14 juin 1674 : mort du poète Marin Le Roy de Gomberville

Marin Le Roy, sieur de Gomberville, fut un des premiers académiciens français, dans le temps de l’institution. Il est auteur des romans de Polexandre, de la Cytherée, de la Jeune Alcidienne : c’était lui qui se piquait d’une grande aversion pour le mot car, et qui s’applaudissait de ne l’avoir pas employé une seule fois dans tout Polexandre. On eut la patience de vérifier le fait, et on trouva que ce mot, par la force de la nécessité, avait échappé trois fois à l’auteur.

On a de lui un assez bon Traité de la manière d’écrire l’histoire : on lui doit l’édition des Mémoires du duc de Nevers ; la traduction d’une Relation de la rivière des Amazones, du jésuite d’Acuna. Son livre de la Doctrine des Mœurs, tirée de la Philosophie des Stoïques, représentée en cent tableaux, et expliquée en cent discours, a été autrefois recherché pour les figures : les discours sont obscurs et diffus ; les vers placés au bas de chaque tableau ont quelquefois de l’harmonie. En voici un qui est beau : « Le larcin n’est pas fait, mais le crime est commis. »

Le tableau au bas duquel se trouve ce vers représente des hommes pleins de cupidité dans le cœur, qui passent à côté de vases remplis d’or et d’argent sans oser y porter la main, parce que Némésis les suit : ce vers est le dernier, et malheureusement ceux qui le précèdent sont détestables.