LA FRANCE PITTORESQUE
27 mai 1564 : mort de Calvin
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Publié le dimanche 26 mai 2013, par Redaction
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Jean Calvin, né en 1509 à Noyon, avait à peine vingt-six ans, qu’il commença à dogmatiser sur un plan qui différait de la doctrine de Luther, principalement en ce qu’il niait, non seulement comme lui la transsubstantiation, mais la présence réelle dans le sacrement de l’autel, abolissait la hiérarchie, et supprimait toutes les cérémonies de l’église comme des superstitions.

Il avait eu, dès l’âge de seize ans, la cure de Marteville, qu’il permuta deux ans après pour celle de Pont-l’Evêque, qu’il garda près de cinq ans. Deux fois curé, il ne fut jamais prêtre : ce désordre, ce relâchement scandaleux dans la discipline de l’Eglise, doit être compté parmi les principales causes qui favorisèrent les progrès du protestantisme dans le seizième siècle.

Le livre des Institutions chrétiennes, que Calvin osa dédier à François Ier, lui fit beaucoup de prosélytes. Il ne se bornait pas aux travaux du cabinet ; il allait répandre le poison de sa doctrine dans toutes les campagnes, prêchant dans tous les villages ; et le seigneur de Linière, qui prenait plaisir à l’entendre, disait : « Du moins celui-ci nous dit quelque chose de nouveau. »

Calvin, voyant les bûchers s’allumer en France pour les novateurs, passa en Allemagne, où il parut aux diètes et aux conférences, mais où il fut toujours effacé par Luther, dont il modifiait la doctrine, et dont il détestait la tyrannie, n’étant pas moins tyran lui-même. Il lui fallait un empire particulier, il s’en fit un à Genève ; mais ayant voulu changer trop brusquement des rits auxquels on tenait encore par habitude, et ayant fait manquer la Cène à Pâques, par son obstination à ne vouloir point d’hosties, il fut obligé de se retirer à Strasbourg, où il épousa Idelette de Burre, veuve d’un anabaptiste ; il en eut un fils qui mourut jeune. « Mais combien me reste-t-il d’enfants dans toute la chrétienté ! » disait-il dans la suite.

Comme il lui était resté un grand parti à Genève, il y fut rappelé ; bientôt son crédit y fut dominant ; il donna seul à la religion de Genève, sa forme définitive ; il en régla la doctrine et la discipline ; il eut aussi la plus grande influence sur le gouvernement civil, et l’on sait avec quelle atrocité il en abusa. Cet homme, qui étant poursuivi en France, avait écrit contre les intolérants, ne fut pas plutôt le maître à Genève, qu’il soutint qu’on devait brûler Servet pour des opinions folles sur la Trinité ; il fit aussi trancher la tête à Perrin, citoyen distingué de Genève, qui avait osé le contrarier dans quelqu’une de ses réformes.

Calvin livra la France aux furies, sous les règnes faibles de François II et de Charles&nbsp IX ; il y alluma la guerre civile comme Luther l’avait allumée en Allemagne. La conjuration d’Amboise, le massacre de Vassy, la bataille de Dreux, l’assassinat du duc de Guise, François, et ses suites, furent les fruits de sa doctrine et de ses intrigues ; en un mot, il fut la première cause de toutes ces horreurs qui désolèrent si longtemps la France, et auxquelles on mit le-comble par le massacre de la Saint-Barthélemy.

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