En la cathédrale Saint-Pierre et dans la salle somptueuse du palais de Poitiers, c’est le jour de l’un des mariages les plus fracassants de l’Histoire, en vérité un remariage, puisque la duchesse d’Aquitaine, Aliénor, il y a peu encore reine de France — son mariage avec le roi Louis VII n’a été annulé qu’en mars, prend un nouvel époux.

Ce nouvel époux est un beau jeune homme de 20 ans à peine, cependant qu’Aliénor en a plus de 30. Avant de se remarier avec ce Henri Plantagenêt, elle avait envisagé d’épouser son père, Geoffroy. Mais celui-ci était mort subitement pour s’être baigné dans le Loir, un peu trop froid. Faute de père, elle épouse donc le fils, attirée sans doute avant tout par la position des deux hommes, celle de duc d’Anjou.

Aliénor d’Aquitaine. Gravure du XIXe siècle

Le jeune Henri, dans la foulée, va postuler à la succession du défunt Etienne d’Angleterre. Il va battre l’armée du roi de France et va devenir, en 1154, roi d’Angleterre sous le nom d’Henri II. De sorte que son épouse, après avoir été reine de France, devient reine d’Angleterre : on peut dire que c’est un cas unique dans l’histoire des deux pays.

Dans cette alliance, c’est tout l’ouest de la France actuelle, du Cotentin jusqu’aux Pyrénées, qui bascule dans le camp de la couronne d’outre-Manche. Il est dit que les battements de cœur d’Aliénor auraient des conséquences pour l’Histoire aussi phénoménales que, jadis, ceux de Cléopâtre. Plus tard, elle mènera la révolte des princes d’Angleterre contre son cher Henri II.

Franck Ferrand
Europe 1
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