercerie à Paris était le Petit Dunkerque, qui se trouvait au bord de l’eau, à l’angle du quai Conti et de la rue Dauphine.

Au XIXe siècle, l’équivalent des merceries d’autrefois furent les grands magasins de nouveautés. Mais, tandis que les merceries avant 1789 n’étaient le plus souvent que des boutiques sombres, les magasins de nouveautés étaient de vrais palais.

Au temps de Louis-Philippe, ils étaient encore petits et mesquins ; mais avec la fin du Second Empire, ils s’agrandirent ; des maisons comme le Louvre ou le Bon Marché, célèbres dans le monde entier, sont devenues, par suite du renouvellement constant de leurs marchandises et de leurs applications à suivre les mille changements de la mode, de véritables expositions permanentes.

 
 
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