LA FRANCE PITTORESQUE
LA TRAPPE
(Histoire civile, religieuse et
littéraire de l’abbaye de)
(par Louis-François Du Bois)
Publié le mardi 15 avril 2014, par Redaction
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Durant le premier siècle après sa fondation en 1140, l’abbaye de La Trappe dut bénéficier d’une population considérable. Puis les guerres civiles, l’invasion et l’occupation du couvent par une soldatesque désordonnée, la pauvreté et la dissipation, le relâchement qui peu à peu affaiblit le ressort des meilleures institutions, firent négliger outre mesure les règles sévères imposées par saint Bernard. Les religieux n’étaient plus que sept quand, en 1660, Armand-Jean Le Bouthillier de Rancé, abbé commendataire de La Trappe depuis 1637, résolut de remettre ce couvent sous l’étroite observance de la règle de Cîteaux.

Il passa donc un concordat le 17 août 1662 et obtint du roi, au mois de mai 1663, la faculté de posséder La Trappe en qualité d’abbé régulier ; le monastère ne fut dorénavant plus en commende, jusqu’au décret du 13 février 1790 qui supprima en France tous les ordres religieux. L’austérité qu’annonçait la réforme de Rancé remplissait d’épouvante et d’aversion les cœurs amollis et corrompus des moines qui reprochaient à leur abbé sa vie passée, ses mondanités connues, la dissipation de sa jeunesse et le libertinage de sa conduite. Á force de soins, de patience et de fermeté, il sut pourtant convaincre la plupart des religieux et, pour augmenter les moyens de l’abbaye, il lui céda une terre considérable dont il jouissait à titre d’abbé commendataire.

L’austérité de la règle de saint Benoît fut réintroduite : les privations furent augmentées, le travail régulier fut obligatoire, les œufs et la viande jusque-là tolérés furent interdits sauf en cas de maladie, les sorties furent supprimées. Pour bannir le siècle et ses fastes du cœur des religieux, on ferma les portes du cloître...

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