LA FRANCE PITTORESQUE
Antipathies (Singulières)
(D’après un article paru en 1833)
Publié le mardi 12 janvier 2010, par LA RÉDACTION
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Henri III ne pouvait demeurer seul dans une chambre où il y avait un chat. Le duc d’Epernon s’évanouissait à la vue d’un levraut. Le maréchal d’Albret se trouvait mal dans un repas où l’on servait un marcassin ou un cochon de lait. Vladislas, roi de Pologne, se troubalit et prenait la fuite quand il voyait des pommes.

Erasme ne pouvait sentir le poisson sans en avoir la fièvre. Scaliger frémissait de tout son corps en voyant du cresson. Ticho-Brahé sentait ses jambes défaillir à la rencontre d’un lièvre ou d’un renard. Le chancelier Bacon tombait en défaillance lorsqu’il y avait une éclipse de lune. Bayle avait des convulsions lorsqu’il entendait le bruit que fait l’eau en sortant d’un robinet. Lamothe le Vayer ne pouvait souffrir le son d’aucun instrument, etc.

Tous ces exemples semblent prouver que, de même qu’il est des entraînements involontaires vers certaines choses, il est aussi des répugnances qui paraissent le résultat de l’organisation, et peuvent passer pour invincibles. Rien n’est plus commun que de voir des personnes d’un caractère assez ferme d’ailleurs, s’effrayer ou souffrir en voyant certains insectes, ou en entendant certains sons, tels que le gémissement du liège que l’on coupe, du verre sur lequel on fait glisser le doigt. Il faut toutefois distinguer parmi ces impressions celles qu’on peut vaincre avec une forte volonté, et en les bravant à dessein pendant quelque temps.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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