LA FRANCE PITTORESQUE
15 juin 1458 : procès du duc d’Alençon
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Publié le vendredi 14 juin 2013, par Redaction
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Fils et petit-fils de deux princes, dont l’un périt à la journée de Crécy, l’autre à celle d’Azincourt, Jean II, duc d’Alençon, surnommé le Beau, avait lui-même combattu vaillamment pour la France. Né en 1409, il avait été fait prisonnier à la bataille de Verneuil, en 1424 ; captif pendant quatre années, il ne recouvra la liberté qu’en payant aux Anglais une rançon de. trois cent mille écus d’or ; et cependant on l’accusa un jour d’avoir traité avec ces mêmes Anglais, et de s’être engagé à leur ouvrir les portes du royaume.

« Peut-être, dit Mézeray, comme quelques-uns l’ont cru, c’était qu’il portait avec trop de chaleur le parti du dauphin (depuis Louis XI), qui était son filleul. Ce qui donna occasion au roi (Charles VII ), fort jaloux et susceptible de mauvaises impressions contre les grands, de perdre le duc. « Venu à Paris pour voir le monarque, il fut arrêté par le comte de Dunois, le jour de la Fête-Dieu. D’abord, il repoussa vivement les faits qui lui étaient reprochés : il en argua de faux toutes les preuves. Mézerai lui prête un discours assez éloquent, dans le quel se trouvent des arguments spécieux.

« Mais enfin, ajoute l’historien, ou par la force de sa conscience, qui ne pouvait plus retenir ses crimes, ou par l’avis qu’il eut que l’intention du roi était de le rendre coupable, et qu’il n’y avait pas d’autre moyen de fléchir sa colère que de s’humilier, il changea tout d’un coup de dessein, et en avoua beaucoup plus qu’on ne lui en demandait. Sur cette confession, les pairs le déclarèrent criminel de lèse-majesté et déchu de l’honneur de pair de France, et ils le condamnèrent à la mort, et ses biens furent confisqués ; mais l’exécution en fut remise à la volonté du roi, lequel commua la peine de mort en une prison perpétuelle, le fit emmener à Loches, où il demeura enfermé jusqu’au règne de Louis XI. Quant à ses terres, il les saisit toutes, hormis le comté du Perche, qu’il laissa à ses enfants pour la considération du duc de Bretagne, oncle du duc d’Alençon. »

Sous le règne de Louis XI, ce dernier ayant eu des intelligences avec Charles le Téméraire, fut condamné, par un second arrêt, rendu en 1474, à peine de mort, commuée encore en prison indéfinie, au Louvre, où il resta dix-sept mois. Le roi lui rendit la liberté en 1475,et il mourut l’année suivante. Son premier procès avait offert le premier exemple d’un prince du sang condamné à mort par le roi siégeant dans sa cour des pairs ; il y avait eu sur cette forme de procédure, ainsi que sur plusieurs autres, délibération préalable du Parlement, à la requête de Charles VII.

Le fils du duc d’Alençon, encore plus malheureux que son père, éprouva, de la part de Louis XI, les persécutions les plus cruelles, relativement à sa personne, à ses titres et à ses biens. Arrêté, il fut enfermé à Chinon dans une cage de fer pendant trois ans, avant d’être jugé par le Parlement, déclaré coupable de désobéissance et recommandé à la clémence du roi. Néanmoins, il n’obtint que de Charles VIII la restitution de ses titres et de ses domaines. Il mourut le 1er novembre 1492.

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