LA FRANCE PITTORESQUE
4 juin 1826 : mort de madame Manzon
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Publié le dimanche 2 juin 2013, par Redaction
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A quoi tient souvent la renommée ? Une femme se trouve dans un lieu plus que suspect, au moment où un crime horrible s’y commet, et la voilà célèbre ! On sait que là où probablement elle venait chercher le plaisir, elle a vu égorger un homme. On sait qu’un mot de sa bouche peut indiquer les auteurs du forfait, et pendant plus d’une année la France entière la suit avec une inquiète avidité dans le bizarre système de dénégations, de demi-aveux, de rétractations et d’impostures, dans lequel se complaît cette femme mystérieuse.

Enfin, placée elle-même sur le banc des accusés, elle parle, et renverse l’échafaudage mensonger élevé par elle dans des Mémoires dont sept éditions furent rapidement enlevées. Alors on reconnaît que la terreur a pu seule l’empêcher de nommer à la justice les assassins du malheureux Fualdès.

A l’issue de ce procès, qui fait époque dans les fastes judiciaires, Mme Manzon vint à Paris pour y exploiter la curiosité publique ; c’était le moyen de la faire cesser. En effet, la romanesque héroïne de Rodez rentra dans la classe vulgaire, du moment où, pour faire sa connaissance, il suffit de se présenter chez elle et d’acheter ses nouveaux Mémoires. Privée d’un éclat qu’elle devait au scandale, Mme Manzon ne songea plus qu’à l’expier dans l’obscurité d’une vie chrétienne. La mort la surprit à Paris au milieu de ses pieuses occupations.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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