LA FRANCE PITTORESQUE
CLAIRFONTAINE
(Le village et l’abbaye de)
(par Edouard Michaux)
Publié le samedi 22 mars 2014, par Redaction
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Au centre d’une étroite clairière de l’immense forêt de Thiérache, sur le sommet d’un plateau qui, au Moyen Âge, formait la limite de la terre de France et du Pays wallon, jaillissait une fontaine dont les eaux étaient si merveilleusement limpides que les Gallo-Romains l’appelèrent Clarus Fons. Les fauves de toutes sortes venant s’y abreuver, il était rare que les pasteurs des villages voisins s’aventurent dans cette solitude si pleine de périls, malgré la succulence de l’herbe.

On raconte que, vers 1124, un homme pieux, nommé Albéric pour les uns et Ailbert pour les autres, obtint de Guy, puissant seigneur de Guise, la permission de s’établir dans cette partie de la foresterie de Wimy, avec quelques compagnons, pour y pratiquer la vie érémitique. L’abbaye nouvellement fondée et affiliée à l’ordre des prémontrés reçut de nombreuses donations qui comprenaient de plein droit l’abandon ou la vente de tous les serfs habitant le domaine donné et attachés à la glèbe. Les religieux trouvèrent ainsi les terrassiers, les maçons, les charpentiers et les artisans de tous genres dont ils avaient besoin pour leurs constructions et qui groupèrent leurs chaumières autour du nouveau monastère, créant le village de Clairfontaine.

Deux siècles de prospérité, grâce à la protection exceptionnelle que lui accordèrent les puissants seigneurs de Guise et d’Avesnes, conduisirent alors l’abbaye à son apogée. Puis subissant sans cesse des guerres funestes, les abbés n’eurent plus qu’un souci : défendre leur vie et celle de leurs religieux, exposée aux violences de la soldatesque, et soustraire à l’avidité de leurs ennemis les biens du monastère. Bien souvent ils durent fuir à travers les bois, avec la population du village...

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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