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De Saint-Nicolas au Père Noël. Portrait, biographie, vie

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Personnages : biographies
Vie, oeuvre, biographies de personnages ayant marqué l’Histoire de France (écrivains, hommes politiques, inventeurs, scientifiques...)
Saint Nicolas au Père Noël (De)
(par Marie-Christine Brajard)
Publié / Mis à jour le mardi 5 octobre 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 

Saint Nicolas est fêté dans l’est (Lorraine et Alsace), le nord de la France, la Belgique, l’Allemagne, l’Autriche, les Pays Bas. Tous les 6 décembre, Saint Nicolas fait le tour de toutes les villes de Lorraine, précédé par son effigie en pain d’épices et en chocolat dans les confiseries et pâtisseries. Ils distribue des friandises aux enfants et se voit remettre les clés de la ville par le maire. Chars, défilés prestigieux, feux d’artifices... Saint Nicolas est une fête importante dans la vie culturelle de ses régions.


Saint Nicolas, dans son costume d’évêque fait équipe avec un personnage sinistre, le père Fouettard. Celui-ci, tout vêtu de noir n’a pas le beau rôle puisqu’il est chargé de distribuer les coups de trique aux garnements.

La Saint Nicolas est aussi l’occasion pour tous les petits Lorrains de recevoir des cadeaux trois semaines avant que le Père Noël ne passe dans les cheminées. Chaque année, Saint Nicolas et le père Fouettard visitent également les écoles maternelles en distribuant du pain d’épices et des oranges.

Il existe une multitude de personnages, qui entretiennent une relation plus ou moins évidente au christianisme, chargés de la distribution des cadeaux de Noël. En Italie les enfants reçoivent parfois les cadeaux de la "Befana" dont le nom provient vraisemblablement du mot "épiphanie".

En Allemagne et dans l’est de la France surtout en Alsace et en Lorraine, c’est Saint Nicolas, patron des enfants, qui apporte les présents. Dans ces régions la date du 6 décembre, fête de la Saint Nicolas, revêt autant d’importance, si ce n’est pas plus que Noël, le 25 décembre.

Qui est Saint Nicolas ?
Ce personnage de Saint Nicolas est inspiré de Nicolas de Myre, un évêque qui vécut dans la ville portuaire de Myre en Asie Mineure, au IVe siècle. Nicolas est né au IIIe siècle à Patare en Lycie, région appelée maintenant Turquie d’Asie. On dit que le jour de sa naissance il se tint debout dans le bain. Devenu grand, il évitait les divertissements et préférait fréquenter les églises.

Lorsque son oncle, l’évêque de Myre, mourut, une petite voix recommanda aux évêques assemblés pour désigner son successeur, d’élire celui qui entrerait le premier à l’église et se nommerait Nicolas. Dès lors, l’évêque Nicolas accomplit de nombreux miracles. Il sauva des matelots qui allaient se noyer. Il multiplia la farine pour préserver une région de la famine etc...

Il fut emprisonné puis tué aux temps des persécutions sous l’Empire Romain. Il serait décédé un 6 décembre 343. Pour cette raison, on célèbre la Saint-Nicolas le 6 décembre. On l’ensevelit dans un tombeau de marbre. On dit que de sa tête jaillit une fontaine d’huile et de ses pieds une source d’eau et que de tous ses membres, il sort une huile sainte qui guérit beaucoup de personnes.

Longtemps après la mort de Nicolas, les turcs détruisirent la ville de Myre. Or 47 soldats de Bari (Italie) y étant venus et quatre moines leur ayant montré le tombeau de Saint Nicolas, ils l’ouvrirent et trouvèrent ses os qui nageaient dans l’huile. Ils les emportèrent avec respect dans la ville de Bari.


Les reliques du Saint accomplirent de nombreux miracles en Italie. Elle protégèrent des voleurs, du diable. Elle sauvèrent de la noyade et ramenèrent à leurs parents les enfants perdus ou volés.

Quelques années après l’arrivée des reliques du Saint en Italie, un chevalier lorrain qui revenait de croisade passa à Bari. Il déroba un doigt du saint pour l’amener dans sa ville natale : Saint-Nicolas-de-Port. Bientôt des pélerinages importants furent organisés dans cette petit ville de Lorraine. Lorsqu’on priait Saint Nicolas, des miracles se produisaient. Des chevaliers enchaînés par les infidèles furent miraculeusement transportés devant le portail de l’église de Saint-Nicolas-de-Port et Saint Louis fut sauvé de la noyade.

Au fil des siècles la légende disparut peu à peu à l’exception d’un épisode conté par Saint Bonaventure au XIIIe siècle. Celle des enfants enlevés, tués, mis au saloir et sauvés par Saint Nicolas qui leur rendit la vie. Le décor ainsi que certains détails évoluèrent et l’épisode s’adapta progressivement à la région, pour entrer définitivement dans les mémoires lorraines. Déjà au Xe siècle ap. J.-C., il était vénéré en Allemagne et le 6 décembre on le fêtait comme patron des commerçants, des boulangers et des marins.

Depuis le XIIe siècle, on raconte que Saint Nicolas, déguisé, va de maison en maison dans la nuit du 5 au 6 décembre pour demander aux enfants s’ils ont été obéissants. Les enfants sages reçoivent des cadeaux, des friandises et les méchants reçoivent une trique donnée par le compagnon de Saint Nicolas, le Père Fouettard.

Selon les régions, Saint Nicolas apparaît soit comme un vieil homme gentil, soit comme un évêque digne, avec une crosse et une mitre. Dans la région de Hanovre et en Westphalie, on l’appelle aussi "Klas" ou "Bullerklas". C’est à lui que les enfants adressent leurs prières, se réjouissant de petits présents qui les attendent pour le 6 décembre. Au Pays Bas, on fête le 6 décembre de manière particulièrement solennelle.

D’après la légende, Saint Nicolas arrive d’Espagne en bateau pour distribuer des cadeaux aux enfants et c’est pour cette raison que la pâtisserie qu’on fabrique pour la circonstance s’appelle "Nikolaasgoed" ou "Klasfuss".

En Belgique et dans l’est de la France, pour le jour de la Saint Nicolas, on distribue aux enfants de grands pains d’épices en forme du Saint Evêque. Saint Nicolas défile dans les rues et distribue des bonbons aux enfants. Saint Nicolas est accompagné d’un personnage rude au visage noirci qui porte une baguette. Il est connu dans l’est de la France sous le nom de "Père Fouettard", qui distribue des verges.

Ce n’est qu’au XVIe siècle qu’on commença à parler du Père Fouettard. Qui est-il ? Il est né à Metz en 1552, lors du siège de la ville par les troupes de Charles Quint. Les habitants promenèrent l’effigie de l’Empereur à travers les rues, puis la brûlèrent. Ainsi, le Père Fouettard, serait dit on, Charles Quint.

Reconnu pour sa grande générosité, Saint Nicolas devint, au Moyen Age, le patron des petits enfants puis des écoliers. Le soir du 5 décembre les enfants laissent leurs souliers devant la cheminée ou devant la porte avec du sucre, du lait et une carotte pour la mule qui porte Saint Nicolas. Ils découvrent au matin du 6 décembre une multitude de sucreries, de friandises et de petits présents que Saint Nicolas a déposé à leur intention. La mule a mangé la carotte et Saint Nicolas a bu le verre de lait ou de vin que les enfants lui ont laissé.

Après le miracle des petits enfants à qui Saint Nicolas redonna la vie, bien d’autres miracles viennent alimenter sa légende. Tour à tour il combat le diable pour lui extorquer une âme ou sauver de la famine tous les habitants d’une ville. Sa renommée de bienfaiteur et dispensateur de cadeaux le fait particulièrement aimer des enfants.


La tradition rapporte que saint Nicolas de Myre s’est soucié du sort de trois jeunes filles de sa paroisse. Leur père, un noble appauvri, était sur le point de les vendre comme esclaves afin d’améliorer la situation familiale. Dans l’Antiquité, il n’était pas rare que la dot d’une jeune fille serve à subvenir aux besoins de ses parents et de la famille. Nicolas de Myre est considéré saint parce qu’il a su voir l’asservissement qui menaçait les trois jeunes filles. Il leur fit don de pièces d’or qui servirent de dot et leur permirent de retrouver la liberté. Le fardeau de la pauvreté ne les menaçant plus, chacune des jeunes filles put alors choisir son destin.

Dans le nord de la France une coutume veut que les garçons organisent une immense farandole et bombardent les filles de farine à la sortie des écoles. Se faire blanchir porte chance toute l’année. Le jour de la Saint Nicolas, les garçons reçoivent de leur famille des petites cartes, tout comme les filles le jour de la Sainte Catherine le 25 novembre. Saint Nicolas est le patron des jeunes hommes à marier. On dit que les célibataires qui fêtent leur trentième anniversaire portent la crosse de Saint Nicolas.

Comment est-on passé de Saint Nicolas au Père Noël ?
Après la Réforme protestante survenue au XVIe siècle, la fête de Saint Nicolas fut abolie dans certains pays européens. Les Hollandais conservèrent cependant cette ancienne coutume catholique. Ainsi, les petits Néerlandais continuèrent de recevoir la visite de Sinterklaas (saint Nicolas) la nuit du 6 décembre.

Au début du XVIIe siècle, des Hollandais émigrèrent aux États-Unis et fondèrent une colonie appelée New Amsterdam qui, en 1664, devint New York. En quelques décennies, cette coutume néerlandaise de fêter la Saint-Nicolas se répandit aux États-Unis. Pour les Américains, Sinter Klaas devint rapidement Santa Claus.

Ce donateur attentionné, représenté sous l’aspect d’un vieillard à barbe blanche portant un long manteau à capuchon ou parfois même des habits épiscopaux, demeurait néanmoins un personnage moralisateur. Il récompensait les enfants méritants et punissait les ingrats et les dissipés. Après plusieurs décennies, la société chrétienne trouva plus approprié que cette "fête des enfants" soit davantage rapprochée de celle de l’enfant Jésus. Ainsi, dans les familles chrétiennes, saint Nicolas fit désormais sa tournée la nuit du 24 décembre.

Dans l’Est de la France, le culte de Saint Nicolas et le pèlerinage à Saint-Nicolas-du-Port étaient très populaires dès le Moyen Age. Au XVIe siècle, les réformistes, pour détourner cette ferveur populaire, privilégièrent l’image du Christkindel, de l’Enfant Jésus. Au Canada, pour les francophones catholiques, c’était également l’Enfant Jésus qui venait garnir le bas de noël des enfants, la nuit du 25 décembre, alors que saint Nicolas s’occupait des petits anglophones. Le Christkindel et saint Nicolas resteront les deux principaux donateurs de cadeaux jusqu’au lendemain de la première guerre mondiale.

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