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Robert Courte-Botte. Portrait, biographie, vie et oeuvre du trouvère

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Personnages : biographies
Vie, oeuvre, biographies de personnages ayant marqué l’Histoire de France (écrivains, hommes politiques, inventeurs, scientifiques...)
Courte-Botte (Robert)
(D’après un article paru en 1835)
Publié / Mis à jour le lundi 8 février 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 2 mn
 

Les biographes n’ont parlé jusqu’ici de Robert Courte-Botte que sous le rapport politique. Aucun d’eux même ne paraît avoir su que, compagnon en chef des chevaliers qui partaient pour la croisade et chantaient eux-mêmes leurs exploits, Robert était poète et a composé des vers pour déplorer ses propres malheurs.

C’est pourtant ce qui l’a fait placer, ainsi que Richard Coeur-de-Lion, par les historiens de la vieille poésie, au nombre des trouvères. Robert II, duc de Normandie, plus connu sous le nom de Courte-Heuse, ou Courte-Botte, ou même Courte-Cuisse, était ainsi nommé parce qu’il avait une jambe moins longue que l’autre, et non, comme on l’a prétendu, parce qu’il s’en alla à la croisade avec des bottes trouées (houseaux). Avant d’être proclamé duc de Normandie, ce prince leva l’étendard de la révolte contre son père Guillaume-le-Conquérant. Ce serait à cette occasion, selon plusieurs érudits, qu’un partisan de son père aurait composé contre lui le roman de Robert-le-Diable.

D’après les Bénédictins, au contraire, la composition de ce livre daterait de la captivité de Robert (1106 à 1134), et aurait lieu pour flatter la haine de son frère Henri qui le retenait prisonnier. Ni l’une ni l’autre de ces deux opinions ne nous semble fondée. Une lecture approfondie du manuscrit de Robert-le-Diable ne nous a rien fait découvrir qui pût s’appliquer à Robert Courte-Heuse. D’ailleurs, si cette oeuvre remontait à une époque aussi éloignée que celle qu’on lui assigne, nos bibliothèques possèderaient probablement quelques-uns des exemplaires primitifs. Or, les plus anciens que nous ayons ne vont pas plus loin que le treizième siècle.

Devenu souverain de la Normandie à la mort de son père, en 1087, Robert ne put voir sans déplaisir le royaume d’Angleterre passer aux mains de son frère aîné, Guillaume-le-Roux. Il lui déclara la guerre, et chercha à exciter le mécontentement parmi les seigneurs de son obéissance. Quelque temps après néanmoins, les deux frères firent la paix et réunirent leurs armées pour assiéger le mont Saint-Michel, où s’était retiré un autre de leurs frères, Henri.

En 1096, à la sollicitation du pape Urbain II, Robert se croisa avec un grand nombre de princes chrétiens, et engagea son duché au roi moyennant la somme de dix mille marcs d’argent, afin de subvenir aux frais de l’expédition. Il se distingua à la bataille de Dorylée, le 1er juillet 1097, et à celle qui suivit, l’année suivante, la prise d’Antioche. Au siège de Jérusalem, il fit des prodiges de valeur, monta l’un des premiers à l’assaut, et lorsque les croisés, en récompense de son courage, voulurent le créer roi de la cité sainte, il refusa cet honneur. On choisit alors Godefroy de Bouillon. Les seuls prix que Robert Courte-Heuse rapporta de ses victoires, furent quelques drapeaux ennemis qu’il déposa lui-même dans l’église de la Trinité de Rouen, fondée par sa mère. C’est la chronique rimée des ducs de Normandie, qui rapporte ce fait.

De retour dans ses Etats, Robert, épuisé par les dépenses de la croisade, se vit obligé de fouler ses sujets et d’augmenter les impôts. Son frère Henri, qui à la mort de Guillaume-le-Roux, s’était emparé de l’Angleterre au détriment de Robert, sut profiter du mécontentement général. Vaincu et fait prisonnier le 27 septembre 1106, devant Tinchebrai, Robert fut conduit à son frère, qui l’envoya au château de Cardiff, dans le Glamorghan, forteresse bâtie par leur père Guillaume, en 1081.

Ce fut là que ce prince, en proie à tous les chagrins de la captivité, déchiré par le souvenir de son fils qu’il ne devait plus revoir, composa plusieurs pièces de poésies écrites en langue galloise. Celle que traduisons ici, d’après Edouard Williams, nous a paru touchante. Elle peint bien la tristesse du prisonnier. Le poète s’adresse à un chêne qu’il apercevait au loin sur le promontoire de Pénarth, qui domine le canal de Bristol.

LE CHÊNE DE PÉNARTH

Chêne né sur ces hauteurs, théâtre de carnage où le sang a coulé en ruisseaux ; Malheur aux querelles de mots dans le vin !

Chêne nourri au milieu de ces gazons couverts du sang de tant de morts ; Malheur à l’homme qui est devenu un objet de haine !

Chêne élevé sur ces tapis de verdure arrosés du sang de ceux dont le fer avait déchiré le coeur ; Malheur à celui qui se complaît dans la discorde !

Chêne sorti du milieu des trèfles et des plantes qui, en t’environnant, ont ralenti l’élévation de ta cime et le développement de ton tronc ; Malheur à l’homme qui est au pouvoir de ses ennemis !

Chêne placé au milieu des bois qui couvrent le promontoire, d’où tu vois les flots de la Saverne lutter contre la mer ; Malheur à celui qui voit ce qui n’est pas la mort !

Chêne qui as vécu au sein des orages et des tempêtes, au milieu du tumulte de la guerre et des ravages de la mort ; Malheur à l’homme qui n’est pas assez vieux pour mourir !

Robert Courte-Heuse mourut en 1134, après vingt-huit ans de captivité

 
 
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